• UN-TEMPS-POURRI...

    http://www.youtube.com/watch?v=1pSyYhRYeIM


    Aux alentours de 5 heures du matin (cette fois-ci...) des ploc, ploc, ploc... et flop  - répétitifs et de plus en plus audibles, m'avaient sorti d'un sommeil profond.

    Et 'pluie' zuuuuut !

    Il pleuvait...

    http://www.youtube.com/watch?v=qn1ybsv-0ic

    ("Preludium deszczowe" de Szopen-Chopin)

    Encore ?

    Les rafales pluvieuses se déchaînaient dans le ciel noir...

    « A l'aube un homme part à la chasse...

    Sa légitime reste, confortablement allongée dans leur lit douillet et conjugal...

    Voyant que dehors « les éléments» se déchaînent, l'homme abandonne son fusil de chasse et reprend sa place, en position de ce dernier, derrière le dos de sa femme, plus au moins endormie...

    - Qu'est-ce qu'il fait moche aujourd'hui, mon Amour, hein ? - dit la voix ensommeillée de l'épouse.

    - Pour sûr ! Et comment, ma Colombe... Il fait vraiment un temps de chien... - répond-il.

    - ... Mais, oui... Et quand  je pense, que mon crétin de mari est quand même parti chasser... »

    Les grosses gouttes glaciales tombaient à « sec » sur la corniche devant notre fenêtre (ploc, ploc, ploc...), et lorsqu'elle était pleine, quelques litres d'eau s'écrasait en bas, dans la rigole en tôle (d'où : flop !)...

    Et pourtant, hier soir, « gazda » l'avait prédit : « parce que les « Czerwone Wierchy » - les Sommets Rouges, avaient une « auréole » de nuages rouges, alors que pour nous, les « cepry » des villes, c'était plutôt le vent dominant, hélas, venant de l'ouest...

    Evidement, comme dans la plupart des cas, mon cerveau m'avait « impérativement suggéré » un passage aux toilettes.

    wychodek 2

    Je décidais donc de quitter la « doudoune » épaisse en duvet d'oie de mon « cou-couche panier » au matelas bourré de foin et, emmitouflée de quelques pièces vestimentaires (gisantes partout dans notre petite chambre), j'étais prête à affronter cet extérieur hostilement aquatique...

    Descente : sept marches.

    Tourner : encore sept marches...

    Et encore deux et...

    La porte de la « véranda » fermée à clé...

    Passage obligé par la « cuisino-salono-coin troisième âge » de notre famille d'accueil...

    Bonjour, bonjour - à gauche et à droite.

    Longer l'étable - on accélère ! - caresse obligatoire à tous les « meuh, meuh », « bêêêêê » et autre « hiiiiii », débordant de joie et de leurs boxes.

    Cześć Ciapek ! - salut Ciapek !

    owczarek podhalanski 2

    - au gros berger des Tatras, blanc et touffu, au museau et aux yeux couleur « myrtille », - attaché depuis sa plus tendre et courte jeunesse à une longue chaîne... et condamné ainsi à « n'écrire que son journal intime », sans jamais pouvoir connaître les autres « ragots et cancans » canins... Pauv'

    Pluie ou pas pluie, cette trotte matinale aux pas de course aux toilettes ne m'avait jamais 'pluie' !

    Pour passer notre temps, et surtout cesser de « tourner à vide » comme des Derviches Tourneurs... (dans notre cas - glander) - nous profitions de la présence d'une petite bibliothèque communale, - très limitée en choix - et située à l'arrière du « klubo-kawiarnia ».  

    J'y prenais les livres par ordre alphabétique des auteurs, car il était absolument inutile de chercher l'un ou l'autre titre, de toute façon manquant.

    A la lettre  « B » comme Balzac, j'avais espéré que la pluie cesse...

    Hélas, encore à « H », comme Hemingway, ça continuait encore et encore...

    Je craignais le pire en songeant à Stefan Żeromski, par « Ż » - « zet z kropką », - « zed avec point », lequel occupait la toute dernière position, aussi bien dans cette «- théque », que dans mes préférences personnelles.

    A « P », comme Prus. Bolesław... la pluie s'était enfin arrêtée...

    Et tant mieux, parce que le village préparait fiévreusement son « odpust »,  - l'indulgence de l'église catholique pour les péchés commis, accordée grâce à la souffrance de Sainte Anne et dont c'est la fête le 26 juillet.

    Sainte Anne était d'autant plus célébrée qu'elle succédait à une autre indulgence, déjà en vigueur, et due à Saint Christophe, celui du 25 juillet...

    StXtof 2

    A cette occasion, les processions de croyants se dirigeaient à l'église, en tenues de fête.

    Extraordinairement riches et belles.

    stroj goralski 2

    Les jeunes filles aux longues tresses (blondes et noires...), en chemises blanches richement brodées, et pincées autour de leurs cous garnis de « korale » rouges, et portant, avec grâce, plusieurs jupons blancs en fine dentelle, ainsi que des jupes amples en laine de cachemire à fleurs... Des paillettes multicolores, - « cekiny », et autres menues pièces brillantes apposées, en forme de « szarotka » -

    http://www.youtube.com/watch?v=E314ZXqZUmo

    l'edelweiss (ja, ja, ja...)

     

    et de « dziewięciosił » -  le chardon des alpages (« tatrages » ?) sur leurs corsets de velours...

    dziewieciosil 2

    Les hommes en chemises blanches couvertes de « cucha » ou « gunia », - une cape courte, et en pantalon blanc en laine « portki », brodé avec des motifs floraux.

    Sur les têtes des hommes, obligatoirement, un « kapelusz », - un chapeau noir, entouré d'un filet de coquillages de « kauri » (mollusque de l'Adriatique ou de la Méditerranée), avec (pour les célibataires) ou sans (pour les mariés) plume d'épervier, ainsi qu'une « ciupaga », une canne de montagnard, terminée par un morceau de métal contondant faisant office de poignée ...


    Lors de la graaaande messe de circonstance - où chacun « en avait pour ses sous », - le curé local était aux anges et aux petits soins à l'égard de ces fervents pratiquants et surtout des immigrés « haméricanisés » (chaque 'a' initial prenait le 'h' non aspiré), qui venaient spécialement des Etats-Unis d'« Hamérique » pour cette date,

     

    buick 2

     

    afin de remplir, premièrement, le panier aux offrandes sans fond, et secondairement, quelques obligations familiales.

    C'était une occasion permettant un solide rentré d'argent inodore et à la coloration à dominante verte.

    Parce que c'étaient eux, en grande majorité, qui avec leur pouvoir d'achat « vert », entretenaient la quasi totalité du village, y l'église et son curé « à panier » inclus.

    Après la messe, les « brebis » fidèles se dispersaient gaiement dans les multiples « centres d'attraction », tels les échoppes proposant leurs marchandises diverses, multicolores et fichtrement inutiles, mais parfois, au moins, comestibles...

    Ils visitaient aussi les stands de tir, dont les fusils avaient été préalablement et intentionnellement trafiqués pour qu'on ne puisse pas « décrocher » les plus beaux lots (!?), et à la limite, pour qu'on ne puisse se contenter que de fleurs en plumes de gallinacés cruellement mutilées et humiliées, et de couleur « very hard » fluo...

    « Au téléphone. Une voix à l'accent fortement étranger fait sa commande auprès d'un fabriquant de statuettes diverses :

    - Je voudrais vous passer une commande : 3500 statuettes de Lénine, 1500 statuettes de Staline, 4800 de Dubček, 2100 de Živkov, 1900 de Brejnev et 1700 de Gomułka...  

    - Bien sûr, cher monsieur... Et je vous envoie ce colis à quelle adresse ?

    - Club de Tir Sportif « Zvezda » de Brno... 

    Le Bar « Hanka », encombré (comme un nez en hiver) et proooolooooongé à l'infiniiiiii... par une terrasse (qui s'arrêtait juste devant la chaussée), vidait à toute vitesse son stock de fûts gonflés d'hectolitres de bière « Harnaś », « Żywiec » et même de la « Pilsner », provenant de nos « frérots » tchécoslovaques, à l'époque, ainsi que des casiers de bouteilles de vodka « de tous genre et origine ».

    La « Remiza strażacka », la caserne des pompiers, située à l'opposé de Kuźnia, en direction donc de Podczerwone - Chochołów, abritait la « watra », le grand feu, suivi du bal discothèque...

    Le choix de ce local était pratique, stratégique et perfidement prémédité à cause des accidents fréquents générés par cette foule en liesse collective et à liasse individuelle, et où les participants la clôturaient systématiquement au petit matin par des bagarres générales associées à l'un ou l'autre incendie...

    Et tout ce monde, y pompiers compris, n'espérait qu'une seule chose : qu'il pleuve le lendemain

    http://www.youtube.com/watch?v=DsI7lubCXuk

    pour ne pas devoir de se rendre aux champs ou pour que les petits incendies ne se transforment pas en grands...

    Et, dans cette région, ce dernier voeu dépendait de Saint Florian...

    krzyz sw floriana

    (Pssst ! Celui du 4 mai...)

         

     

     


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  • OH, C'EST QU'OURS


     Depuis une bonne heure au moins....

    Ah... à 4 heure du matin - car à ce niveau oriental de l'Est de l'Europe, le soleil était déjà bien levé...

    Assez, pour se coller à nos échines dorsales, chargées de lourds sacs à dos (surtout le mien, m'a-t-il toujours semblé...), remplis de provisions, et contenant, obligatoirement, un trousseau de premier secours, - nous nous dirigions vers l'extrémité de Witów, en direction de la Dolina Chochołowska, - la vallée la plus longue des Tatras Occidentales - et appartenant administrativement à cette commune.

    A la sortie du village nous longions Kuźnia, - les vestiges, datant du XVII siècle, d'un atelier ferronnier de transformation de minerai de fer, minerai abondamment présent dans les proches alentours, et dont l'extraction avait été abandonnée depuis bien longtemps.

    Après la marche de 8 kilomètres, et avant de pénétrer dans le fond du « boyau » de Dolina Chochołowska, nous traversions Siwa Polana, la « Prairie Grise », connue pour son élevage intensif et massif de brebis et, bien sûr, pour la fabrication des délicieux « łoscypki » fumés, ou pas...

    A cet endroit précis, un panneau de grandes dimensions nous informait cal-me-ment :

    regulamin

    « CHER TOURISTE : ATTENTION AUX OURS.

    TON COMPORTEMENT DECIDERA DE TA SÉCURITE... AINSI QUE DE L'AVENIR DE L'OURS (?!).

    - Tâche de ne pas prolonger ton excursion jusqu'à la tombée de la nuit ;

    - Ne t'éloigne pas des chemins balisés ;

    - Saches que tes détritus abandonnés attirent l'ours ;

    - N'essaye pas de t'en approcher ;

    -Ne lui lance pas de nourriture, car il en réclamera d'avantage (goinfre !) ;

    - Et, surtout : pas de panique : les ours ne chassent pas l'homme... ».

    Aaaah...

    Subitement tous les poils que nous possédions sur la surface de nos corps, se dressaient de peur...

    Mais puisqu'ils ne s'attaquaient pas aux humains... Nous voilà rassurés.

    En fait, durant les années 60., les autorités de Tatrzański Park Narodowy, - le Parc National des Tatras, y avaient introduit cinq ours bruns - quatre femelles et un seul mâle, mais très éveillé et porté sur la « chose »...

    Afin de limiter l'épanouissement de certaines espèces d'animaux « nuisibles » (je précise : pas les singes Bonobo) par leur reproduction galopante, - et notamment celle des loups.

    Se la coulant douce et agréablement dans les champs d'avoine et d'autres céréales à épi monstrueux, ainsi qu'à la proximité directe et plutôt difficilement surveillée des nombreux « garde-manger », à savoir les « kierdel », troupeaux des brebis, - ces plantigrades opportunistes s'étaient considérablement épanouis, semant parfois la panique auprès des êtres vivants, autres que les brebis.

    « Début de l'hiver.

    Dans un bois dense résonnent des bruits effrayants et hautement suspects...

    Un ours fâché, au « paletot » tout ébouriffé donne des coups de pieds dans des carottes de sapin, arrache l'humus humide, cogne les vieux « świerki », les sapins, - en arrachant leur écorce avec ses griffes acérées...

    Visiblement « au bout de rouleau », épuisé, les yeux remplis de larmes, il s'exclame :

    - Purée ! Purée ! Purée ! Et encore purée ! Jamais plus ! Mais alors, jamais ! Qu'est-ce qui m'a  pris de boire du café en septembre ! » 

    Remarque : Il parait, que lors d'un hiver sans neige, les ours n'hibernent pas... et c'est ainsi qu'ils apparaissaient de temps à autre, près des stations de skis, pour y extorquer quelques sandwiches copieusement garnis, et les autres denrées alimentaires généreusement trimbalées par les touristes et les skieurs...

    « Dans une grotte profonde, creusée dans le granit gris des Tatras depuis les milliers d'année, à pas mal assurés,  autrement-dit  « à pattes molles », apparaît un Touriste.

    Au milieu de cette grotte, sur un petit « pot de pisse », se tient un ourson, de quelques semaines à peine...

    - Et alors, mon tout petit ? Ton père est ici ? - demande-t-il mielleusement tout en jetant des regards furtifs de son œil « torve-de-fourbe »...

    - Nnnnnooonnnn... répond l'ourson effrayé.

    - Et, ta mère, petit morveux ? - continue, plus à l'aise le Touriste.

    - Nnnnooonnnn pluuus... - dit l'ourson tremblant de peur de tout son petit corps, encore récemment bien léché par sa maman.

    - Ha !!! T'es seul alors, espèce de charogne ! Eh ben ! Caaa vaaa êêêtre ta fêêêteeee ! Je te......... - hurle alors le Touriste en se ruant en direction du petit ursidé...

    - MAAAAMIEEE ! - crie alors l'ourson en sanglots en se retournant vers le fond de la grotte... où... »

    Nous étions donc prévenus, et en gardant nos sacs à dos bien fermés, nous avancions vers le chemin balisé nous menant vers l'escalade de Giewont, - le sommet le plus haut de Tatry Zachodnie (Occidentales), comprenant, sur sa partie culminante, une croix en fer  de 10 m. du haut.

    krzyz 2

    http://www.youtube.com/watch?v=h2A3tBw83pI

    A la dernière étape de cette escalade, il fallait s'agripper aux chaînes, cordes et barrières y spécialement installées par une équipe bienveillante de T.O.P.R - Tatrzańskie Ochotnicze Pogotowie Ratunkowe, les Postes de Secouristes Volontaires des Tatras, - toujours disponibles pour les touristes.

    http://www.youtube.com/watch?v=QjrFwaFjb8o

    Au début, confondus dans la foule, « au carrefour » - au fond de la vallée, nous nous séparions d'avec les autres, au fur et mesure, et chacun poursuivait ainsi son trajet préalablement préparé...

    Tout en grimpant doucement, comme sur les marches d'un escalier, nous suivions des touristes « durs et pro », - à grosses godasses de marche et avec des sacs à dos comme des remorques de camping, - qui, après avoir escaladé Giewont, sans doute, continuaient vers d'autres sommets et n'en descendaient que quelques jours plus tard...

    A côté de ce « noyau dur » d'arpenteurs de montagnes, il y avait, comme d'habitude, des « nuées » de « ploucs » et autres  « pignoufs », chaussés simplement des tongs,

    tong 2

    slaches et autres escarpins vernis, et qui s'aventuraient maladroitement sur ce sol tantôt graveleux et scintillant de mica, ou lisse comme un œuf, en granit, et zigzaguant vers les sommets.

    Il y avait, certes, quelques « beauty », maquillées et vêtues « outrageusement », accoutrées « jak biedronka na święto lasu » - comme « une coccinelle à la fête de forêt », ou « koń na dożynki », - « comme un cheval à la fête des moissons » -  en mini-jupe-lamée-brillante et portant de minuscules sacs  (comme maman pour aller au théâtre...).

    Parfois, l'un ou l'autre « papy », souffrant d'hypertension grave et aggravée par cette montagne, et gravée de couleur mauve sur son visage...

    figue 2

    Et puis, quelques uns en « costard de cérémonie » noir, aux petites chaussures, et emportant un sac en plastique, « reklamówka »,  y abritant une bonne bouteille de vodka comme « une poire pour la soif »...

    C'étaient visiblement et à coup sûr, de futurs « clients » tant redoutés par ces super beaux gars représentant la « T.O.P.R », - les secouristes salvateurs.

    Après quelques heures d'escalade nous gagnions enfin le sommet de Giewont - une grande « boule » bien lisse et glissante « à merveille » - où un troupeau de « miraculeusement » parvenus, s'agitait en vociférant de joie, heureux d'avoir accompli un pareil exploit...

    Le plus dur pour eux (triple hélas) s'avérait que, après l'émerveillement collectif sur un paysage disponible à tous, ils devaient quand même envisager de descendre de « leurs nuages » pour affronter le retour du sommet, bien raide et béant de préciiiiipiiiiiiiiices... piiiiices... iiiices, ccccccc... Bada boum et bam, bam aussi!   

    Et là, leurs tongs, slaches et autres sandalettes les lâchaient, au même titre que leurs nerfs.

    Ils restaient donc figés, complètement tétanisés de peur, en provoquant les fameux « embouteillages » sur le  « haut » et parfois une avalanche des pierres.

    Ffftt ! Je préférais les ours, les marmottes et les isards...

    Ou les gars de T.O.P.R ! Oh, oui ! Oh, huit ! (pas moins)...

    Ce jour-là, un phénomène optique, aussi rare que splendide, s'y était produit : nous avons aperçu notre premier « widmo Brockena », -

    widmo Brocken 2

    le spectre de Brocken (vu pour la première fois dans la montagne de Harz) - c'est-à-dire lorsqu'on voit sa propre ombre, immensément agrandie, « couchée » sur les nuages se trouvant plus bas...

    Nos têtes « nimbées » (pour une fois...) d'un cercle en « arc-en-ciel », appelé « gloria », la « gloire ».

    La légende disait, que si quelqu'un s'était vu en « Brocken », il  périrait dans la montagne... Sauf s'il l'avait vu trois fois...

    Depuis lors, mon frère ne tentait même plus d'en voir la deuxième version, et il s'était résolu à passer dorénavant ses vacances à la Mer de Baltique ou près de Olsztyn... Et surtout auprès de sa nouvelle copine, Grażyna.

    Nous rentrions à la maison très tard dans la soirée.

    Heureusement, sur une remorque croulant sous un chargement (excessif) de gros troncs de sapins (couverts d'échardes ainsi que d'une résine gluante), tractée par un tracteur de marque polono-polonaise « URSUS »,

    ursus

    conduit par un prénommé, Władek...

    De quoi...

    Nous y étions installés comme des cerises sur un gâteau...

    Après une brève trempette des pieds endoloris dans le « Czarny Dunajec » (et un « perçage » des cloches) - ce soir à 3° C, après avoir frotté vigoureusement mes fesses et mes cuisses, afin de me débarrasser de cette résine tenace, sur laquelle tout collait (y compris la main de notre conducteur me faisant une claque, comprise dans le prix à payer...), - nos pas nous avaient immédiatement menés au « klubo-kawiarnia »...

    Et ce soir-là, je dansais peu, étant donné que ma première danse était accordée à ce même Władek, le Tractoriste à la chevelure longue et épaisse, et que ses mains adhéraient trop (à cause de la résine !?) à mes fesses  et à mon goût...

    http://www.youtube.com/watch?v=1A5pWg2rtNc

    (Succulent...)


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  • PRÉCIEUX AISÉMENT...


    http://www.youtube.com/watch?v=7fXhXjeuFfU

    Je reviens à « mes moutons » et autres brebis...

    Notre journée de « letnik » - hôte estival, avait démarré comme sur les chapeaux de roues.

    kapelusz-goralski 2

     

    Après une brève visite et un repérage des lieux, donc du « GS », - magasin faisant partie du réseau collectif de « Gminna Spółdzielnia », fournissant les denrées alimentaires de base mais proposant également des haches, des clous et autres pièces de rechange, le tout nécessaire au bon déroulement des travaux du terroir...

    Après la localisation de l'église,

    Kosciol Witow 2

    qu'on ne pouvait de toute façon pas rater, puisque ses cloches sonnaient aussi bruyamment que régulièrement,

    dzwon 2

    c'est à dire toutes les 15 minutes, afin d'informer les laboureurs dispersés dans les champs « qu'il était 11h17 »... - nous nous trouvions comme « chez nous ».

    A proximité de notre « chambre d'hôte » (12 m. carrés), sur la rive droite du « Czarny Dunajec » - 'Danubet Noir' (en direction Chochołów) charriant ses eaux à une température maximale de 5° C (à la grande canicule), nous sommes tombés, toujours comme par hasard, sur la « klubo-kawiarnia » - café club et Bar « Hanka ».

    Hanna, Hanka, ou en diminutif Hanusia, y était le prénom le plus répandu.

    Certes, dans la gent féminine, il y avait également des Maria, Maryśka, Marysia, ou Stanisława, Staszka, Stasia, et chez les hommes Jan, Janek, Jasiek ou Jacek, ou Andrzej, plus populairement appelé Jędrek.

    Pour s'y repérer, et savoir sur quel dos les montagnards vitupéraient, l'info la plus précise s'échangeait, entre eux, de la façon suivante : « Jasiek 'łod' Koscielaków, du parrain Władek de Gąsienica de Dzianisz » - donc : prénom, celui d'une telle famille, - filleul de ce (prénom) parrain de l'autre famille, - habitant à Dzianisz (hameau situé sur la colline, près de Witów)...

    C'était pourtant simple, non ?

    Les touristes venant de l'extérieur avaient l'obligation de signaler leur arrivée auprès de l'administration communale la plus proche, et ce, endéans les trois jours.

    Le Grand Chef, Sołtys, le plus lettré de cette communauté ainsi que l'homme visiblement le plus opulent  - à part, que lui-même avait énormément de travail dans sa vaste exploitation agricole - y faisait office de juge, d'assistant social, et de parrain des nombreux petits « górale » etc...

    Etant souvent absent, parce qu'il avait « à faire » ailleurs (ou tout simplement ayant ramassé une cuite carabinée...), sa propriété était sévèrement et rigoureusement gardée par un troupeau de redoutables dindons, infiniment dodus, car taillés proportionnellement à la taille de la richesse de leur maître.

    Durant toute une semaine, nous avions essayé - « z uporem maniaka » - avec la ténacité d'un tordu,  et toujours sans succès,  d'approcher cette demeure... Et... misère ! A chacune de nos visites, ces « glouglouteux », enragés et agissant en horde, s'attaquaient à nous.

    Finalement, il avait fallu qu'on aille tous (pour nous présenter), à la messe du dimanche, à la « suma » (la plus longue et la plus pénible), pour y débusquer cet édile local, non stop en gougette, et occasionnellement présent au poste, et surtout... agir avant qu'il n'aie pris sa première « cuite » du dimanche dans le Bar « Hanka », suivie d'une série d'autres « agressions » de ses pauv' "gamma gt" défaillants...

    « - Gazdo, je représente Polskie Radio. Voulez-vous nous raconter comment se déroule votre journée à la campagne des Tatras?

    - Le matin, je me lève et je bois un demi litre de vodka...

    - Veuillez m'excuser, mais cette interview sera diffusée à la radio, donc, parmi nos auditeurs il y aura des enfants... Vous voyez ? «La vodka » ne « sonne » pas bien dans ce contexte... Remplacez-la par exemple... par « un livre », voilà...

    - Dobra, Panocku ! (Bien, mon petit monsieur).

    Le matin, je me lève et je lis un livre. Puis je m'asperge la figure d'eau froide et je relis un autre bouquin... Je monte dans mon champ, près de la frontière slovaque, où je lis encore un livre. Puis, avec Jasiek, le militaire-douanier de W.O.P (Wojskowa Ochrona Pogranicza) nous lisons ensemble. Après cette lecture Jasiek part à la librairie où il achète encore quelques livres. Après ça, il arrive en compagnie de Stasek et Jędrek, et nous lisons à quatre...

    Nous descendons dans le village, et là, nous lisons encore une fois avec des autres. A la bibliothèque de  « Hanka ».

    Et tard, dans la soirée, je vais chez mon parrain pour lire son  manuscrit... »

    Autrement « bimber » ou "samogon",

    bimber 2

    - cet alcool artisanal à base de blé, de patates ou de betteraves, fabriqué, en toute illégalité, au plus profonds des caves obscures des familles montagnardes, débrouillardes et économes ...

    En rentrant à la maison, les victimes de ce « bimber » s'époumonaient en chantant (à 17 voix) :

    (ou à deux :)

    http://www.youtube.com/watch?v=4S8FJ1Tfxk8

    « Górlaluuuu, czy ci nie żaaaal,

    Górlaluuuu, wracaj do hal ... »

    Ce qui donne, en traduction quasi exacte :

    « Górlaluuuu, comme c'est dommage,

    Górlaluuuu, gagnes tes alpages... »

    (ou, comme cela ?)

    http://www.youtube.com/watch?v=BuV0doNI0zg

    De loin, alors, les épouses de ces gaillards éméchés, s'exclamaient (en reconnaissant parfaitement la voix des leurs époux respectifs) :

    « Jezusicku, cosik mi sie zdoje, ze to mój chłop lezie ! » - Doux Jésus, il me semble, que c'est encore mon bougre de mari, qui s'amène...   

    La seconde personne publique et « délicieusement visitée » (pas par moi), n'ayant pas dû avoir recours à l'aide des dindons, certes, mais aussi inexpugnable de sa demeure,  était Monsieur le Curé...

    Ah... ce serviteur de Dieu, humble et rondouillard de sa personne, exultait, tout en exerçant avec application son « autorité divine » sur l'ensemble des ses « łowiecki » - brebis dévouées et assidûment pratiquantes.

    « - Il faut que vous arrêtiez de vivre dans le pêché ! Je ne dirai pas à qui je pense, maiiiis !!!

    Toi, « Stasek od « tûûûût » (je resterai discrète...), si tu trompes encore ta femme, Hanka od « re-tûûûûût », avec Kaśka od « re-re-tûûûût » - la foudre du Tout Puissant s'abattra sur toi ! - vociférait-t-il du haut, en débordant de sa « coquille » (exiguë) d'apparat ecclésiastique normalement constitué... ».

    En réponse, la foule des fidèles s'écrasait massivement, le ventre sur le sol...

    (« Un archer s'exerçait au tir à l'arc :

    - Et meeeeerde... dit-il, décontenancé par son mauvais coup.

    Il réessaya.

    - Et meeeerde ! répéta-il après le deuxième échec...

    - Hé ! Oh ! - dit une voix venant de très haut - Si tu dis encore ce mot, je vais te foudroyer !

    - Et meeeerde ! au troisième essai.

    Bang ! Boum ! Badaboum ! : la foudre tomba juste à côté de l'archer...

    Piorun 2

    - Et meeeerde ! - éructa une voix saturée de déception de très, très haut... »)

    L'église, ainsi que la maison y accueillant la délicieuse personne « d'officiant de messes » étaient, à l'époque, totalement entretenues par les fidèles « parois - sssiens et sssiennes ».

    C'est ainsi, que toutes les femmes du village (mariées !), à tour de rôle, cuisinaient, nettoyaient, faisaient sa lessive, repassaient, et j'en passe et repasse...

    Les hommes bricolaient, réparaient et y ramenaient des objets pesants... « à l'œil »... vigilent de curé...

    Le panier destiné à accueillir l'offrande présentait une capacité semblable à celle d'une bassine, exactement comme celle dans laquelle nous nous « abluions » quotidiennement, et les billets à haut potentiel nominal y choyant, le remplissaient rapidement.

    Visiblement, la fortune était vite faite, car toutes les deux années, environ, le curé disparaissant quelque part, sur la côte ouest des Etats-Unis, et se faisait remplacer par un autre ecclésiastique « eucharistiquement » biennal. 

    Quant à la troisième catégorie de personnes importantes, tels les instituteurs et autres médecins - je ne les connaissais pas car, durant les vacances scolaires, ils fuyaient ostensiblement vers d'autres coins touristiques « à la mode » de cette Pologne, -les coins, géographiquement riches et disponibles, comme la mer Baltique, dont le séjour en plein air saturé en iode stimulait considérablement leurs cellules grises, les préparant ainsi pour la nouvelle rentrée scolaire dans ce milieu rudement rural...

    Cependant, pour mon frère et moi, la troisième personne en importance, si pas essentielle au déroulement agréable de notre séjour, c'était certainement Pan Adam, le tenancier de « klubo-kawiarnia » (où je dansais, dansais, dansais...) -

    http://www.youtube.com/watch?v=fDB7RJv0e9g

    et du Bar « Hanka » - sprytny (futé) businessmen local, Adam, « endollaré », car s'enrichissant sans cesse et sans vergogne...

     

    sakwa 2

     


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  • VAL A QUI ?


     

    Et cette population de « górale », si pétillants et joyeux...

    Qui étaient-ils à part  d'être agriculteurs montagnards ?

    La première différence frappante (et paf !) et visible à l'œil (à quoi d'autre ?), c'est qu'il y avaient des « Blonds » et des « Noirs ».

    Le premier groupe avait les cheveux blond dorés, les yeux verts ou bleus et le teint plutôt pâle, lequel, avec les années, virait vers « bronzé-bonne-mine », - dû à leur présence quotidienne en plein air et... aux chaudrons bouillants, abritant de bons plats du terroir et surveillés de près, - disposés sur d'immenses poêles  chauffées au bois et au charbon...

    Un autre génotype parmi les spécimens locaux possédait une chevelure épaisse de couleur noire, des yeux bleus et avait la peau très « fumée » - curieusement « basanée » (déjà à la naissance) ...

    Les « Blonds » avaient l'air d'être fortunés.

    C'étaient des gens à qui la vie souriait.

    Plutôt dodus par leur opulence, et donc, bien considérés dans le village, comme la famille nous accueillant...

    Ils occupaient stratégiquement le milieu de celui-ci et, logiquement, la proximité directe de la seule église, entièrement construite en bois de cèdre et pomponnée à merveille.

    kosciol wew 2

    On les appelaient « gazda » - les propriétaires terriens, ou bien « gadjo », donc « autres », que les « basanés » ( ?)...

    Quant aux « Fumés », moins aisés, et à la silhouette mince et élancée « inspirant pitié », ils avaient l'air de se tenir à l'écart, occupant les parties les plus éloignées du centre...

    « Dans un petit bled montagnard, où l'existence des laboureurs terriens s'avérait dure et parsemée d'obstacles, l'un d'eux, particulièrement éprouvé, se lamentait sous un chêne volumineux de ce qui était jadis son champ :

    - Cette année mon « łowies » - owies - l'avoine, - a été complètement détruite par la grêle...

    Mes « łowiecki » - owieczki

    kierdel 2

    - les brebis, - se sont faites bouffer par le  « łours » (brun)...

    Niedzwiedz 2

    (que voici...)

    La production annuelle de mes « łoscypki » -

    oscypki 2

    oscypki - les fromages de brebis, fumés, a moisi...

    (Il faut préciser que chaque mot commençant par 'o' prenait un 'ł' initial, qui se prononce comme 'w' ou 'oie'.« Łojojoj » - le cri plaintif également...).

    - Toutes mes « łoies » blanches ont été égorgées par les renards.... La foudre a détruit ma maison... Tout a brûlé... Pourtant, tous les vendredi je vais me confesser. Et je vais à toutes les messes du dimanche, par ailleurs... Même aux vêpres...

    Dis-moi, Tout Puissant : qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter cela ?!

    Le ciel s'ouvrit et une voix grave dit :

    - Tu sais quoi, Jasiek ? C'est... C'est que je ne t'aime pas des masses... Voilà ! »

    Cette différence, - comme dans les westerns américains, au Far West où les « bons » exprimaient clairement leurs intentions et qualités, et les « pas bons », qu'une sombre nébulosité caractérielle et comportementale, - était certainement due à la migration et la « colonisation », aux XIV-XVII siècle, d'un peuple venu des Carpates Méridionales - Karpaty Południowe,

    http://www.youtube.com/watch?v=MJBfPFz2yM8

    karpaty pld 2

    de la lointaine Valachie roumaine - cette terre ensanglantée par le règne légendairement crapuleux et « hémoglobinesque » de Vlad l'Empaleur alias Draculaaaaaaa ! (Ail ! Ail ! Ail ! J'ai peur...)

    http://www.youtube.com/watch?v=AiGON4SX4oQ

    De plus...

    Les tribus migrant de cette Péninsule Balkanique n'auraient été, en majorité, que nos Roms (actuels), ayant "CD" leur nom d'origine : Tsiganes, et descendus des régions montagneuses du Tibet sur nos pleines européennes et autres...

    http://www.youtube.com/watch?v=BD2d2FDNGm4

    Sédentarisés dans le sud de la Pologne, ils avaient pris la « colorisation » chrétienne, ainsi que les mœurs et coutumes des Slaves y demeurant.

    Avec le temps, avec amour et acharnement, ils se sont génétiquement entremêlés avec la population « blonde dorée »...

    Les montagnards vivaient, entre autres, du tissage du lin et de la fabrication de toiles.

    Ainsi, aux XVIII-XIX siècle, ils s'aventuraient régulièrement jusqu'aux côtes de la mer Adriatique,

    http://www.youtube.com/watch?v=HurHtBAydHQ

     ou vers la mer Noire, pour y vendre ces toiles, destinées à la confection des voiles des bateaux.

    D'où :

    Leurs vêtements de fête comprenaient des éléments, tels que des coquillages, des dessins floraux empruntés de leurs « cousins » balkaniques, des colliers en corail - « korale »,

    korale 2

    - coûtant, encore de nos jours, une véritable fortune.

    Car, plus la fille, à l'âge nubile, était de bonne famille, aisée, plus de rangées de « korale » s'étalaient sur son poitrail gracieux...

    Remarque : après tout, les dindes portaient aussi de pareils attributs...

    indyk korale 2

    Initialement, j'étais au bord de la dépression nerveuse, lorsque les montagnards des Tatras m'adressaient la parole...

    En plus, ils étaient très loquaces et ne laissaient personne échapper à leurs plaisanteries.

    Dans leur langage de « biti-biti » et « patata et patati », dans ce patois de Karpaty (incompréhensible et imprononçable) comprenant des zestes de ce dialecte valaque, bosniaque, slovaque, hongrois, voire même Romani (issu en grande partie du Sanskrit), et fusant des diverses « kamora » - des tribus tsiganes, jadis « en voyage », - ils nous harcelaient à longueur de journée.

    Et puis, le pire arrivait lorsqu'ils présentaient, en plus, une « défaillance » dentaire très fréquente, visible et surtout audible...

    „- Heboj ze wartko chaniok ! Ruso sie jako ta jorka!

    Nie dej sie bośkać tymu dedule baciarowi... - rigolaient aux éclats les górale de notre proche entourage.

    En polonais :

    - Idź tam prędko ! Rusza się jak ta młoda owieczka. Nie daj się całować temu niedołędze i hulace !"

    En français :

    - Vas là bas en vitesse ! Elle bouge comme une jeune brebis ! Ne te laisse embrasser par ce barjot de noceur !

    De toute façon c'était évident, que leur dialecte « patchwork » d'origine, ou plutôt sans origines, et étant plus proche de tous les dialectes d'ailleurs, que du polonais, ne facilitait guère une bonne et linguistiquement correcte communication entre les górale et les cepry, ne laissant aucune chance aux allochtones assoiffés d'air pur (de la montagne...).

    « Au milieu de la nuit une voix :

    - Hanka, ou tu t'es mal lavée aujourd'hui, ou t'as pas bien fermé la porte de l'étable... - dit Jasiek »

    C'est pour cela, me semblait-il, que les montagnards des Tatras avaient surdéveloppé à l'excès leur sourire, cette sensation de bien-être ainsi que leur folklore qualifié comme le plus riche de Pologne...

    Mais petit à petit, je parvenais à les « assimiler ».

    Ma « gwara » - leur parler, s'étant sensiblement améliorée, me permettait au moins et enfin de pouvoir leur riposter également...

    Et ce que je suis en train de faire...

    Haaaaa!

       


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  • PAS TATRAS...


     Quelque temps plus tard, maman, ayant souhaité se rapprocher de « ses racines » et de sa jeunesse dans le mouvement du scoutisme cracovien (33 Krakowska Drużyna Harcerska « Kłosy » - créee en 1947), avait pris contact avec une famille de « górale » - des montagnards des Tatras, jadis fréquentés lors de camps scouts en 1947, 1948 et 1949.

    Nous y étions chaleureusement invité pour y passer un mois de vacances.

    A 14 km. de Zakopane, la capitale des Tatras, se trouvait un merveilleux village, Witów, situé en Tatras Occidentales (et ça sonne bien !).

    http://www.youtube.com/watch?v=hiZu21J5Ao0

    Jacek, Jan et Andrzej - trois frères, qui à l'époque abritaient les scouts, nous attendaient avec leurs familles et, certes, émotion...

    Après toutes ces années écoulées, rien d'étonnant qu'aux retrouvailles, maman avait l'air nerveuse, et même son chignon était plus plat que jamais...

    Arrivés à Zakopane, en train muni de deux véritables locomotives au charbon (une qui tirait, l'autre qui poussait...), après 6 heures de voyage (178 km. de Katowice), après trois changements et dans une pluie diluvienne, notre première constatation fut : PAS TATRAS !

    Un mur de flotte glaciale nous tombait directement du ciel et en plus de façon ininterrompue, tout en gonflant nos « coupes vent » miteux - « wiatrówka » (en tissu synthétique appelé non-iron !) et le cours d'eau, Czarny Dunajec,

    czarny dunajec 2

    le « Danubet Noir » (puisque Dunaj signifie en français Danube...).

    Les paysages connus des cartes postales, qui ne mentaient pas me semble-t-il, demeuraient totalement invisibles.

    Et même le plus haut sommet, Rysy à ses 2499 m., restait « inapercevable ».

    Notre séjour commençait bien...

    Avec mon frère, on « traînait » les pattes en grognant, ainsi que les valises lourdes et débordantes de cadeaux pour nos accueillants  - « gościniec », comme le veut la coutume polonaise.

    Ensuite, nous nous sommes installés, tant bien que mal, dans un bus des PKS - de l'abréviation de l'entreprise Polskie Przedsiębiorstwo Samochodowe (Societé Nationale des Transports Routiers), entre les nombreux paniers en osier des indigènes, contenant des denrées alimentaires aussi bien vivantes que d'autres, inanimées.

    Les 14 km. à parcourir s'avérèrent pénibles.

    Tous les passagers nous regardaient de travers, car nous n'étions pas des « leurs ».

    Du moins pas à cet instant.

    La rencontre avec nos hôtes fut riche et chaleureuse, voire même explosive, puisque les « górale » - à prononcé gouralé, des Tatras étaient extraordinairement et joyeusement extravertis...

    Nous avons été reçus dans une maison entièrement construite en gros troncs de pin apparents (et régulièrement brossés),

    chata 2

    dans une pièce faisant office de salon, de salle à manger, de cuisine et de « coin troisième âge »  - vu que les membres des familles vivaient tous sous le même toit, auprès de leurs proches et jusqu'à la fin...

    Ici, dans cette « chata », la maison, de Jan, il y avait aussi une « babcia », une grand' mère, qui tenait constamment à l'œil les va-et-vient de sa bru, Hania.

    Nous étions à table, celle-ci recouverte d'une nappe cirée « cacaotée » par les chiures des très nombreuses mouches « à viande », que nous appelions les « pétroleuses », à cause de la brillance de leur couleur moirée.

    Discrètement et avec tact, nous en avions tuées quelques unes...

    Hormis la « mamie », « ligotée » dans ses multiples jupons, et trônant sur son siège (raccordé directement à un seau - « pot de pisse ») au milieu de la « cuisino-livingo-chambre », il y régnait également une épouvantable odeur d'étable, de vieux torchons, de fromages et d'autres aliments fortement fermentés et fermentant.

    "A Tatras, l'air reste toujours pur parce que les montagnards n'aérent jamais leurs maisons..." - disaient les mauvaissssses languesssssssss. 

    La pièce communiquait, en hauteur, avec un genre de « grenier », où des gros morceaux de lard et de jambons (d'origine animal...) « fumaient naturellement » et sûrement dans cet air ambiant et richement saturé en miasmes et sécrétions purement humains...

    L'épouse de Jan, nous avait concocté une fricassée d'œufs frais de poule avec une tranche épaisse (hélas pour chacun...) de ce lard pendouillant, dont il était question ci-dessus...

    Alors que nous luttions tous de tout notre cœur pour maîtriser nos « hauts » de plus en plus violents et facilement repérables, et au moment de nous servir ce plat si « succulent », babcia, visiblement émue, ou simplement perturbée par notre présence, avait « émis » et « commis » à fond... dans son seau prévu à cette effet...

    Ayant craqué et étant devenue translucide sur l'ensemble de ma figure, j'ai demandé le chemin des toilettes...

    (Pourtant j'aurais dû suivre les mouches à profusion, mais mes narines étaient déjà encombrées aussi...)

    Et là !

    Un trou dans une planche de bois, polie par les fesses de ses nombreux usagers (à mobilité pleine) me montrait, un mètre plus bas, les exploits des ces autres, y accumulés...

    Bien sûr c'était là notre baptême de « ceper » - un urbain dans le milieu rural.

    Baptême, par ailleurs, répétitif et récidivant, car tous ces montagnards se faisaient un plaisir fou de nous « avoir » à chaque instant de notre séjour parmi eux.

    Au bout de quelques jours, je me suis « acclimatée » - peut-on dire.

    A force d'errer des heures et des heures entières dans leurs diverses dépendances, de leurs « locaux à bêtes », je me suis transformée en « l'une des leurs », et mes « ablutions vespérales » quotidiennes, également dans une bassine remplie d'eau glaciale, ne servaient point à grande chose.

    Je sentais de plus en plus la bête...

    Après avoir fait plus ample connaissance avec « mes » poules, (mes préférées), et les dindes (bavardes),

    dindes 2

    je me suis surtout prise d'amitié avec un jeune poulain, Kasztanek - le Rouquin (nom de celui de Steinbeck),

    kasztanek 2

    qui me suivait fidèlement dans toutes mes promenades exploratoires à travers champs, dans les prairies et autres « pachis » y présents.

    tatry 2

    Nous nous parlions à longueur de journée en faisant de nombreuses siestes près du bois délimitant la frontière slovaque...

    Rappel : Il s'agit toujours d'un poulain et pas d'un soupirant !

    « Deux pur sang, « arabes » (en Pologne ?! Avec cette cuisine ?!) de courses se résumèrent leur « derby » respectifs.

    - Sur les 20 courses que j'ai courues, je l'ai emporté 12 fois... - dit le premier, - en arabe classique.

    - La saison dernière, j'ai remporté 15 victoires sur 20 - hennit le deuxième, - en arabe tout  aussi correct.

    Un lévrier afghan (mais qu'est-ce qu'il faisait là celui-ci ?! Décidément...) se promenant par pur hasard (en Pologne ?!) les écouta de son oreille pointue dressée :

    - Moi, sur 20 courses, j'en ai gagné 19 ! - dit-il placidement, - en pachtoune académique.

    - Bigre ! Mais ça aloooors !? Un chien qui parle !? Jamais vu ça de ma vie ! - s'exclamèrent les deux « caballi »  purement racés.»  

    sourire2

    J'ai appris à traire les vaches, à nourrir les cochons, à ramasser les œufs de poules sans les offusquer, - et bien sûr - traiter le foin des « górale » avec soin (non, pas leur pognon - ils étaient trop radins...)

    http://www.youtube.com/watch?v=3bXX8ytCL5k

    Le seul hic dans tout cela, c'est que...

    Lorsqu'on rentrait, avec mon frère, à la maison de notre klubo-kawiarnia locale - café-club (discothèque) après quelques "piwo Harnaś"

    harnas 2

    - brigand des Tatras, loin dans la soirée, à une heure plus que tardive...

    Exemple de notre état euphorique :

     http://www.youtube.com/watch?v=-AZQ_bKo460

    Sur la pointe des pieds...

    Po cichutku - silencieusement... 

    A MA VUE, à MON ODEUR (le mot étant faible...) et à l'OUÏE, - tout ce « monde » animalier, tous mes « potes » gallinacés, bovidés, ovins, caprins et chevalins confondus, se mettaient à caqueter, hennir et meugler joyeusement pour honorer mon passage dans le couloir exigu entre la maison, les toilettes et l'étable !

    Et tant que je ne leur distribuais pas de caresses, un par un, ils continuaient !

    Ainsi, toutes mes rentrées étaient toujours ratées.

    J'avais compris alors, le rôle des oies du Capitole.

     http://www.youtube.com/watch?v=4Cs3TYfqLHI

      


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