• QUAND - DE - LÀ...

    viennent des ennuis.

    http://www.youtube.com/watch?v=KxZJScDABsc&feature=related

     

    Comme chaque année, à la fête de Toussaint (et parfois aux autres), notre famille, enrhumée et au grand complet, se rendait à « la ville des 10 000 églises et à la centaine de théâtres » pour honorer nos aïeuls vivants et actifs, et ceux, qu'y reposaient en paix.

    Ce jour, maman mettait sa vieille fourrure de nutria, ragondin, car le 1er novembre était le moment propice (début des gels) pour l'aération de ces braves bêtes, stockées toute l'année dans des armoires et protégées par des boules de naphtaline, ainsi que pour faire baver le monde féminin.

    L'odeur dans notre Trabant 600 était si dense, qu'à l'arrivée à Cracovie, à 80 km. de distance, nous suffoquions.

    Cela s'avérait, tout de même, très bénéfique car les chandelles qui nous pendouillaient des nez, desséchaient rapidement et nos muqueuses nasales reprenaient leurs dimensions d'origine.

    Ainsi il fallait faire des nombreux arrêts en vue d'assainir l'air ambiant et stopper les haut-le-cœur intempestifs qui se manifestaient chez mon frérot et moi. 

    ... Il y avait également ces fameuses bougies de la Trabant 600 à « langer » régulièrement...

    En fait, je crois, que nos haut-le-cœur n'étaient pas seulement dûs à l'empoisonnement « atmosphérique » mais plutôt au stress...

    Au stress de voir et écouter la voiture toussoter - kof, kof, - accompagné d'un juron de mécontentement de mon père : « Cholera jasna, jeszcze raz ?! I właśnie teraz... ... ...! »

    («  Biséricorte, edcore ud fois et juste baindenant »... comme s'il y avait de quoi s'étonner), qui craignait de se brûler encore les mains, -

    calamar 2

    ET,

    de vivre, de près et en direct, ma Grand'mère, - la marâtre de ma maman qui assumait, par ailleurs, très bien sa fonction au sein de ma famille car c'était une femme acariâtre...

    Exactement comme l'autre, la punaise, l'ignoble mégère qui harcelait cette pauvre Cendrillon, pâle et chétive...

    http://www.youtube.com/watch?v=tbHzA9xDyco

    Bon, Cendrillon était un peu candide, voir un peu conne en se laissant manipuler par tout le monde. Même sa Fée Marraine, à la fin, l'avait lâchée en l'obligeant à revenir absolument pour minuit, si non...

    Et voilà ! Si don, quoi ? Des benaces ! (je les ai entendues toute ma jeunesse, et me suis obstinée à ne jamais perdre la moindre godasse, même pas un tong (les tongs s'appelaient « Vietnamki » car selon les Polonais, les asiatiques qui les portaient étaient tous des Vietnamiens - jamais compris pourquoi. Etait-ce dû à la promotion américaine de jadis ?).

    Autoritaire, moustachue, couverte de « poireaux qui piquent » et autres disgracieux reliefs dermatologiques, cette veuve d'un officier polonais « disparu » à Katyn (où ? où ? - on ne voulait pas m'en donner de détails), avait disposé, toute sa vie précédente, de nombreux serviteurs et autres domestiques, et lorsqu'elle n'avait plus de « boys » autour d'elle, elle assujettissait tout ce qui bougeait dans son royal entourage, même des cactus qu'elle cultivait avec passion...

     

     cactus 2

    Les longues années heureuses qu'elle coulait en douce auprès de mon Grand Père, - placide et extrêmement gentil, - lui ont été sûrement assurées par la présence de ce dernier et de maman - la bonne à tout faire, comme une Cendrillon.

    NB. Maman de son état civil (déjà mariée) ne perdait plus idiotement ses chaussures ...

    Le venin avidement cumulé dans son épiderme, et l'adrénaline sécrétée et libérée continuellement par ses glandes rénales, lui a permis de vivre 97 ans. C'est beaucoup, non ?

    Pourtant il ne s'agissait pas d'une « femme de tête », loin de là, ni d'une lettrée, ni de quelqu'un conservé par la stimulation permanente de ses neurones « facilement renouvelables », comme c'était notre cas.

    Quoi que : elle cochait quotidiennement les grilles des multiples jeux de hasard, tels que Totolotek, Lotto, Lajkonik et autres jeux. A mon avis donc, elle devait bien s'y connaître en nombres et en chiffres. Comme moi en sudoku, en quelque sorte.

    Le seul point commun que nous partagions : nos jeux respectifs ne nous rapportaient absolument rien puisqu'on ne gagnait jamais !

    Grâce à la haine débordante et stress de jeux de hasard, elle restait éveillée et constamment mécontente.

    Son physique suivait le mental : il était à couper le souffle, de peur, à une petite fille comme moi, et, d'amour tendre, dans le cas de mon Grand Pa' : cheveux teints en rouge, les ongles vernis d'un carmin profond et le rouge à lèvres très rouge. Ce dernier, le pauvre, se forçait à contourner désespérément les fjords de ses rides situées en dessous de sa moustache, c'est-à-dire,  autour de sa bouche crispée, fine et pincée. Il aspirait à s'y figer une fois pour toutes et pouvoir y rester sans bouger pour ne pas se faire engueuler... (les restes de poils de sa moustache, quotidiennement épilée, formaient une auréole de couleur violet profond).

    Je n'aimais pas nos embrassades car elle piquait comme un fil barbelé et par tous ses moyens : les poireaux s'y ajoutaient aussi...

    - Viens iciii, ma chèrrrrrr-iiiiiiiii-eee, dis bonjour à ta babcia (mamie) ! Mais, tchiï viens, enfffiiin !!! criait-elle en me couvrant d'hématomes et autres suçons, qu'elle devait sans doute juger affectueux...

    Dans la Trabant 600, à bougies défaillantes sans cesse noyées, noyés également, dans les gerbes de chrysanthèmes préalablement acquises, nous visitions les nombreux cimetières en rendant hommage à chacun de nos proches que je ne  connaissais pas...

    J'adorais sentir la cire des bougies me couler sur les doigts...

    Ca picotait à peine mais ça brûlait tout de même pas !

    J'aimais jouer avec... Les allumer, puis éteindre...

    Même, par inadvertance générale, le vieux manteau de fourrure de maman s'y était emmêlé et avait légèrement cramé ...

    Heureusement il n'était pas « flambant neuf ».

    Par contre, je n'aimais pas celles de la Trabant 600, ni ma Grand'mère, et j'éprouvais un dégoût absolu face aux cierges et chandelles qui pendaient des nez rouges et refroidis.

    Des chandelles vertes (rappel : grüniol, en silésien ou autres śpik z nosa, en polonais) qui avaient pris l'habitude de sortir, plus ou moins, en même temps que les manteaux de fourrure.

     ... A l'époque...     

    http://www.youtube.com/watch?v=KcO58KPH08g


    votre commentaire
  • PARFOIS, ACCENT - TUE !

    cyrylica

     

    ... me disait (médisait) cette langue, à moi, médusée et aux émois....

    Et comment pourrait-on la maîtriser ?

    Les débuts de l'apprentissage s'avéraient plus que compliqués.

    Le caractère de la prof de russe, madame Jagoda, se montrait, lui aussi, incompréhensible.

    D'une cinquantaine d'années (les autres disaient 36), elle était constamment fourrée dans les multiples épaisseurs de ses chandails. Plus tard nous apprîmes qu'elle était native de Sibérie, où, comme tout le monde le sait, les vrais sibériens n'ont jamais froid...

    Ses petits yeux bruns et espiègles sortaient timidement - rien d'étonnant car elle se produisait en public et en Pologne - de l'envergure de son gigantesque moherowy beret (béret en laine) camouflant les lacunes relatives à sa coiffure.  

    Le reste de son accoutrement essayait de suivre tant bien que mal, et plutôt mal que bien, ses galbes et ses multiples coussinets.

    Les bas nylons de couleur noirs, « vomissaient des escabeaux  filants... »

    Les dents de devant (au premier étage), tachetées de rouge à lèvres, sortaient de sa bouche en guise de sommation : « Vot, gare à vous, dourakis ! » (barjots). Un peu comme chez les mérinos...

    merinos 2

    L'ensemble de son corps était couvert de doukhi (parfums) de roses (acquis lors de son dernier minitrip à Batoumi, en Crimée, il y a 20 ans), servant à nébuliser l'atmosphère tropicale, dense et humide de la classe et anesthésier n'importe quel auditoire non averti...

    En plus, la nature l'avait dotée d'une voix aigue et perçante qui correspondait à celle de son totem animalier. 

    Chahuteurs quotidiens, nous avions appris (dans les éclats de rire à faire pipi de joie) que la langue russe paraissait le mieux au travers des airs d'opéra ?!

    Comme l'italien d'ailleurs !

    Ce dialecte slave, mélodieux et « juteux » en prononciation, cachait le pire : son accent tonique.

     http://www.youtube.com/watch?v=OzqWAN1lWGY

    Il était libre (lui) et mobile (lui), et au lieu de choir là, où il fallait (en polonais - avant dernière syllabe, en français, fastoche - la dernière) il changeait son emplacement à tort et à travers, suivant les déclinaisons ou les conjugaisons.

    Et pire encore : après l'enseignement secondaire, les paufs' Russes devaient les connaître par cœur car aucun écrit publié ne les marquait plus...

    Remarque : Quoi que... Plus tard, je les avais tout de même aperçus dans les œuvres de Lénine (49 volumes, en original), ce qui ne faisait que me confirmer, que les apparatchiks comms, issus des 260 millions d'autres ressortissants russes, n'avaient pas nécessairement, tous, l'accès à un enseignement supérieur.

    Dirais-je plus : beaucoup craignaient d'évoluer autrement...

    Et en ce qui concernait ce petit accent ' de rien du tout - notre beuglement de joie commençait lorsque, par une mauvaise application de celui-ci, le mot devenait autre.

    Par exemple, le verbe « écrire » ou « peindre » - pisat' - писать - qui, par rapport au placement de l'accent tonique, et mobile comme une puce, sur la première ou dernière syllabe, changeait de sens pour signifier : pisser...

    Ben oui, mérinos oblige !

    Et là, je m'arrête aussi...

    D'écrire (pour aujourd'hui) et je laisse tous ces mérinos en paix...


     


    votre commentaire
  • ...ET - COL - BLANC ?

    http://www.youtube.com/watch?v=b_eS9wiH91w

     

    Lorsque j'ai appris à lire « Les Contes des Mille et une nuit » et compter ses chapitres jusqu'à dix, par un beau premier septembre, je me suis retrouvée en tenue de combat pour entamer mon aventure scolaire tant attendue...

    Un cartable en carton ciré, neuf, un worek na papućki (sac à pantoufles pour ne pas abîmer les parquets de l'école), des « papillons » en nylon dans les couettes et, obligatoirement, un mundurek szkolny (uniforme scolaire) en tissu satiné noir, tranché par un kołnierzyk blanc (col blanc, amidonné comme le papier bristol pour faire joli).   

    Ce détail vestimentaire blanc était l'objet d'un arrachage quotidien en guise de représailles, et du règlement fréquent et rude des multiples litiges dans la cour de recréation.

    Si le mundurek, par sa texture et sa nature commode et fidèle aux écoliers, acceptait efficacement les spitures d'encre en les camouflant, le kołnierzyk, plutôt offusqué trahissait immédiatement et d'une façon flagrante les « différences d'opinions » intra scolaires.

    kleks1

    Le choix de l'école était simple : la régionalisation imposait un établissement scolaire le plus proche du domicile de l'élève. Et puisque l'enseignement était le même partout, il n'y avait aucune différence... visible...

    Les « sales gosses » - « Princesses et Cow-boys », dodus et joufflus de comms au pouvoir, parfois, fréquentaient « d'autres écoles » et y étaient conduits avec la voiture de fonction de leur père, nous laissant ainsi sur notre faim dans l'irrésistible plaisir de l'arrachage de leurs kołnierzyki, et plus : cassage de leurs sales bajoues à eux...

    Nos classes étaient surpeuplées - rien d'étonnant car les futurs ingénieurs et licenciés (mgr de magister, en abréviation titulaire) étaient très nombreux.

    A cette époque, la génération issue des foyers ouvriers, modestes et populaires devait devenir quelqu'un, mais rarement aspirer à un quelconque poste de ministre.

    On disait : en Pologne lorsque on jette une pierre derrière soi, elle tombera sur un chien ou un ingénieur...

    Quant aux Princesses et Cow-boys Roses et Joufflus, le contraire se produisait : ils assimilaient difficilement les matières imposées à l'école, ne supportant pas la moindre remarque ou les consignes de la part des enseignants, apeurés et soucieux de bien manoeuvrer pour ne pas tomber dans la disgrâce laquelle, au mieux, se résumait à un éloignement de prof rebelle dans un milieux tout à fait rural...

    Plus tard, le premier groupe d'élèves assidus s'attachait au verbe « être » (et aux « mundurki » tachés d'encre) : je suis universitaire, je suis docteur en économie, je suis stomatologue, je suis honnête...

    Le second (n'ayant de goûts prononcés que pour les cols blancs), insistait sur le verbe « avoir » : j'ai une villa, une datcha à la montagne, j'ai une grosse voiture, j'ai le droit, j'ai quelqu'un bien placé...

    Et parfois suivi de : j'ai cinq ans avec sursis (malgré les efforts considérables de Maître Zając  - lire Zayontz).

    Les huit années de l'école primaire sont passées en un clin d'œil.

    Je représentais notre école aux championnats de natation, d'athlétisme et, à la fin j'ai emporté la première place dans un concours de biologie parmi une centaine d'écoles.

    Je me rappelle encore du sujet de ma « thèse » : « Différences anatomiques entre un organisme unicellulaire  - Euglena Zielona  (Euglène verte) et un multicellulaire, - un lapin »...

    J'ai certainement réussi cette compétition parce que personne à mon âge ne voulait s'en charger...

    En natation encore mieux : j'emportais les 800 m. papillon car j'étais seule dans cette catégorie. Au pire, j'étais la deuxième... 

    J'ai appris également la langue russe (comme une grande et sans pleurer !), laquelle faisait partie de l'enseignement obligatoire à côté des reines telles que les maths, la langue polonaise et l'histoire.

    Passionnant !

    Ainsi, enfin, j'avais trouvé une ouverture sur le monde des comms et je ne devais plus me fier à des traductions miteuses.

    Dorénavant, je pouvais les entendre, leur parler, les lire...

    Fastoche, pensais-je à l'âge de 12 ans...

    Cependant, les choses se gâtèrent car lorsque j'avais remplacé toutes les lettres latines dans un mot polonais par les cyrilliques : - ca-ta-strophe - cela ne donnait rien ! Et kurdemol ! (saperlipopette), ça ne marchait pas... en donnant ceci :

    "Дзисяй порозмавямы о погодзе" - brgh, nul !

    Pourtant : Dzisiaj porozmawiamy o pogodzie - était correct!

    "Сегодня поговорим о погоде" - disait l'institutrice...

    Aujourd'hui nous parlerons de météo - pour les francophones...

    Mystère !

    ?! On me cacherait quelque chose ? Il fallait encore apprendre ? Mais quoi ?

    Pour pouvoir prononcer les discours (traduits) tellement décevants, monothématiques, nuls dans leur contenu, et vêtus d'un glossaire plus que basique, - quelques heures d'apprentissage de russe suffisaient largement !

    Eh, nooooon...

    Je me suis aussitôt mise à éluder cette énigme linguistique ainsi que la confection de cols blancs.


    votre commentaire
  • TELLE - EST - VISION - D'EUX

    Ce seul, et unique, programme national de la télévision polonaise était soumis à la censure la plus stricte (CPS).

    Pas de religion, pas de propos incohérents et/ou visant le régime comm et ses fervents « diététiciens », pas de scènes érotiques, pas de victoire (ostentatoires) d'une femme sur l'Homme...

    Sans trop y réfléchir, nous avions constaté que d'abord il y avait un Homme - Chasseur Vaillant Taciturne et puis, une Femme  - Cueilleuse Gloutonne Loquace. 

    Et la vision (sans télé) de la femme par Aristote était déjà décrite dans « Histoire des Animaux », 638 b. (Heureusement, en son temps...) :

      « La femme est moins musclée, avec les articulations moins prononcées ; elle a aussi le poil plus fin dans les espèces velues et, dans celles qui ne le sont pas, ce qui en tient lieu. Les femelles ont aussi la chair plus molle que les mâles, les genoux plus rapprochés et les jambes plus maigres. Leurs pieds sont plus menus, chez les animaux qui en possèdent. Les femelles ont toujours la voix plus faible et plus aiguë, chez tous les animaux qui ont de la voix, sauf chez les bovins : chez ces derniers, les femelles ont la voix plus grave que les mâles. Les parties conçues naturellement pour la défense, cornes, ergots et autres, appartiennent dans certains genres aux mâles, mais non aux femelles. Dans quelques genres, ces parties existent chez les uns et les autres, mais elles sont plus fortes et plus développées chez les mâles »

    Cette observation nous avait été assez rapidement confirmée avec l'arrivée du film  « Et Dieu... créa la femme » (il n'a rien trouvé de mieux...) de Vadim avec sa BB, - à poil, - parait-il.

    Franchement je ne comprenais rien car tout ce qu'il y avait de distinctif chez cette femme nous était grossièrement coupé par les préposés à la censure (PC), lesquels devaient fameusement se rincer les yeux...

    Nos spectateurs polonais n'ont jamais vu le moindre nichon de BB, la moindre parcelle de sa nudité célébrissime si ce n'est un pouce, un orteil, une coude ou un pied nu - pointure 38..., et lorsqu'elle s'apprêtait à prendre une position, plutôt,  horizontale avec Jean-Louis Trintignant, - nous la revoyions sitôt débout et habillée, à ânonner une autre chose et avec quelqu'un de tout à fait différent que dans la scène précédente.

    Ainsi, la durée des films importés  des pays KK - comme ça se lit (kraje kapitalistyczne) - dépassait rarement 45 min., tant il y avait des scènes à liquider...

     Il y avait aussi des feuilletons polono-polonais assez réussis et non soumis à la censure rigoureuse (NSCR).

    « Czterej pancerni i pies » (« Quatre tankistes et un chien ») était de loin le préféré de tous.

    http://www.youtube.com/watch?v=b6uLE5jBqBA

    Beaucoup d'humour derrière la ligne de front de la seconde guerre mondiale à travers l'amitié d'hommes, rudes et courageux, et Charik, - ce berger allemand (au tournage : manque de goût ou de races ?), adopté par les coéquipiers du char « Rudy » (« Le roux »)...

     Les films, quant à eux, étalaient les grands moments historiques de la Pologne, telle l'adaptation cinématographique de la célèbre trilogie de Henryk Sienkiewicz, « Pan Wołodyjowski » - « Messire Wolodyjowski », « Ogniem i mieczem » - « Par le fer et par le feu », « Potop » - « Le Déluge », transposant de manière panoramique les années de lutte acharnée des Polonais contre l'envahisseur mongolo tatar, audacieux et taciturne, ou le suédois, plutôt maritime et bavard... 

    Et voilà un jour, une belle soirée télé en perspective : trois heures de film NSC (non soumis à la censure), - première partie de cette trilogie, « Messire Wolodyjowski .

    Tous les quatre, nous nous retrouvions en une grappe serrée dans le living de 3 x 3,5 m. ce qui gênait déjà Tygrys.

    Vu l'exiguïté de la pièce, toutes les heures, il fallait ouvrir la fenêtre car l'émotion et la surpopulation y réunie rendait l'air vicieux. 

    Avec maman, nous nous émerveillâmes sur le physique harmonieux d'un héros mongolo tatar, Asïa Toukhaï-Beï, le rôle étant incarné par Daniel Olbrychski, un jeune comédien prometteur...

    Tygrys ne l'appréciait guère car ce dernier n'était ni physiquement garni, ni réussi comme John Wayne, et de plus il était roux à la peau claire... (un Tatar ?)

    Alors mon père, en bayaaaaant ostensiblement, provoquait des courants d'air intempestifs en se rendant fréquemment aux toilettes, comme s'il avait abusé de herbata z cytryną (thé avec citron)...

    Visiblement, Olbrychski avait sur lui un effet purement diurétique. L'atmosphère qui s'y dégradait doucement virait franchement vers l'infecte, voire le délétère!

     Et lorsque ce beau mâle asiatique fut enfin capturé, tout allait encore bien car il voulait se reconvertir au christianisme... Personne ne soupçonnait que... Nooooon !

    Tygrys, ayant déjà lu cette œuvre de Sienkiewicz, et au comble de l'irritation, avait, perfidement, commis le pire qui se résumait au chuintement digne d'une vipère du Gabon saturé d'une vengeance tant attendue :

    - « O, o ! Pas la peine de s'agiter ainsi ! De toute façon votre rouquinet se fera empaler d'ici 10 minutes !  Et c'est bien fait pour lui ! Ajouta-t-il en bayant bruyamment. 

    Effectivement, - 7 minutes plus tard, - Asïa Toukhaï-Beï, notre "Rouquin Palot", succomba à un empalement sauvage, suivi d'un écartèlement (Et... non Censuré)...

     C'était injuste - ce supplice du pal, il ne méritait pas... lui...

     Pensions nous tous les trois, en nous couchant dans notre chambre, - fraîche et accueillante...

    BB


    votre commentaire
  • TELLE-EST-VISION 

     

    Tout a une fin,  les vacances aussi...

    Et nous prîmes la route vers la maison.

    C'était l'année où, l'Homme marcha sur la Lune, et chez nous, Władysław G., sur des oeufs... poussé hors de son orbite par une nébuleuse naissante, le Camarade Edward G. (autre G.)  

    Afin de figer convenablement cet événement dans notre mémoire, la Pologne avait connu un véritable boom de vente de téléviseurs.

    La Terre entière voulait voir ce qui se passait sur la Lune.

    Et puisque cette fois-ci il s'agissait des Américains, certains génies de l'aéronautique de Baïkonour, ainsi que les satellites de l'URSS, abandonnèrent momentanément l'idée de scruter leurs propres étoiles, rouges, et suivre les autres, les filantes (le fruit des limogeages) - s'attendaient à voir le pire...

    Comme dans cette blague amusante et universelle à coller à n'importe lequel constructeur des navettes spatiales, et surtout, plus tard, aux Français...:

     « - Sais-tu compter jusqu'à dix, mon petit Vania (Ivan), demande l'institutrice. Vas-y ! J'écoute :

    - Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix...

    - Bieeeen ! Et en décomptant ?

    - Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un... et meeeerde... (déception)

    - Encore une fois ?

    - Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un... et meeeerde... (déception-irritation)

    - Mais enfin, Vania, ce quoi ce gros mot, hein ? Je veux m'entretenir avec ton père ! Qu'est-ce qu'il fait ? Où travaille-il ?

    - Il est ingénieur aérospatial à Baïkonour... » 

     Influencés par la ruée générale, nous avons aussi acquis un poste de TV, « Nefryt », d'origine russe. 

    Lorsque le Grand Marcheur, tout de blanc vêtu, posa son « après ski » sur le globe lunaire... (jusqu'à la ça va, me disais-je), je m'inquiétais déjà, si dans notre téloche il n'y aurait pas un « déviateur-saboteur d'images » transformant cet événement en un trébuchage sec et grotesque...

    A la grande déception de quelques uns, personne n'avait chu...

    Plus tard il apparu même, que personne ne s'y soit jamais rendu, non plus.

    Cependant, là, dans notre poste russe, tout s'était déroulé à merveille. Na !

    L'immense téléviseur occupait la place centrale de notre living, la tanière de Tygrys, et c'était de là que venaient très souvent les hurlements de supporteurs de foot, accompagnés de : Vas-y, vas-yyyyyyy, vas-yyyyyyyyyy, cymbale jeden ty ! (ô le bredin, t'es unique dans ton genre !). T'as su, quand même, apercevoir le but dans le fond de l'écran, non ? Myope !

    Ou...

    le bruit d'une fusillade meurtrière et sans pitié entre les bons, - les cow-boys (blondinets) et les mauvais, - les Indiens basanés (maman préférait ces derniers car les flèches  faisaient moins de bruit...).

    Ou, alors ?

     „Tou rou rou, tou rou rou, tam, tam tam tam tam tam tam tam tam...

    Sapristi ! „Le Saint" !!!

    Avec ce sacré Roger Moore en question et en beauté virile... (maman, pourtant, s'émerveillait de « Dr Kilder » car Richard Chamberlain, lisse et charmeur, lui convenait sans doute mieux... Moore était un précieux macho - comme, finalement, beaucoup de saints...). 

    Tous les mouchards, qui gambadaient dehors entendaient tout de suite et de loin, le célèbre générique du feuilleton à la mode, s'échappant en parfaite polyphonie des centaines de balcons entrouverts.

    C'était un appel au retour à la maison en quelque sorte.

    Chaque jeudi (mon mari, lui, c'est au bistrot qu'il va le jeudi avec ses joyeux acolytes).

    Le reste de semaine nous tuions les soirées à discutailler et à refaire le monde sur base du morceau vu récemment.

    Nous bénéficions d'un seul et unique programme national.

    Les drames psychologiques et sociaux russes qui, à défaut d'être franchement marrants ou moyennement ambitieux, ne nous faisaient que rire, les films à la gloire et la vaillance téméraire des peuples combattants les Nazis lors de la seconde guerre mondiale, incitaient à réfléchir...

    Le programme était agencé et préalablement planifié.

    Les speakerines, en tenues de sages collégiennes, annonçaient en ânonnant « des clous de programme » qui se suivaient, suivaient...

    Jusqu'à l'aube car il y avait beaucoup des choses à montrer.

    Souvent, elles se plantaient, épuisées par ce rôle, au vu de toute la Pologne, comme par exemple dans le titre du film avec BB.,  « Gładka skóra » (traduction du titre assez éloignée et farfelue de l'original dont je ne connais la version française), à savoir « Une peau lisse ». Prononcé, en insistant qu'il s'agirait bien de BB. qui crèvera l'écran, « Głaskać kura » - ce qui signifie plus populairement : caresser le coq - le sexe masculin...

    La carrière la plus risible était celle de « lecteur - doubleur ».

    Les films, en version originale, dont la bande sonore était fortement réduite pour que les paroles de stars connues deviennent inaudibles, étaient entièrement lus par un préposé au doublage.

    Les traductions de l'anglais vers polonais se faisaient en toute vitesse et d'une façon approximative (parfois imposée par les comms) et ne correspondaient que rarement au « message personnel » du  réalisateur du film

    Maman était toujours offusquée, car la voix, douce et suave de Grace Kelly, par exemple,  était habituellement remplacée par le petit ténor monocorde, s'endormant à la fin, d'un lecteur toujours au masculin qui, à force de s'impliquer dans l'action et pris d'émotion, confondait ses feuilles de lecture et les scènes du film.

    (Voici un exemple de "quadrilage" : doublage en deux langues... Hélas...)

    http://www.youtube.com/watch?v=0pr_mpUTLJ4

    Néanmoins, c'était infiniment plus réaliste que les discours soporifiques  de Władysław G. et de toute une pléiade des autres, oscillant autour de son axe céleste.

    Indubitablement, l'Homme, le Mâle, ce Grand Marcheur ou le Lecteur s'immisçait non seulement dans le monde des étoiles du ciné, mais il régnait aussi dans le Cosmos...

    A l'exception, de la Princesse Rainier... pensa maman avec une certaine amertume, en collant très fort son oreiller en duvet d'oie couvert d'une taie en pilou contre son oreille pour ne plus rien entendre...

     Le Saint... qui aimait les femmes

    http://www.youtube.com/watch?v=0n6hyLBaJwY&feature=PlayList&p=59546B76D0C0AA3A&playnext_from=PL&playnext=1&index=1

    SWIETY

     

    et un autre... qui les aimait moins...

     

    st thomas


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique