• Pologne:Et col-blanc?

    ...ET - COL - BLANC ?

    http://www.youtube.com/watch?v=b_eS9wiH91w

     

    Lorsque j'ai appris à lire « Les Contes des Mille et une nuit » et compter ses chapitres jusqu'à dix, par un beau premier septembre, je me suis retrouvée en tenue de combat pour entamer mon aventure scolaire tant attendue...

    Un cartable en carton ciré, neuf, un worek na papućki (sac à pantoufles pour ne pas abîmer les parquets de l'école), des « papillons » en nylon dans les couettes et, obligatoirement, un mundurek szkolny (uniforme scolaire) en tissu satiné noir, tranché par un kołnierzyk blanc (col blanc, amidonné comme le papier bristol pour faire joli).   

    Ce détail vestimentaire blanc était l'objet d'un arrachage quotidien en guise de représailles, et du règlement fréquent et rude des multiples litiges dans la cour de recréation.

    Si le mundurek, par sa texture et sa nature commode et fidèle aux écoliers, acceptait efficacement les spitures d'encre en les camouflant, le kołnierzyk, plutôt offusqué trahissait immédiatement et d'une façon flagrante les « différences d'opinions » intra scolaires.

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    Le choix de l'école était simple : la régionalisation imposait un établissement scolaire le plus proche du domicile de l'élève. Et puisque l'enseignement était le même partout, il n'y avait aucune différence... visible...

    Les « sales gosses » - « Princesses et Cow-boys », dodus et joufflus de comms au pouvoir, parfois, fréquentaient « d'autres écoles » et y étaient conduits avec la voiture de fonction de leur père, nous laissant ainsi sur notre faim dans l'irrésistible plaisir de l'arrachage de leurs kołnierzyki, et plus : cassage de leurs sales bajoues à eux...

    Nos classes étaient surpeuplées - rien d'étonnant car les futurs ingénieurs et licenciés (mgr de magister, en abréviation titulaire) étaient très nombreux.

    A cette époque, la génération issue des foyers ouvriers, modestes et populaires devait devenir quelqu'un, mais rarement aspirer à un quelconque poste de ministre.

    On disait : en Pologne lorsque on jette une pierre derrière soi, elle tombera sur un chien ou un ingénieur...

    Quant aux Princesses et Cow-boys Roses et Joufflus, le contraire se produisait : ils assimilaient difficilement les matières imposées à l'école, ne supportant pas la moindre remarque ou les consignes de la part des enseignants, apeurés et soucieux de bien manoeuvrer pour ne pas tomber dans la disgrâce laquelle, au mieux, se résumait à un éloignement de prof rebelle dans un milieux tout à fait rural...

    Plus tard, le premier groupe d'élèves assidus s'attachait au verbe « être » (et aux « mundurki » tachés d'encre) : je suis universitaire, je suis docteur en économie, je suis stomatologue, je suis honnête...

    Le second (n'ayant de goûts prononcés que pour les cols blancs), insistait sur le verbe « avoir » : j'ai une villa, une datcha à la montagne, j'ai une grosse voiture, j'ai le droit, j'ai quelqu'un bien placé...

    Et parfois suivi de : j'ai cinq ans avec sursis (malgré les efforts considérables de Maître Zając  - lire Zayontz).

    Les huit années de l'école primaire sont passées en un clin d'œil.

    Je représentais notre école aux championnats de natation, d'athlétisme et, à la fin j'ai emporté la première place dans un concours de biologie parmi une centaine d'écoles.

    Je me rappelle encore du sujet de ma « thèse » : « Différences anatomiques entre un organisme unicellulaire  - Euglena Zielona  (Euglène verte) et un multicellulaire, - un lapin »...

    J'ai certainement réussi cette compétition parce que personne à mon âge ne voulait s'en charger...

    En natation encore mieux : j'emportais les 800 m. papillon car j'étais seule dans cette catégorie. Au pire, j'étais la deuxième... 

    J'ai appris également la langue russe (comme une grande et sans pleurer !), laquelle faisait partie de l'enseignement obligatoire à côté des reines telles que les maths, la langue polonaise et l'histoire.

    Passionnant !

    Ainsi, enfin, j'avais trouvé une ouverture sur le monde des comms et je ne devais plus me fier à des traductions miteuses.

    Dorénavant, je pouvais les entendre, leur parler, les lire...

    Fastoche, pensais-je à l'âge de 12 ans...

    Cependant, les choses se gâtèrent car lorsque j'avais remplacé toutes les lettres latines dans un mot polonais par les cyrilliques : - ca-ta-strophe - cela ne donnait rien ! Et kurdemol ! (saperlipopette), ça ne marchait pas... en donnant ceci :

    "Дзисяй порозмавямы о погодзе" - brgh, nul !

    Pourtant : Dzisiaj porozmawiamy o pogodzie - était correct!

    "Сегодня поговорим о погоде" - disait l'institutrice...

    Aujourd'hui nous parlerons de météo - pour les francophones...

    Mystère !

    ?! On me cacherait quelque chose ? Il fallait encore apprendre ? Mais quoi ?

    Pour pouvoir prononcer les discours (traduits) tellement décevants, monothématiques, nuls dans leur contenu, et vêtus d'un glossaire plus que basique, - quelques heures d'apprentissage de russe suffisaient largement !

    Eh, nooooon...

    Je me suis aussitôt mise à éluder cette énigme linguistique ainsi que la confection de cols blancs.


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