• MORDUS OPERANDI

    « - Mais que vous arrive-t-il ? Vous n'avez plus une dent !? - demanda le crocodile à la grenouille.

    - Ve me les fuis arraffée toutes ! Une far une - four ne fas faire fartie de la garde d'honneur du roi - annonça la grenouille.

    - Mais il fallait m'en parler avant ! De toute façon, vous ne deviez avoir aucune crainte ! Dans votre état de santé actuel... Et puis, votre physique et, surtout, avec vos pieds plats... Vous ne risquiez vraiment rien...»       

    Alors que, lors des cours de physique, j'étais en train de cogiter pour savoir où la boule de billard pouvait bien avoir une « face », pour, s'entrechoquant avec une autre (aussi de face) - effectuer sa fameuse trajectoire balistique...

    bila 2

    Ô  - miracle ! - un personnage tout de blanc vêtu avait fait irruption dans notre classe.

    Un contrôle médical scolaire inopiné...

    Oh oui, oh oui, oh oui !

    Une infirmière de service, avec sa toque  - faisant partie de l'uniforme réglementaire, - en « papier Bristol glacé », ou amidonnée, désignant, par la couleur, son grade et ses mérites...

    czepek pielegniarski 2

    Il faut dire que les représentants de la Médecine, comme dans l'armée, avaient tous leurs insignes de fonction pour pouvoir exercer.

    Cependant le « couvre chef » le plus spectaculaire était celui du médecin, du chirurgien russe (et même encore de nos jours...) qui ressemble, comme deux goûtes d'eau, à celui de n'importe quel chef cuistot.

    docteur

    Un tel choix y était considéré, sans doute, comme le plus juste et logique, car le souci général d'hygiène en vigueur ne permettait pas de trouver des cheveux dans les plats mijotés...  

    Les enseignants n'appréciaient guère ces interruptions intempestives des cours en cours, toutefois ils n'avaient rien à dire, car la santé passait avant tout, et surtout avant ces « boules cogneuses à trajectoire douteuse », qui cédaient rapidement alors leur place, aux autres, - celles des profs (« ça me fout des boules » - disait notre physicien...)

    Pesage, mesurage, contrôle des oreilles, de la gorge etc.

    Parfois quelques vaccins préventifs...

    Même pas peur !

    Mais lorsque il s'agissait de notre dentiste d'école, - dont le visage allait à merveille avec sa spécialisation  - froid et sournois, digne d'un bourreau de la Sainte Inquisition - gravée sur sa « face » blême, et au regard torve... - notre joie se transformait en une panique de prévision d'une véritable géhenne...

    http://www.youtube.com/watch?v=nb8t3Lt8iJw

    Et son large sourire crapuleux...

    piranha 2

    Comme pour tout ce qui concernait les soins de santé, nous étions tous « régionalement et définitivement localisés » quelque part.

    Pas question d'aller chez le médecin de son choix.

    Pour tous les problèmes concernant la santé, mes parents se rendaient dans le dispensaire accessible à l'usine de papa. Laaargement ouvert à tous et quasi non-stop parce qu'il y abritait également les services de la médecine du travail. Les  accidents en  tout genre sur le lieu de travail étaient, hélas, très fréquents.  

    Quant aux écoliers, ils étaient molestés « localement » dans leurs écoles.

    Sur place, à l'insu de grands et en toute impunité...

    Comme c'était déjà  le cas pour les dirigeants comm, le choix entre un « bon ou mauvais » toubib demeurait inexistant.

    Indubitablement, ils étaient tous excellents, puisqu'ils parvenaient à suivre, sans faute et sans échec, une dizaine d'années d'études assidues au sein d'une quelconque Akademia Medyczna - Académie de Médecine, où, de plus, une petite minorité devaient passer par de rudes épreuves lors des examens d'entrée... Et les autres, par prouver leur lignée ancestrale génétiquement ou politiquement correcte ayant eu, parmi leurs aïeuls, des praticiens ou autres « manipulateurs » de haut « vol ».  

    Les couloirs de notre école résonnaient donc de cris d'horreur, poussés par les proies faibles et sans défense, traînées pour être « soignées » aussi bien illico presto que manu militari !

    Parfois, l'un ou l'autre s'en sortait indemne... Parfois pas...

    Notre dentiste arrrrrrachait ce qu'elle trouvait sous sa main lourde et peu agile, et ce qu'elle jugeait « nase » et « arrachable ». 

    Remarque : Un tel procédé lui épargnait aisément une longue série de soins de caries, en favorisant ainsi une réconciliation avec le corps enseignant, irrité, car soucieux de continuer son programme galopant...

    Étant complètement à côté de la plaque, y dentaire comprise, de temps à autre, elle se trompait en extrayant une dent tout à fait seine, située à côté d'une malade.

    - Docteur, y a-t-il un moyen de m'arracher cette dent sans douleur ?

    - Oh, cela dépend... La semaine passée, lors d'une extraction je me suis foulé douloureusement le coude... Espérons qu'aujourd'hui ce sera mieux... 

    - Vooooi-là ! C'est terminé... Tu veux bien desserrer les dents et ouvrir plus ta bouche pour que je puisse retirer mon doigt ? (Petite morveuse ! - pensait-elle tout haut).

    - Mais fe n'était pas felle-là !

    - Ce n'est pas grave, - disait-elle d'une façon expéditive. Ainsi, dans le futur, elle ne te fera plus jamais mal... Suivaaaant !!!

    Après toutes ces émotions, nous retournions, encore sous le choc post-opératoire, face à nos boules, toujours prêtes à « s'entrechoquer et cogner » de face.

    zderzenie czolowe 2

    Entre elles... 

     

     


    votre commentaire
  • DEVOIR A - P'PELLE !

     

     

    « - Aaaaaah... Mais, mais... Serait-ce possible ? Avec votre permission, Majesté, mais que vous arrive-t-il ?! Vos yeux sont si exorbités et... hmmm... on dirait, globuleux ? Vous aussi ? Et cette teinte de visage virant au pourpre ?- s'inquiétait  en s'exclamant la grenouille compatissante...

    - Fous-moi la paix, sinistre amphibien ! Un peu de discrétion, voyons ! Tu ne vois donc pas, que même les rois doivent assouvir leurs besoins physiologiques... »

     

     

    La paix des sympathiques après midis, propices à glander, était, hélas, fréquemment interrompue par la voix mielleuse et lascive de Tygrys, ayant visiblement du temps à perdre en sur-stock et en débordement de volonté éducative... :

    - Et alors, Żabusiu ? Qu'est-ce qu'ON a fait en mathématiques aujourd'hui, hein ?

    Il disait toujours « on » - comme si s'était lui qui en souffrait...

    A ce moment là, mes cheveux se dressaient sur la tête comme cet appendice sur les bérets basques alors que mon sang s'enfuyait à toute vitesse vers mes pieds...

    - Ooooh, rien de spécial... Tout va bien... Rien de nouveau... - mentais-je d'une voix peu assurée mais rassurante, alors que je pataugeais au milieu des formules et des problèmes qui envahissaient mon cerveau et mon cahier.

    Bien sûr, pas seulement que la vie n'était pas du tout simple, mais il fallait encore qu'on me harcèle avec des choses aussi hideusement inimaginables.

    - Montre à papa !

    Et là, tout s'écroulait, aucun subterfuge n'était plus ni crédible, ni valable...

    Les tortures commençaient...

    - Ho, ho ! Je vois, de l'algèbre ! C'est le meilleur ! C'est la reine des math, si tu veux savoir... et ma préférée !

    En plus, pour lui, toutes les branches des math étaient toujours les « reines » et ses « préférées », mais ne voulant pas aggraver mon cas, plutôt fragile, je le laissais croire que si...

    Soit.

    En 30 secondes environs, « je plongeais » dans le « vase visqueux » et les méandres des maths !

    Evidemment, pour lui, c'était très simple de m'avoir aussi directement !

    Mes lacunes, de plus en plus grandes en cette matière, ressortaient comme des vers de terres après une drache du mois de mai, ou comme les trous de mon collant,

    rajstopy 2

    si on veut...

    Il tentait, alors, de m'expliquer des choses infiniment inutiles.

    - Si je te donnais un sac (pourquoi faire ???)contenant un kilogramme de plumes d'oie et un autre, de plomb, lequel de deux serait moins lourd ?

    - Mais, celui à plumes ! (Je ne savais pas à quoi ressemblait le plomb...)

    - Mais noooon! Un kilogramme restera un kilogramme - c'est une mesure de poids, toujours constante... Bon : et si tu avais un sac rempli de charbon - tu vois ce que c'est ? D'un kilogramme. Et un autre, aussi d'un kilo, rempli de sciure de bois ?

    - Mais ça dépend - si les sciures sont plus lourdes que...

    - Noooon ! Je te répète qu'on parle du POIDS des matières, et pas de leur volume !!!

    waga 2
     

    Ma vue commençait à se brouiller, progressivement, à cause des larmes chaudes et salées, se mêlant avec des sueurs froides sortant de partout de « mon moi », crispé et de plus en plus stressé...

    Au bout de quelques heures (yesss!), Tygrys se tordait dans tous les sens, ne sachant  trouver une position qui le soulage...

    Je savais alors que nous étions enfin prêts de clôturer ses « tergiversations » pour procéder à « l'emballage final »

    sacs

    dans des sacs divers de toutes ces choses profondément inintéressantes, car c'était l'heure de... la disparition, et en accéléré, de Tygrys dans « le petit coin ».

    - T'as compris enfin ? - insistait-il en s'éloignant dare-dare.

    - Oui, Pa' !

    - T'es sûre ? - sa voix fusait de l'endroit douillet malgré que carrelé... 

    Je « sentais » que la fin était délicieusement imminente :

    - Oh, oui ! J'ai tout compris. A que oui, Pa' ! Parce que, en plus, tu expliques si bien... - l'embobinais-je ...

    Oufff ! La paix !!! 

    Et puisque notre salle de bain communiquait avec la cuisine par une fenêtre sur sa partie supérieure, pour le rassurer, et le convaincre, j'ajoutais, en m'exclamant (heureuse de la fin de la séance de tortures), une connerie de ce genre :

    - En tout cas, ça doit être horrible de recevoir un kilogramme de plomb sur les pieds, hein ? Ca ferait des dégâts, hein ? Si je devais choisir, j'opterais pour un kilogramme de plumes d'oie...

    Eeeeeeeeeeeeeeeet puiiiiiis... Zuuuuuuut !

    wychodek 2
     

    Et voici « Wychodek », - en polonais populaire, - nom commun (genre masculin) dérivé du verbe « wychodzić » - sortir,

     QUIIIITTEEEEER !!!



    votre commentaire
  • FUME-HERBE

     

     

    « Voyant deux écureuils s'éclater et fumer des cigarettes un peu « améliorées », une grenouille, fortement intriguée, apparaît au bord de l'étang.

    - Je peux m'en fumer une avec vous, les petits gars ? - dit la grenouille.

    - Bof ! Pourquoi pas, mais fais gaffe, avec ta taille... et ton aspect général... tu pourrais être encore malade !

    Après une cigarette, la grenouille s'éloigne en brasse accélérée et tombe sur un crocodile.

    - Qu'est-ce que tu as à nager si bien et si vite ? - lui demande le croco. 

    - C'est à cause de la clope des écureuils... Essaye et tu verras !

    Le crocodile surgit des flots juste en face des deux rongeurs :

    - Hé les gars, puis-je fumer une....

    - Ah, non ! Rien du tout ! Regarde, dans quel état tu t'es déjà mise ! »

     

    Comme la plupart de toutes les ethnies existantes, à part boire de façon immesurable (?), comme « des trous », les Polonais fumaient comme « des Turcs » - disait-on... mais, historiquement et géopolitiquement, nous ne les côtoyions plus...

    Et puis même les trous possèdent un fond quelque part que je sache...

    La fumée des cigarettes, saturée en goudron et nicotine, et de toutes les appellations possibles et « non imaginables », accompagnait fidèlement leurs amateurs.

    Sans filtre - après tout c'étaient les poumons qui filtraient l'air nocif - ou avec, elles étaient issues de la production proprement polonaise.

    Les plus courantes, - les plus « basiques », et sans filtre, - étaient les « Sport »,

    sporty 2

    dont le nom a sans doute été choisi afin de mettre en valeur la promotion du sport...

    En les fumant, tout le monde avait également à manger car leurs adeptes crachotaient sans cesse de fines particules de tabac sur leurs interlocuteurs (pft, pft, pft)...

    Les « Giewont » - du nom d'un sommet des Tatras (1 894 m.) - preuve de patriotisme local et d'une parfaite connaissance géographique. Excellentes, par exemple, lors d'une quelconque escalade montagnarde ...

    giewont 2

    Les « Klubowe »

    klubowe

    - ah... les clubs : sportifs et autres... Rien tel !

    Les « Dukaty » - du  nom des « liards en or » de la Pologne féodale...

    Et les « Domino » - fines et raffinées, mais pour qui ?

    Et puis, les « Caro » - avec filtre, et parfumées d'une substance inconnue mais pas désagréable, virant entre un « Old Spice » vieillot et les  pétales de roses de la ville de Batoumi, la géorgienne...

    Et à la fin, la best des best - les « Carmen » (pas de Bizet)

    carmen 2

    - les plus chères, les plus snobs, - fumées essentiellement par des personnes très aisées, donc par les « privilégiés » comm.

    NB. Afin d'augmenter l'effet de « bien-être », certains jeunes en « mal de vivre » de mon quartier, les « amélioraient » en y introduisant quelques gouttes de colle (une solution de polystyrène et de trichloréthylène), normalement destinée à assembler les menues maquettes en plastique des modélistes  amateurs.

     Parfois, des cigarettes russes faisaient leur apparition : les « Bielomori » (de la Mer Blanche - le nom aussi est original...).

    Belomorkanal 2

    Cette clope malicieuse avait un tiers de tabac pour deux tiers de « ustnik » - un de ces tuyaux cartonneux par lequel les fumeurs inattentifs et maladroits, dans le cadre de la « sélection naturelle », inhalaient la partie brûlante directement dans leurs poumons. 

    A l'école, nous suivions souvent des conférences consacrées à l'effet néfaste de la consommation de nicotine, mais je n'y croyais pas trop, car après chacune d'elles, les médecins conférenciers partaient aussi sec pour s'en griller une, juste devant la classe ouverte et devant les yeux émerveillés des écoliers...

    Cendrier 2

    Un jour, mes yeux fouineurs ont même aperçu une grosse livraison, plutôt anonyme (à pompon vert...), destinée à notre Ziggy Pop, - abbé principal de notre paroisse - dans laquelle se trouvaient quelques « cartouches » de « Sport », accolées à plusieurs bouteilles de « Gewürztraminer », dit de « messe », suivies d'une bouteille de « cognac » arménien « Bieliï Aïst » - La Cigogne Blanche...

    J'ai alors tout de suite compris pourquoi il bouclait si vite ses messes : après sa vinasse (de luxe et sans choucroute...) lors des célébrations eucharistiques - c'était l'appel de la clope...

    Maman ne voulait jamais me croire, et pourtant Tygrys, si !

    - Tu vois maintenant ? - disait-il, rassuré par cette preuve - Avec tes liards « jetés » à tout bout de champ sur leur plateau « troué », tu contribues au développement de son vice et en plus tu l'entretiens... Nous l'entretenons ! Ce n'est pas pour ça  que je travaille dur à l'usine ! Après tout, si ça te chante, installe-le directement chez nous !

    http://www.youtube.com/watch?v=dmj229can-U 

    A ce moment seulement, je priais très fort pour que cet abbé là ne vienne pas vivre avec nous, dans notre petit appartement, pour me piquer en guise d'un « partage chrétien » supplémentaire, ma saucisse hebdomadaire et chaude - « parówka » - du jeudi... 

    « A un jeune qui avait arrêté de fumer...

    - Alley, grille t'en une, t'es si pale ! disaient ses parents.

    - Non, j'ai arrêté...

    - Fume-t'en une et ça ira beaucoup mieux ! disaient les instituteurs d'une école rurale...

    - Naan ! J'ai juré !

    - Allez, on voit que tu souffres ! Tu veux des allumettes, peut-être pour en cramer une ?

    - Non, je n'en veux plus... Et puis, tout compte fait... Bon ! D'accord... puisque vous insistez.

    Et cette fois-ci, c'est dans quelle baraque que je boute le feu ? »

    http://www.youtube.com/watch?v=69B_R8AN6RI

    (et Czeslaw Niemen dans " Fenil  (à foin - évidemment...) flambant " !)



    votre commentaire
  •  "CHAÎR" ALIMENTAIRE


    « Dans un  restaurant chic, d'un quartier très chic de Katowice, hélas peu fréquenté... une hyène s'adresse à l'oreille attentionnée d'un garçon de salle :

    - Hmm... Eh, bien... Veuillez excuser ma question... Hmmm... Je vous demande pardon pour mon haleine, hmmm... - (elle se met à parler à travers  sa manche) - fétiiiide, si on peut dire... Mais auriez vous de la viande, hmmm, comment dire... faisandée... Avariée, en quelque sorte ? - dit la hyène (dissimulant sa gêne).

    - Mais très certainement, chère madame. Ici nous avons de tout...

    - Hygièèèèèène !!! AFSCA- AAAAA !!! »

     (en Pologne : SANEPID - Stacja Sanitarno-Epidomiologiczna)


     

    Dans le classement des produits de luxe - rares et chers, la viande portait le Numéro 17.

     La Silésie en consommait des tonnes car les travailleurs de l'industrie lourde devaient être nourris à leur faim.

    Si non, pas « d'énergisants » ? - une grève, suivie du blocage de la production de charbon pour chauffer le pays entier, ou, pas d'acier, pour l'Irak, en échange de pétrodollars.

    Simple raisonnement du successeur du Camarade Władyslaw G.,  le Camarade Edward G. (pourtant la nichée suivante aurait dû porter lettre « H »...), natif de Katowice, - la nouvelle coqueluche comm, et en pleine ascension sur le piédestal si convoité du régime comm.

    C'était à croire, qu'en ce temps là, la Pologne du centre et du nord, se nourrissait essentiellement de racines et de bulbes quelconques, d'origine végétale, ainsi que de fromages bicolores : blanc et jaune.

    Parallèlement, le sud jubilait en s'empiffrant de chair d'origine animale... Aïe - la santé !

    Les boucheries y étaient remplies de bonne charcuterie, - des saucisses et saucissons en tout genre : cuits à la vapeurs (parówki,  un peu comme les chasseurs), crus, fumés...

    Ils portaient souvent le nom de la région qui les confectionnaient : - „Krakowska" - de Cracovie, „Częstochowska" - de Częstochowa, „Żywiecka" - de Żywiec, etc.

    Il y avait également le „Pasztetowa" - pâté de viande dans un boyau, la „Metka" - de la chair à saucisse crue et légèrement fumée, le délicieux « Krupniok », en silésien - boudin noir aux gruaux, et tant d'autres...

     Mais l'apothéose la plus absolue - c'était le jambon.

    http://www.youtube.com/watch?v=chzw0ydjP0U

     « Un ourson mondialement connu vient dans une boucherie.

    - Anzour, 'sieur. Z'êtes bouffer ?

    - Oui, gamin... Ici c'est une boucherie...

    - Vous vendez du zambon, alors ?

    - C'est exact, entre autres.

    - Et aussi les pieds de coffon ?

    - Bien sûrrrrhhhh !

    Et clac, le boucher reçoit une baffe sur sa joue gauche ! Et clac, une deuxième baffe sur sa joue droite ! Et un coup de poing en plein pif...

    Et encore, et encore...

    - ???????!!!!!!!!!! Mais ?! Mais ?! 

    - Et fa, Falopard immonde, f'est de la part de mon Porfinet !"

    Prosiaczek, en polonais.

     

    Jambon cru ou fumé, parfois bouilli, en vue de la récupération de son bouillon pour la préparation du Barszcz - la soupe aux betteraves rouges - acidulée ou non, le Żurek - à la farine de seigle fermentée, le KAPUŚNIAK - de « kapusta », au chou fermenté ou pas (choucroute ou chou tout court), ou, le Krupnik (infiniment infâme) - aux légumes et gruaux en abondance, glandant et emmêlés ensemble,  d'une consistance permettant de faire tenir une cuillère à la verticale et avec un angle droit, de 90°.

    Le jambon apparaissait deux fois dans « mon » année : à Noël et à Pâques... et parfois, « à l'angine »... Pour récupérer.

    Ou bien, lors d'une grande fête familiale.

    Mais alors très grande et assez importante pour qu'on pût en voir ses « quantités - traces » présentées sur la table...

    Les esses (comme sssa ssse prononsssse) de bouchers pendaient, lourdement chargés de produits viandeux. 

    Les habitants de notre quartier, choyés, voire adulés, par les bouchers (d'état) n'avaient que l'embarras du choix.

    Pour la charcuterie (pas trop, car c'était gras), maman allait à Koszutka (près de l'église), et pour la viande, dans un petit magasin du quartier, au débit exceptionnellement élevé (faut dire qu'il y avait 5 000 habitants).

    Le seul problème, c'est que l'origine de cette viande ainsi que sa fraîcheur échappait à tout le monde...

    Parfois, elle venait de très loin, et dans un soucis de conservation, elle était surgelée, congelée et puis dégelée - recongelée et ainsi de suite... et transportée de son point « A » au point « B » (brgh ! Les problèmes matheux...),  et elle ne respectait plus alors, les conditions adéquates et exigées pour une chair « bien élevée ».

    Les streptocoques dorés, ou pas, les staphylocoques et autres gonocoques locaux, y pullulaient en viles hordes, en s'y pavanant en toute impunité...

    En plus, chaque portion de viande était, - à l'ouverture du magasin,-  maladroitement emballée dans un grossier papier « Kraft » - pour, loin de l'heure de la fermeture, céder sa place à la « Trybuna Robotnicza » (Tribune des Ouvriers), « Wieczór » (Le Soir) ou « Trybuna Ludu » (Tribune du Peuple) - les trois plus importants quotidiens de Katowice,  par ailleurs facilement substituables en cas de pénurie (interruptions durables du stock, très fréquentes) de papier WC.

    Remarque : Les Polonais habitant en ville ne consommaient plus de viande chevaline - depuis que le Cheval avait courageusement défendu la Pologne lors de l'invasion allemande en septembre 1939,  ni de viande « lapine », - depuis l'apparition de Buggs Bunny, ni de viande de biche, - depuis le « Bambi » de Disney.

    Le choix viandeux, se limitait donc aux autres bêtes.

    Cependant, dans certaines régions (Cracovie), il existait la « kiełbasa domowa », la « piratesque » saucisse « maison », dont la chair provenait de la « nutria » - le ragondin...

    Délicieuse, par ailleurs, mais absolument interdite sur le marché.    

    Les inspecteurs et autres préposés à l'hygiène et à la préservation de la chaîne-chair alimentaire ( ? J'ai dis chaîne alimentaire ? Quelle chaîne : de vélo, de télévision ?) travaillant au sein de SANEPID,  étaient complètement déboussolés, et ne savaient plus où mettre ni la tête, et pis encore, ni leurs thermomètres.  

    De toute façon, aucun magasin n'avait le droit de tomber (bam, bam, bam !) en faillite, puisque le marché comm ne connaissait pas (et ne concevait pas) ce mot dans le glossaire de l'économie polonaise !

    Les autorités, se contentaient, alors, de punir tout « vendeur- souillon » potentiel, en le mutant dans un magasin tout à fait différent, comme par exemple, dans un magasin de lingerie, ou une quincaillerie, ou dans une « godasserie », éloignée (« aux diables ») de son domicile où il était sensé croupir, dans la solitude la plus totale, jusqu'à sa retraite, comme Dubček dans son parc de Prague... 

    J'ai, alors enfin, compris, pourquoi certains faisaient la prière juste avant chaque repas : il priaient pour que Dieu les protège de cette « culture »,  surdéveloppée et menaçante (plus encore que la Chine) de ces staphylos, streptos (même dorés) et autres gonos...  

     


    votre commentaire
  •  

    R-AUDIO-FOLIE


    chauvesouris 2

    « Une chauve souris s'écrase au plein vol contre un mur :

    - Nom du Djiu ! Saloperie ! Saloperie ! Saloperie ! - constate-t-elle, assommée, en se ramassant tant bien que mal du sol : 

    - Un jour je me tuerais à cause de ce foutu « walkman » ! » 

     

    Les longues soirées de décembre (le coucher du soleil était planifié aux alentours de 15h) devenaient riches en activités familiales.

    Stockés dans nos 50 mètres carrés, y balcon compris, nous nous côtoyions avec une grosse dose de tact et de tolérance mutuelle.

    La télé était proscrite jusqu'à 17h.

    Après quelques devoirs scolaires et extra scolaires, qui parfois n'étaient pas du tout extra..., avec mon frère, nous nous cherchions une autre occupation, plus agréable.

    Dans ces cas,

    chat-en-hamac 2

    maman, jugeant qu'on glandait de trop, nous harcelait verbalement : tu ne prendrais pas un bouquin à lire ou un autre manuel pour apprendre un peu plus dans la vie, hein ? Au lieu de traîner « jak Święty Marek po piekle » ! - comme Saint Marc en Enfer (?!).

    En fait, elle devait certainement savoir quelque chose de compromettant sur ce saint, car un évangéliste et condisciple de Saints Pierre et Paul, ne pouvait, tout de même pas, se trouver dans cette endroit sinistre... Brrrrr !  

    Le tourne-disque « mobile » que nous possédions, n'était pas une occupation « discrète », et surtout pas la musique, que nous désirions justement entendre.

    Mais, (toujours avec mon frère), nous avions (?) une radio transistor de marque « Sokol » - cadeau de papa de sa tournée - de vodka - en URSS.

    radio sokol 2

    Un bel objet enfermé dans un étui en cuir orange et parfumé (en URSS, en enfermait tout...).

    Cette couleur m'intriguait, car dans le monde animalier qui m'était connu, je ne connaissais aucun spécimen disposant d'un derme aussi orange et virant en plus vers le fluo.

    Et sentir bon ?

    Evidemment, mon frère aîné, se l'était immédiatement approprié en écoutant, ce qui lui semblait intéressant.

    Son oreille virait sans cesse vers la couleur « vermeil », collée en ventouse, - comme un « gulik plomber »

    (lequel, ici, porte encore la couleur de ses oreilles enflammées) 

    goulik 2

    - en silésien le déboucheur de plombier à ventouse fixée sur un bâton, - et de temps à autre, il émettait des piaulements discordant, témoignant d'un suivi musical personnel et attentif.

    Cela irritait énormément Tygrys : Chante-t'en une complète, et une bonne fois pour toute ! Fous la paix aux gens avec tes jérémiades psalmodiées ! - éclatait-il assez rapidement.

    Les gens - c'était lui, bien sûr.

    Remarque : Toutefois, exceptionnellement, mon frère aîné partageait avec moi son morceau préféré... à l'aube, à 4 heures du matin, en me réveillant brutalement pour que j'écoutes  « Dom Wschodzącego Słońca », titre en polonais, et La maison du soleil levant, - House of The Rising Sun des Animals (pas de couleur orange, eux !).

    http://www.youtube.com/watch?v=mmdPQp6Jcdk

     

    Les vrais problèmes commençaient alors, lorsque mon frère s'endormait sur son « sandwich - litière », composé en couches, d'un oreiller, d'un petit coussinet d'appoint, appelé « jasiek », sur lesquels, il apposait ce fameux transistor russe, flambant neuf.

    J'ai de forts soupçons, qu'à part sa bonne musique, « fragmentairement » captée (les ondes partaient et revenaient car elles venaient de très loin...), il sniffait voluptueusement le cuir curieusement parfumé de l'appareil...

    En écoutant la musique provenant essentiellement de l'Occident, à savoir, Radio Luxembourg et la Radio Pirate « Karolina », parfois, il tombait sur les journaux parlés, qui s'immisçaient dans ses oreilles attentives et captives, et captant.

    L'Ennemi n°17 de notre nation était « Radio Wolna Europa » - Radio Europe Libre - genre de « cracoucasse - corbeau » enflammé, ayant, entre autres, sa planque en Allemagne de l'Ouest.

    Ses présentateurs consacraient une partie de leur temps à vitupérer en langue polonaise (non académique) sur tous les comms, un par un, ou tous à la fois...

    Mon frère n'y prêtait pas attention et s'agitait immédiatement pour chercher nerveusement une autre longueur d'onde plus musicale...

    Mais la nuit... Alors que tout le monde s'endormait profondément...

    Les rues s'éclairaient de divers gyrophares multicolores.

    A part les « cueilleurs de chiens errants », les « ramasseurs de pijaczki » (de la cellule municipale de dégrisement), les ambulances cabossées (pin-pon, toulou-lout) trimbalant quelques Silésiens souffrant de maladies cardio-vasculaires (largement répandues, sans doute à cause de leur cuisine grasse et ingrate, arrosée de vodka...), les « suki » - « les chiennes » - les véhicules de service de la Milicja Obywatelska à la recherche de la nourriture nocturne - milice citoyenne,  - un autre service se mettait à sillonner les quartiers endormis.

    Les « préposés aux écoutes et repérages politiques », guettant un ennemi potentiel et politique (qui ne dort pas, lui !) du peuple (endormi)...

    fuine 2

    Sans gyrophares, ni diplômes, - munis simplement d'un système super sophistiqué de détection des ondes radiophoniques et d'un goniomètre (de 1940-1945), - ils « scannaient », en quelque sorte, la présence des auditeurs de la Radio Wolna Europa ou autre, comme Radio Tirana - radios émettant des propos « blessant et visant le bien-être du communisme, et autres, "suggestivement" (et délicieusement) innovateurs »...

    Tygrys, à maintes reprises, interdisait sévèrement à mon frère de ses écoutes nocturnes à lui, craignant la venue d'un désastre imminent de la part de ces « As-très communiquant comms ». 

    - Je finirai par casser ton  transistor  en mille morceaux !

    Et, en plus, si tu continues d'englober cet appareil avec ton oreille, tu auras des graves problèmes de santé ! - le raisonnait-il.

    - Quoi ? Que dis tu ?

    - Qu'est-ce qu'elle dit ?

    - Qu'est-ce qu'elle veut ? 

    - Rien, rien. Je le ferai moi-même...

    De tels propos unilatéraux étaient courants.

    Mais il devient déjà sourd ? - s'affolait Tygrys.

    Dans la chambre « à télé », à  10 m. de distance de mon frère :

    « - Wilczku, co robisz ? Que fais-tu, mon Petit Loup ? - dit-il

    Silence.

    Il approche à 8 m. de distance :

    - Et alors ? Que fais-tu ?

    Silence.

    A 4 m. de distance :

    - Ouuuuhhh ! Je te demande ce que tu fais ?

    Silence.

    Il rentre dans la chambre « à balcon » et se trouve, rouge de rage, en face de mon frère :

    - Et alors ?! Psiakrew ! (sang d'un chien...) Depuis 17 minutes je te demande ce que tu faisais, et quoi à la fin ?!!!

    - Mais quoi Quoi ? Enfin ! Je te répond pour la quatrième fois que je suis-en-train de faire-mes-deee-voiiii-rs !!! »


    votre commentaire