• Gastronomie basique

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       Le goût particulier pour la couleur rouge avait fait que, depuis le plus jeune âge, je m'obstinais à me confectionner mes « kanapki dziewczynki » (tartines de fillette), - des immenses tartines en forme de plateau à bière Tyskie, emprisonnant quelques tomates* maladroitement rondellisées et parsemées d'oignon « finement » haché.

       En remettant une tartine sur l'autre en plus de ce fourrage, la bête était encore plus grosse, plus épaisse, ce qui ne facilitait nullement une morsure convenable de la petite bouche contenant une dizaine de dents, à tout casser,  dont quatre, pivotaient et pendouillaient dangereusement, accrochées à la gencive comme des morpions. Blancs. 

       Au moins, cette tartine était correctement juteuse et le contenu et le pain ramolli glissaient adroitement entre les dents sans les arracher. Elle remplaçait aisément les quotidiens « étouffes chrétiens » me présentés par ma mère, née et élevée dans l'amour débordant et dans un foyer modeste. Elle appliquait ses repas « light » à chaque fois quand elle était contrariée par un ou une silésienne.  Elle se vengeait, alors, de leur cuisine grasse et gluante en la baptisant « coronarienne ». Ses tartines étaient remplies d'un vilain fromage blanc de vache (les vaches doivent se mordre les sabots et croiser les pis), twarozek : sec par sa volonté, rêche par son manque d'humour et virginalement blanc par sa nature insipide. Parfois, l'association de ce fromage blanc (fuj !) avec les tomates donnait de résultats assez satisfaisants.

    - Et alors, avale ! C'est du calcium. Les enfants ont besoin de ça pour grandir. Qu'est-ce qu'il y a ? Arrête de faire la difficile !

    - Fa gonfle affreuvement, me plaignais-je, les yeux exorbités, évitant à tout prix qu'un frottement quelconque puisse traîtreusement orienter un morceau rebelle sur une dent prête à quitter mon moi. 

       Un jour, pour me distraire et pour ajouter une valeur esthétique à cette denrée quelconque et hélas, quasi quotidienne, j'ai découvert le monde merveilleux de drapeaux nationaux. Rouge, tomate - blanc, twarozek...Ou blanc, twarozek - rouge, tomate : Monaco...

    - C'est quoi ça ? C'est aussi un pays à transition communiste ?

    - Noooon ! C'est le pays d'adoption de Grace Kelly...

      

       C'est en disposant d'un petit marteau de mon frère, une étoile et un fragment d'oignon arrondi pour faire encore plus joli... je suis tombée sur le drapeau russe...

    Pur hasard.

    Puis le chinois.

    Et puis une centaine d'autres, mais avec de la ciboulette. Ca devenait compliqué. Les nations étaient nombreuses dans ce monde...

       J'ai constaté avant tout, que dans tous ces drapeaux, l'usage des tomates était prédominant ! Il en fallait vraiment beaucoup. Et attention, ma conclusion : ce fruit pouvait aussi se retourner aisément contre certains... Tak, tak !

       Quant à twarozek... il n'y figurait que sporadiquement : on dirait que le blanc n'était pas à la mode ou trop salissant ? (plus je jouais, son blanc virait au gris).

    Autant qu'un dérivé de produit laitier il avait de fortes chances de rentrer dans la composition de tartes... et par alliance ou abstraction, de celles à la crème.

    * à l'époque, disponible uniquement en guise de consolation lors de mes fréquentes  angines blanches. J'aimais aussi le jambon, mais il n'était destiné à garnir la table qu'à Noël et à Pâques. Parfois j'essayais d'avoir une angine entre ces périodes pour goûter les deux...

    ... à suivre attentivement la chanson proposée et lire son résumé.

    http://www.youtube.com/watch?v=82bBMxNF9AE


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  • Curiosité juvénile


       A un an (taille : 0,80 m., environ, tour de poitrine : d'une crevette grise), je suis allée, pour la première fois, avec mes parents, à la campagne car il fallait fuir la pollution industrielle, disait Maman, issue d'une ville de 10 000 églises et d'une centaine de théâtres.

       Malgré leurs nombreuses mises en garde, j'ai me suis aussitôt précipitée à explorer de près cet endroit délicieusement interdit, surtout jamais vu et puant à merveille : une porcherie.

       Ne sachant pas très bien (et pourquoi devais-je le savoir) à quoi servait une chevillette placée sur la petite porte juste à ma taille, j'ai tiré d'un coup sec, et me suis trouvée en un clin d'œil en dessous d'un troupeau de cochons ivres de liberté et désireux de faire plus ample connaissance avec ce bizarre petit sac mou mal langé, et totalement incongru dans leur espace. Une créature qui est venue goûter de près leur gadoue à eux !?

       A ce moment précis, couchée ventre en l'air (soumission ?) et enfoncée comme un clou dans la boue commune, j'ai eu un puissant déclic. Ca y est : je ne ferai plus confiance et fuirai tout ce qui ressemblera aux porcins et qui aura les yeux rouges.

       Cela m'avait permis d'éviter efficacement l'adhésion à tout mouvement à « repérage par tags », aux mots clés correspondants aux : troupeau, porcins, yeux rouges...

       C'est comme la fin de l'histoire de « La chèvre de Monsieur Seguin »... Le pauvre caprin insouciant et rebelle et assoiffé de liberté gisant par terre avec sa robe souillée de sang... Pchip, pchip - c'est d'une tristesse... mais il faut mériter sa liberté, non ?

    COCHONS2

    (Pssst : J'attire votre attention sur le drapeau rouge et blanc...)


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  • Tu accoucheras dans la douleur...

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     Mon mal-être polonais, pour moi, avait débuté un 1er mai.

     Les fanfares, les œillets rouges qui se rajoutaient aux voix essoufflées du peuple chantant l'Internationale (Boj to jest nasz ostaaaatni, krwawy skonczy sie truuuud, gdy zwiaaazek nasz braaaa-tni ogaaarnie ludzki rod...) et épuisé par le trimbalage à tour des rôles des portraits hors mesures de dirigeants communistes, avaient sans doute déclenché les premières contractions d'une grossesse à terme de ma maman.

    http://www.youtube.com/watch?v=KymgJPVQphk

     J'étais née sur les "terres" appartenant à la plus grosse brasserie de Pologne (dont je m'abstiens dévoiler le nom mais c'est la meilleure...). J'étais baignée dans l'eau, (jalousement coupée à tout bout de champs par la même brasserie) qui s'écoulait d'une nappe phréatique géante. La brasserie et la nappe existent encore.

    Ensuite, durant 26 ans et en première loge, je savourais le démocratisme socialiste ou le socialisme démocratique fortement teinté de rouge, débordant et à taches, grâce à la présence de nos voisins géographiquement proches.

    Et même des lointains...

     

     gozdzik


     



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  •  Pologne profonde...

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     Je commence par décrire ma découverte d'autrui et de la confiance en soi... et en Pologne - dans un pays où, il y a quelques années à peine, l'homme voyait très loin et la femme un peu moins... mais elle le suivait.

    bob 2

     

    


     


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