• AM-BRASEROS...


    Notre explosion de joie d'avoir ressuscité la truie souffrante de nos hôtes « à caractère ambigu » fût cependant de courte durée...

    Dans le brouhaha à haute valeur sonore, nous nous aperçûmes alors que, hormis nos « chefs - meneurs de meute », le chien-chien - « piesek », « Neurone » - Néron,  le Chef Principal  était aussi manquant, ce qui avait incontestablement contribué à la chute de la moyenne du QI collectif, parce que son coefficient devint subitement et officieusement déficient.

    Accompagnées de quelques « locaux » à l'apparence masculine, tous équipés de bâtons contre les sangliers, et de lampes de poches, nous nous sommes rendus dans les joncs luxuriants jouxtant la lagune, à la recherche de nos deux « mâles dominants », dont la disparition s'avérait plus qu'inquiétante.

    L'endroit où « Tygrys » et pan Leszek avaient bien pu s'aventurer restait pour nous une énigme...

    Sans le moindre document d'identité...

    Sans la moindre gapette protégeant du soleil torride...

    Sans le moindre mouchoir...

    Bon sang... Sont-ils donc partis si loin ?!

    Cette soirée là, le « coin sanitaire » situé dans notre chambre commune demeura désespérément vide, et un silence gonflé de doutes s'était installé...

     

    Enfin!

    Aux alentours de minuit nous entendîmes les aboiements irrités de Néron et puis... les deux apparurent !

    Neurone, chargé de mission, poussait carrément leurs mollets avec sa truffe en les remettant sans cesse sur le chemin menant tout droit à la maison.

    Leurs visages, rouge flamboyant car cramés par un fameux coup de soleil, sans doute dû à la réverbération sans pitié des rayons solaires au contact avec la surface de la Lagune de la Vistule,  à la lumière de la lune, leur donnaient l'apparence de véritables "hommes braseros".

    http://www.youtube.com/watch?v=aY1APSk0SS0

    Plus tard, affaiblis par de violents spasmes de régurgitation, et portant les stigmates de la fatigue et des émotions récemment vécues, et après une application abondante de fines tranches de concombres sur leur peau en fusion (concombres provenant de la deuxième cloison), ce légume à l'effet soulageant, entremêlées de « kwaśne mleko » - du lait battu - ils commençaient à reprendre des couleurs faciales plutôt différentes, à savoir un teint oscillant entre une indéfinissable couleur jaunasse et un mauve improbable, mais à  tendance toutefois plutôt verdâtre...

    Il se fait que, un prénommé  Władek, (de Władysław - selon le calendrier païen : « celui qui glorifie le pouvoir ») un « sprytny biznesmen » local  (quoi qu'infortuné) - un businessman futé, - s'était fait un immense plaisir d'agrémenter sa solitude dominicale de vieux célibataire et de « hors la loi » (surtout « hors du village »...), en accueillant « nos » hommes assoiffés de sensations fortes avec sa production hebdomadaire, fraîche et « raffinée » de « bimber ».

    http://www.youtube.com/watch?v=bAy7HSxwhaM

    ("roulez bourrés" - NON, paaas bieeeen !)

    Cet alcool illicite, distillé avec passion en totale clandestinité (ce dont tout le monde était au courant...), frôlant le frelaté, restait cependant buvable lorsque son goût infect était « cassé » en le mélangeant avec du sucre caramélisé...

    Et puis, avec des « landrynki »,

    landrynki2

    ces bonbons multicolores, translucides à fort dose de l'acide citrique...

    Et encore... du « bimber » macéré avec d'autres bonbons, tels des « kukułki »

    kukulki 2

    - les coucous, ou des « krówki » - les vachettes...

    Même « Tygrys », ce non buveur acharné, succomba (pour une fois...) à l'exercice du pouvoir pressant et enchanteur de ce « chimiste spiritueux lagunaire et lacustre », et apprécia durant quelques heures toutes les facettes des goûts divers du « bimber » amélioré.

    Et puis, ragaillardis par la boisson, et après un court cours d'histoire sur la Mierzeja Wiślana, ils ne pouvaient plus refuser la suite réservée à un tel accueil...

    http://www.youtube.com/watch?v=kNGNLo8K6Fk

    Après avoir englouti donc, plusieurs petits verres de ce breuvage, servi copieusement et « poussé » avec de nombreuses jeunes anguilles fumées, appelées aiguilles - « igły », - le joyeux trio s'était installé sur le bateau moyennement étanche de Władek

    lodka

    afin de participer à une vraie pêche à l'anguille.

    Tout en faisant travailler leurs pancréas et foies désespérés en vue d'évacuer l'effet néfaste de ce « bimber » - tenace et coloré, en plein soleil, au milieu de la lagune, ils se sentaient « aux anges »... Jusqu'au moment où Władek, devant leurs yeux au regard brouillé, avait tiré une grosse corde avec, à son extrémité, une tête de mouton en décomposition avancée,

    Wladek2

    dans laquelle proliféraient de grosses anguilles festoyant...

    - Les anguilles se nourrissent essentiellement de « padlina » - de la charogne... C'est comme ça qu'elles sont les meilleures - expliquait Władek à ses deux co-pécheurs co-éméchés et consternés, aux yeux révulsés d'horreur et aux estomacs prenant le chemin direct du retour vers les amygdales...

    - Oh, maintenant, elles ne sont plus si fameuses... Jadis, lors de l'hiver 1944, lorsque la population, les sujets de la Prusse Orientale fuyaient l'Armée Russe en traversant à pied la Lagune gelée pour gagner l'Allemagne... Les avions russes les avaient fréquemment bombardés... Il n'y en avait que très peu parmi eux qui avaient réussi cette traversée... Pas de bol... Tout ceux qui avaient péri noyés dans la lagune... Dans les années 50., les anguilles y étaient encore géantes... - continuait Władek savamment, mais  cependant inutilement, parce que ni « Tygrys », ni pan Leszek ne supportaient plus, vu leur état de ras le bol, tant physique et alimentaire que mental, la moindre explication complémentaire émanant de cet « ambassadeur anguilleux et spiritueux ».

    Ils essayaient de se catalyser sur un déversage plus au moins correct mais néanmoins brutal (en luttant pour ne pas prendre la place de la tête de mouton en se déversant entièrement dans cette eau douce... Douce... Gentille...) de leur « bol alimentaire » qui leur confirma cruellement son ras, à lui.

    Exceptionnellement varié...

    ******

    Le lendemain, dans la matinée, Władek se présenta dans notre chambre... en brandissant fermement dans ses poings une anguille plus que dodue et gluante (de stress ?) ainsi qu'un pot d'un litre de « bimber »...

    Maman, surprise et saisie par la situation, avait saisi les deux dans ses mains, mais - manque de pot - aussi bien le « tuyau » se révoltant vigoureusement,

    cobra2

    (...aux yeux de maman qui était toujours en train de confondre les câbles électriques avec des branches, des cordes et... autres réptiles...) - et scoubi doubi wah !

    http://www.youtube.com/watch?v=6k4KFJBT2fU&feature=related

    que le pot de « bimber », se sont échappés ne laissant, dans l'ordre que : les quelques résidus boueux recouvrant tout du long le corps visqueux et oblong de l'anguille, ainsi qu'une mare découlant de « l'infection bimberesque » au haut potentiel odoriférant, aussi visqueux que désagréable...

    En rampant et en se tortillant sur le sol, l'anguille répandait des matières d'une couleur douteuse et projetait le « bimber » y déversé...

    Maman hurlait en courant dans tous les sens...

    Il n'y en avait pas beaucoup...

    Avec Lilusia, à quatre pattes, nous « courrions » après l'anguille en inspirant les effluves d'alcool...

    « Tygrys » courrait après maman...

    Pan Leszek, se tenant à proximité, près nous deux...

    L'ambiance devenait hilare !

    Pour certains...

    Les émanations d'alcool y étant évidemment pour quelque chose...

    Percevant nos cris de détresse, notre second sauveteur, pas pan Leszek, mais le « piesek » Neurone, avait fait irruption en accéléré dans notre pièce pour... s'emparer agilement de ce  « mètre et demi » noir fuyant, exactement comme il procédait avec une « miedzianka » - il l'avait attrapé près de la tête en le tapant plusieurs fois par terre...

    Pour aussitôt, l'emporter ailleurs... dans un endroit sûr et bien calme où il pourrait déguster à son aise ce met si précieux car exceptionnellement disponible dans son bol réservé à sa nourriture canine.

     

     


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  • CARAMBRA !

     


     

     

    Durant les deux premières semaines de notre séjour à la Baltique, « Tygrys » demeurait en état de rivalité permanente face à la présence étroite et sonore de pan Leszek.

    Cependant, cette situation lui avait été largement bénéfique car, à son insu, il s'était mis à se « mimétiser » agréablement avec le cadre comportemental, - lisse et mondain - de l'autre mâle « w kwiecie wieku » - à la fleur d'âge, tel pan Leszek...

    Lors d'une « pêche » à l'ambre sur cette plage sauvage, ils avaient découvert, avec  la plus complète stupéfaction, un « nid » d'autres co-bronzants...

    A peine 800 mètres plus loin.

    Une vingtaine de personnes - tous beaux et ayant un look « de quelque part familier et déjà vu »...

    Après un bref raid dans leurs parages, nous avons constaté la présence, en nombre, de la « high-life du show biz » polonais.

    Daniel Olbrychski, Mieczysław Czechowicz, Marta Lipińska, Magdalena Zawadzka ... étaient les „crèves écrans" du cinéma et de la télévision polonaise.

    Les coqueluches les plus exquises des scènes de théâtres.

    J'avoue que j'avais fortement envie de leur demander des autographes, mais là ? Sur la plage ? En tenue de bain ?

    Personne n'était en possession du « matos » nécessaire.

    Même pan Leszek, toujours aux petits soins et subvenant à nos caprices, ne dissimulait, cette fois ci, dans son « string de Batman » (d'une capacité affolante et frôlant celle des trousses de Merlin l'Enchanteur et de Mary Poppins réunis)

    http://www.youtube.com/watch?v=OpHYU0RYwfU

    marypoppins 2

    aucun stylo et encore moins, un bloc de papier tout entier...

    Néanmoins, savoir ce groupe de personnes si « mondialement » connues et si près de nous, nous avait fortement enthousiasmés.

     *****

    Par un beau dimanche, la journée commença par les glougloutements gargarisés et sonores s'échappant de la gorge de « Tygrys », qui faisait ses « ablutions » matinales dans « notre stand » de premiers soins hygiéniques, situé dans la même chambre, et comprenant une bassine et deux seaux : un pour l'eau propre (à aller chercher au diable... dans un puits du verger) et un autre, destiné à récolter les eaux usées (à aller jeter au diable... près de la porcherie).

    Pas confondre !

    Maman, assez taciturne, préméditait, d'ores et déjà  sournoisement, un excellent « usage » de cette journée caniculaire.

    Longue et ensoleillée...  

    Ce réveil au petit matin avait suscité en elle un besoin spirituel hautement impératif, celui de « nous rendre de force » à l'église de Krynica Morska afin de suivre (de près et enfin ! -) une messe...

    « Tygrys », comme d'hab' dans ce genre de situations, s'esquiva adroitement, suggérant une « excursion » en compagnie de pan Leszek à la recherche d'anguilles chez un pécheur local... ( ?!)

    Eh, bien oui.

    Ils se sont finalement alliés afin d'échapper à la « marmaille ».

    http://www.youtube.com/watch?v=Vbg7YoXiKn0

    przyjaciele 2

     

    Maman, abhorrant tout corps allongé

    branche 2

    et gluant, avait tout de même cédé à cette proposition.

    A trois, maman, Lilusia et moi, nous nous sommes donc mises en beauté la plus ravageuse possible. 

    A couper le souffle d'un curé, jusque là inconnu... 

    Et comme le bronzage l'exige, nous nous sommes toutes mises « littéralement » en blanc...

    miss-piggy 2

    Et nos dents, vigoureusement brossées, comprises.

    Après quelques 20 minutes de marche à travers un bois ombragé, et en ayant, avec Lilusia, vraiment marre, nous voilà tombées face à une immense mare au milieu du chemin.

    Et dans cette mare...

    Une laie, dans toute sa splendeur...

    Aïe !

    Non, nous ne regardions pas son sexe pour constater son genre féminin.

    C'était parce qu'elle ne possédait pas de « szabla » - sabre - ces défenses caractéristiques pour les mâles.

    Pendant une dizaine de minutes d'immobilisation la plus totale (et les moustiques en avaient bien profité...), nous observions la laie et notre silence (et dans notre cas cela s'avérait plutôt difficile)...

    Nos yeux se sont croisés...

    Les nôtres, maquillés « à la Cléopâtre », et les siens... les deux petites billes rouges injectées de sang au regard oblique et ne promettant rien de bon...

    Après un long moment de ces regards soutenus, la « porcine » avait décidé d'éloigner ses 150 kg. bien portés.

    Oufff !

    Juste à l'arrivée à la « périphérie » de Krynica Morska, toujours sur ce chemin boueux (afin d'échapper au trafic routier de la route « Gdańska »), nous aperçûmes une camionnette de marque « Żuk »

    zuk

    - nom à la gloire de cet insecte géotrupe, qui à la moindre alerte se met le ventre en l'air et « fait le mort » - et devant ce tas rouillé, un homme et une femme, tous deux plutôt embarrassés et désœuvrés, mais cependant ra-vis !...

    (hmmm... et alors... heureuse ?)

    yeux 2

    Visiblement, un petit couple, qui après avoir batifolé joyeusement à l'abri d'un feuillage dense du bois les entourant... avait remarqué que leur véhicule s'était profondément enfoncé dans la boue noire et bien argileuse...

    Bonnes chrétiennes, et après la mobilisation générale décrétée  par maman, nous nous sommes mises à pousser le « Żuk », lequel après quelques essais bruyants avait fini par partir en nous enfumant copieusement.

    Sans le moindre merci...

    Et, à l'instant même, nous avons découvert que nous étions entièrement couvertes d'éclaboussures de boue, projetées par les roues arrières de la « voiture ».

    Et que nous étions « caca-otées » comme si toute une escadrille de cormorans de la réserve naturelle toute proche de Kąty Rybackie, et souffrant d'indigestion aiguë et durable, avait déféqué abondamment sur nos « surfaces lisses » et avant tout, corporelles...

    http://www.youtube.com/watch?v=Rg5iGT2l79E&feature=related

    « Carambra » ! (gh, gh, gh et niakh, niakh, niakh !)

    http://www.youtube.com/watch?v=b33wp1vFgrs

    Retour à la casa !

    Maman « amb-ragée », et nous, inutile de le dire, éperdument soulagées.

    A l'arrivée, nous apprîmes que la truie - maciora, de nos hôtes d'accueil (et notre « laie » de tout à l'heure) s'était évadée, et maintenant, quoi que revenue, elle gisait, malade dans sa porcherie, tout en privant sa quinzaine (au bas mot) de « prosiaczek » en bas âge

    porcinets 2

    - « porcinets » - de son lait maternel...

    Coup de blues post natal ?

    Surcharge de taches ménagères imposées par la « marmaille tétante » ?

    http://www.youtube.com/watch?v=3xdx5go9C-w

    Nous n'en savions rien.

    N'empêche que dans le désarroi le plus total (toujours pas de téléphone - ni de vétérinaire sur place), les 150 kg. soigneusement entretenus depuis quelques mois, périssaient visiblement sous une forte fièvre et les yeux inquiets de la moitié du village.

    N'ayant plus rien à perdre, maman, dans un élan de compassion (et surtout guidée par la frustration d'avoir raté la messe), avait appliqué à la truie souffrante, une dizaine de « tabletka z krzyżykiem » - ces placebos polonais célèbres à l'effet « ça passe ou ça casse » se distinguant des autres par une croix y apposée... Que d'une croix, pour commencer, car il n'y avait pas assez de place hélas sur une pilule pour une annotation supplémentaire du genre « R.I.P » - ici repose...

    Et, miraculeusement, dans la soirée, la « fi-fille aux yeux rouges »

    piggy 2

    s'était complètement rétablie, ce qui nous avait assuré d'une reconnaissance manifeste et quasi éternelle de la part de cette famille « ambrageuse ».

    Alors que, malgré l'heure tardive, « Tygrys » et pan Leszek restaient toujours absents !

    Il y avait visiblement anguille sous la roche... de cette Lagune de la douce Vistule...

     

     


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  • AMBRE ÂGÉ...


    Si l'eau froide de la Baltique favorisait un raffermissement musculaire plus que correct en rendant la gente féminine encore plus attrayante, dans le cas de pan Leszek, ça l'avait conduit à l'obligation ferme de se fourrer de menus bateaux de son fiston et autres mouchoirs, dans son maillot, afin de pouvoir garder le design initialement prévu pour un mâle à la virilité tapageuse et ostensiblement repérable.

    http://www.youtube.com/watch?v=TRdml1iGwns&feature=related

    La flotte froide était également propice au surdéveloppement de délicieux harengs, de plies, de calamars et autres petits trésors vivants et maritimes.

    Les méduses non urticantes encombraient cependant « inesthétiquement »

    meduza2

    - tels des soutiens-gorges chiffonnés et aux diverses tailles de bonnets à rembourrage « silliconneux », -

    silicon 2

    les plages avec leurs « corps » roses et gélatineux copieusement regorgés d'eau.

     (« Un poivrot fortement faible ou, faiblement fort, se tient à table dans un local gastronomique en face d'une assiette présentant un délicieux aspic de pieds de cochons  - « galareta ze świńskich nóżek » - gélée - au féminin. (Gros miam !).

    galaretka

    Il tremble, secoué par les spasmes d'un renvoi imminent de tous les aliments ingurgités auparavant. 

    Il se balance dangereusement à gauche - à droite...

    L'aspic - la « galareta » avec la table, aussi !

    - Arrrr-êêêt-hhhe-eee de trrrembleeeer de peur, - hic !- couuuu-nasssse... J't' boufferais -hic !-  pôôô ! - s'adresse-t-il à la "galareta"...»)

    Quel gaspillage !

    A l'époque, je pensais même inventer un procédé pour les déshydrater et commercialiser la flotte ainsi obtenue auprès de quelques cheiks assoiffés de liards et se lyophilisant aux Emirats Arabes...

    Cependant la trouvaille la plus merveilleuse et le passe temps favori de tous c'était indiscutablement l'ambre : ce minéral organique qui devient mou à 170° C et flambe en se détruisant à une température de 270 - 300 ° C...

    La variété de l'oléorésine baltique s'appelle succin...

    Figée à l'eau froide et provenant des conifères reposant depuis des millénaires dans le fond de la mer Baltique, la côte entre Gdańsk et Kaliningrad (Königsberg)  pullulait littéralement de cet élément.

    Un...

    En polonais « bursztyn », ou « jantar » - en version lituanienne.

    En suédois « bärnsten » - soit : une pierre vivante.

    La demande de bijoux divers en ambre a toujours été et reste  toujours très forte.

    Les nombreux petits kiosques et autres « comptoirs d'achat » d'ambre faisaient partie du paysage de la Baltique au même titre que les « smażalnia ryb » - les fritures de poissons, telles les plies, - « flądra », « halibut » (flétan), de maquereaux, de calamars et de jeunes anguilles...

    Il y avait également des fumoirs « de fortune », par ci par là,

    wedzenie2

    où on pouvait s'attarder et suivre de près le fumage des poissons, et avant tout celui des pécheurs s'y mouvant - aux clopes de marque « Sport » dans leurs becs aussi  édentés que ceux des maquereaux... et d'en goûter sur place.

    Selon le souhait !

    Ce dont nous profitions également largement, c'est qu'à chaque retour des leurs petits bateaux, les pécheurs de la mer, en calibrant les poissons dessinés à la vente, rejetaient « les petites tailles, le menu fretin»... juste dans nos filets largement écartés.

    Un échange des filets en quelque sorte...

    De l'aube au crépuscule, les touristes, au différent degré de bronzage - « cramage » sans ombre (la couleur de la peau était  très importante pour pouvoir marquer son statut et ses droits en matière de territoire !), sillonnaient régulièrement les plages, tout en se bloquant les échines et les globes oculaires, à la récolte acharnée de la moindre pépite d'ambre.

    bursztyn2

    Et dans le cas de l'ombre d'un doute, ils ramassaient le « caillou » d'ambre et le mordaient pour être sûr que...

    Parfois, au lieu de ce « gemme » organique, ils mordaient dans un morceau de « towot » -

    towot2

    cette matière chimique, épaisse et grasse de couleur brune, destiné à graisser les pièces mécaniques...

    Parfois, il s'agissait de goûter une simple déjection d'origine organique inconnue... et c'est tant mieux...

    Par rapport à la beauté des spécimens fournis - du « bursztyn » clair et transparent, ou avec un insecte ou la partie d'un végétal y enfermé, à la grosse pépite brune foncée... - l'argent obtenu en échange de cette trouvaille pouvait aisément rembourser les vacances à cet endroit.

    Et si ce minéral était tant demandé dans le monde entier pour son pouvoir « soulageant et guérissant » les rhumatismes et autres problème thyroïdiens de goitre, il portait absolument malheur à tous ceux qui étaient nés sous le signe du zodiaque du « taureau » !

    Je le suis, et le gros « bursztyn » que j'avais trouvé et suspendu à mon cou, m'avais crée plus d'ennuis en un seul mois que l'année la plus infecte et la plus turbulente de ma vie...

    Personnellement, à choisir parmi les éléments du tableau de Mendeleïev (et les trois de pan Leszek...), entre le plus mou et « portant en lui la mémoire » et le plus dur, celui « étant éternel », j'ai toujours gardé ma préférence pour les diamants.

    http://www.youtube.com/watch?v=0L8sHIU8YAg

    Poupoupidou !

     Et, en ce qui concernait les autres éléments...

    Trois...

    Et les bateaux « rembourrant » le « string de Batman » (de son fiston de quatre ans ?), incrusté dans le muscle fessier et « hurlant la pitié » du sommet du ventre bedonnant de pan Leszek...

    slip bat 3

    Nous, les filles,

    sirene2

    - toutes les deux,

    sirene2

    "ma foie"...

    (non, pas celle de morue !),

    - nous n'en apprécions aucun...


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  • Ambrophiles

    Armbrologues


    mierzeja2

    « Plaża, dzika plaża, morze dookoła... » - chantait Stan Borys...

    Ah que oui !

    „Dzika plaża" - la plage sauvage, mais „dzik" en polonais veut aussi dire sanglier, au singulier, lui...

    « Dziki » - au pluriel... et, ma foi, ils étaient très nombreux !

    Certes, ils ne s'aventuraient jamais sur la plage de sable fin, mais ils restaient tout de même présents un peu partout sur notre chemin, nous ne laissant, par leurs grognements « discrets », que des doutes pour notre traversée (sains et saufs) à leur proximité camouflée.

    Nous comprîmes alors pourquoi ce hameau vivait « en cachette »,  entre de solides cloisons...

    A la vue d'un autre « sauvage », il fallait courir - « nogi za pas » - « les jambes derrière la ceinture » (bofff... jamais compris cette expression : comment pouvait-on encore courir ?) - à toute vitesse afin de gagner la première porte salvatrice de l'enceinte externe... ou un chêne centenaire.

    Le reste de nos journées, nous nous y déplacions armés de solides bâtons, avec des petits pistolets de gosses à « bouchons explosifs » et, obligatoirement, en « troupeau ».

    Nous prenions souvent avec nous un petit « piesek » - le brave chien-chien local - « Néron » -

    neron2

    que nous appelions « Neurone » en hommage à ses capacités intellectuelles dépassant largement celles de ses maîtres...

    C'était un sympathique et joyeux clébard, croisement entre un chien du village (oh, le courageux !) et une louve (oh, la traînée !) lequel, tout en cavalant en zigzag, détournait efficacement l'attention des grosses laies enragées, nous facilitant ainsi la fuite.

    http://www.youtube.com/watch?v=gqg3l3r_DRI

    (Et la défense de sanglier s'appelle "szabla" - le sabre...)

    Avec le brio digne d'un loup, il repérait et « écartait » également toutes les « miedzianki » rampant sur notre étroit chemin et pas nécessairement en notre direction...

     

    Un autre danger, outre les bêtes y existantes, émanait de cette famille d'accueil même...

    Les cinq fils, d'âge rapproché, car venus au monde à  une cadence infernale et à intervalle de neuf mois environ, - fortement « psycho - ralentis » et modérément sociables, faisaient incontestablement partie de cette faune sauvage...

    Présents partout, sans gêne hélas (y compris dans notre chambre), ils essayaient inlassablement de nous « écouler à bon prix » et en guise de « souvenir » de vacances, des objets couramment « trouvables » dans leurs parages.

    Le matos des touristes est-allemands campant tout près (ceux dont la Trabant avait récemment flambé, ce que personne n'était en mesure d'expliquer...), - sous la forme d'une bouteille de propane et butane jamais entamée, ou d'une chaise pliable à l'état neuf, ou d'un matelas gonflable jamais gonflé - Bref, tous ces objets dénichés dans un camping quelconque ...

    Des portefeuilles vides et relativement neufs...

    De somptueuses serviettes de plage bariolées au « coucher de soleil dans des contrées lointaines »...

    Des bijoux de toute sorte...

    Ainsi qu'une grosse poignée de cinq grenades antichars rouillées,

    amunicja2

    datant de la deuxième guerre... (et si intéressés - il y en avait encore une centaine de disponible au cours du jour...)

    Des casques militaires des armées allemande et russe, péchés dans la baie...

    casque 3

    Rouillés aussi.

    La panoplie qu'ils nous proposaient était aussi diversifiée qu'abondante...

    Mais le comble arriva lorsqu'ils nous proposèrent de « jeter un œil » en vue d'acquérir une... bombe aérienne rouillée - « niewybuch » - non explosée, de 60 kg.

    « Inoffensive et enfuie sous terre, là... A 3 mètres... où peut-être à 400 kilomètres d'ici... » - nous avait appris un gamin de 6 ans.

    C'est alors « Tygrys » qui avait explosé à la place de la bombe.

     Il nous avait fallu une journée complète (pas de téléphone sur place...) pour essayer d'expliquer aux « Milicjant » de la Milicja Obywatelska de Krynica Morska, et surtout de la convaincre de nécessité imminente de s'en occuper.

    dodos 2

    Des vrais « Milli-Cjant » - la millième partie d'une unité de mesure de base - le « Cjant », - le bon fonctionnaire de police.

    C'était encore une fois que notre co-bronzeur de fortune... le « Lion » d'à côté qui était « puissamment » intervenu en « homme fort », tout en froissant ainsi et encore une fois « Tygrys ».

    (Ah, cette rivalité entre les deux félidés...)

    Pan Leszek travaillant à la « Telewizja Polska » et en plus à Var-soooo-vieeee, n'avait peur de personne !

    Il pouvait y ameuter et en faire venir toute une « guardia de journaleux à pif fouinant et à grande gueule »...

    Mon père, quant à lui, s'était merveilleusement maîtrisé pour ne pas assommer l'un ou l'autre pignouf « en tenue de flic », - malentendant et avant tout, mal assimilant tout propos pourtant cohérent et émanant d'un vacancier...

    Sans précipitation exagérée, et surtout sans aucune précaution quant à la évacuation des civils, une « unité très spéciale » - et comment ! - de « Milli-Taires », composée de trois sapeurs démineurs de l'armée polonaise était venue à bord d'une vieille jeep.

    *********

    Alors que nous étions tous en train de lutter contre les méduses,

    meduzy3

    et l'hypothermie, généreusement offertes par ce 415 266 kilomètres carrés de flotte.

     

    A faible contenance en sel et atteignant péniblement 18° C à son maximum...

    Ce n'était nullement le cas...

    mer froide2

    La saison à peine commencée ne pouvait nous garantir, hélas, que 13° C... mais en échange d'une plénitude la plus totale !

      


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  • AMBROPHILES


    Le minuscule hameau de sept maisons, à Siekierki, était notre nouvel endroit choisi en vue d'y passer nos deux mois de vacances d'été.

    http://www.youtube.com/watch?v=mzNEgcqWDG4

    Il était situé près de Krynica Morska, à 60 km. de Gdańsk, sur la fine lamelle de terre (quatre kilomètres de large) de la Presqu'île de la Vistule au-delà de la Lagune de la Vistule (également appelée Lagune de Kaliningrad) - une baie d'eau douce remplie... d'eau douce et d'anguilles de la taille de boas constrictors...

     Le micro climat doux y était propice à la surpopulation des moustiques, redoutablement audacieux et crapuleusement voraces, ainsi que de toute vermine rampante, cavalant et glandant, comme les perce-oreilles, -« szczypawki » (chtchipavki)...

    skorek 2

    http://www.youtube.com/watch?v=-GiD6XBsc2M 

    Après avoir péniblement traversé, en diagonale, toute la Pologne, du Sud-Ouest vers l'autre extrémité du Nord-Est, nous y arrivâmes.

    Le crépuscule était déjà bien avancé...

    A une période de la journée où tout peut se passer...

    Dans une pénombre « de plus en plus complète », nous nous aperçûmes que la maison-ferme accueillante notre séjour estival était plutôt curieusement placée au centre de trois gigantesques terrains de cultures agricoles (cercle externe : les pommes de terre, au milieu : quelques arbres fruitiers, près de la maison - sous l'oeil vigilent : un potager) - le tout robustement clôturé par trois palissades d'une hauteur de 3 mètres environ...

    Quasi identiques à celles du village où la population locale et affolée craignait un dénommé King Kong.

     ?!

     (Aucune explication...)

     Lors de notre droppage tardif (l'arrivée prévue pour cette date par le courrier) au sein de cette famille « d'accueil », l'ambiance s'y avérait manifestement glauque et ombrageuse : tout en harmonie avec les diverses bestioles s'en donnant à coeur joie et l'estomac vide pour nous becter...

    Illico.

    Et presto, aussi...

    Il s'agissait d'une famille d'Ukrainiens polonais ou Polonais ukrainiens (si on préfère - même eux, ils n'en savaient pas plus, non plus...), installée sur place un peu à l'insu de leur « demi gré », depuis la fin de la seconde guerre.

    Ils avaient l'air d'être un peu rustres et avant tout très « rustrophones » car ils ne s'exprimaient (si on peut dire !) que dans un patois semi piteux, basé sur la répétition syllabique (à la prononciation gutturale et grognant), composé de mots d'origine « russo-polono-cachoubo-prussiano-et-Dieu-sait-quoi-encore », - conjugués et déclinés spontanément et par rapport à leur engagement personnel lors de l'entretien en cours.

    Ils étaient certainement si peu loquaces parce que, visiblement, toutes les bestioles volantes et affamées se forçaient pour les mater et les rendre insectivores...

    Quant à la « chambre d'ambre » qui nous avait été attribuée...

    bursztynowa komnata2

    Cinquante-cinq mètres carrés pour quatre personnes...

    (Lilusia était avec nous.)

    Certes, notre appart', après tout, ne comptait que 48 m2, mais  cependant il était décemment cloi-son-né !

    Dans celle-ci, il ne nous manquait qu'un trône... de WC pour un confort idéalement correct.

    Mais en cette période délicieuse de vacances, nous ne nous apitoyions surtout pas pour autant.

     

    Le lendemain...

     

    Un rugissement long et sonore : « âââââ-ouuuuuu-haaaa » terminé par un bref « wouaaafff' », suivi d'un jet de liquide se déversant dans un récipient métallique (suggérant de l'urine dans un seau...), nous avait fait découvrir qu'un « lion » logeait probablement tout près de nous.

    Pan Leszek,  un mâle d'une quarantaine d'années.

    « L'homme bronzé et ombrageux » - au bronzage soutenu d'au moins deux semaines avait fait une irruption sur notre petite terrasse commune... 

    wiadro 2

    A notre vue commune, les deux « fi-filles à l'âge batifolable », pan Leszek s'était empressé pour nous expliquer en « deux mots », le « néant » (connu récemment) de son état civil : d'un homme libre et disponible, largement ouvert, comme la Baltique, vers le monde extérieur...

     

    Après une rapide organisation logistiquement nécessaire, du genre « qui faisait quoi, avec qui, où et à quel moment » - cependant tous ensemble, nous nous sommes précipités vers la plage située à trois kilomètres environ de notre logement.

    Non, ce n'était pas une graaande distance, mais il eut encore fallut y parvenir...

    Vivant et entier !

    Les consignes de nos hôtes étaient strictes : faites ce que bon vous semble, mais...

    Mais, à chaque passage dans un « enclos », il fallait soigneusement fermer la porte...

    En quittant cette maison, il y avait donc quatre grilles  « à ouverture - fermeture ».

    Huit manipulations musclées en tout... et tout en s'arrachant les doigts...

     Ensuite, il fallait traverser, par un minuscule sentier, un bois feuillu, humide et plein de vieilles racines d'arbres et « wykroty » - des fosses immenses.

     C'était là que j'ai aperçu ma première "vipère" !

     miedzianka 2

    « Miedzianka » - Anguis fragilis - cette espèce d'orvet roux, un lézard apode (apode satanas !) souvent confondu avec un serpent ou un câble de haute tension. 

    Inoffensif, paraît-il, mais encore fallait-il qu'il le sache, lui !

    Autant le contourner sans lui poser la question, mais quelle sensation !

    Pan Leszek s'était même courageusement interposé entre le « câble » roux en reptation et nous, les femmes au trot et en hurlements aigus.

     

    Et nous voilà, arrivées sur une route asphaltée - La Gdańska - longue de 60 kilomètres, reliant la ville de Gdańsk à la frontière « russtre ».

    Cette « route stratégique » - construite avant guerre par les Allemands et adaptée au passage de chars, - sinuant expressément entre les vieux chênes afin d'éviter le repérage et le bombardement lors de raids aériens.

    A sept kilomètres de là, vers l'ouest, en direction de Gdańsk, en 1940-1941, se trouvait un camp allemand destiné à y emprisonner et exécuter  l'intelligentsia polonaise, peu commode à l'époque : Sztutowo - Stutthof.

    stuthoff 2

    De l'autre côté de la chaussée, « szosa », le sable jaune et la présence accrue d'immenses pins parasols laissaient pressentir la proximité de la mer de Baltique.

     http://www.youtube.com/watch?v=NYiMyoFtzRw

    Tout en contemplant ce beau paysage, je me suis rendue compte que j'était « visitée ».

    Certes, j'étais envahie par la beauté de tout ce qui m'entourait, mais surtout, par mille et une fourmis rousses au venin à fort dosage d'acide formique et aux abdomens ronds comme le planétarium de Moscou, - fourmis, qui, en un seul instant s'étaient absolument toutes retrouvées sur mon corps dénudé et arborant avec peine un accoutrement vestimentaire plutôt minimaliste - leur facilitant ainsi la tache pour me « goûter » de près.

    mrowki

    Ainsi, avait-il fallu faire les derniers 400 mètres, dans le sable, au grand galop.

    Hâte, hâte, hâte !

     

    Mais le pire... pour aujourd'hui...

     C'est qu'en revenant, vers 19 heures, d'autres êtres vivants prenaient  possession de ces forêts tout en servant d'accélérateur pour nos pas.

     Les sangliers.

    locha 2

    Une véritable meute de sangliers prêts à tout pour nous dissuader de nous y promener, vivant cette période redoutablement dangereuse de leur vie... et de la nôtre : le sevrage de leurs petits - déjà grands.

    roux 2


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