• UN FORT TUNÉ...


     Certes, les poches de mon jeans américain, serrant étroitement mes fesses, de plus en plus délavé et coûtant « la peau de ce derrière », étaient vides, mais la « caisse » de notre famille, cependant régulièrement renflouée, connaissait également des restrictions budgétaires draconiennes.

    « Tygrys », après des années de « matage sans quartier » de sa Trabant 600, « cartonnée plastifiée », s'était mis en tête l'acquisition imminente d'une nouvelle voiture, fraîchement apparue sur le marché automobile polonais, la Fiat 126P  (« polski »).

    fiat2

    Une vraie voiture en vraie tôle !

     « Une famille unie prend son repas, confortablement installée à la petite table de la cuisine...

    - Oh, ce serait merveilleux d'avoir une voiture... - dit le père.

    - Oh oui, oh oui ! - s'exclament les enfants subitement enthousiasmés.

    - Mais comment faire ? Nous n'avons même pas assez d'argent pour nous acheter une roue d'une Fiat 126... « P » - dit amèrement maman.

    - Eh, oui... Mais, est-ce que tu imagines - nous quatre dans une nouvelle bagnole ! Génial ! Un moteur puissant et un petit coffre... Cela nous suffirait amplement - continue le père d'une voix rêveuse...

    - Avec une attache remorque et une galerie sur le toit, ce sera parfait... - dit maman

    - Non ! Pas de galerie ! Pourquoi faire ? Que le strict nécessaire !

    Maman boude...

    - Oh oui, pa' ! Et moi, je prendrais la place à côté de toi ! - s'exclame un gosse.

    - Non, c'est moi qui m'installerais à cette place ! - vocifère le deuxième.

    - Allez, mes enfants, - cette place serait destinée à maman ! Et vous, vous irez sur les confortables banquettes arrière - conclut le père, irrité.

    - Oui, mais alors tu arrêteras de toujours me pousser et de me jeter des coups de pieds ! - tonitrue le cadet.

    - Oh, fous la paix ! Je prendrai toute la place que je voudrai ! - hurle l'aîné.

    (Suivi de : Non ! A que si ! Mais non ! Je te dis que si ! Non ! Non !...)

    - Allez les enfants, c'est tout maintenant ! Arrêtez enfin de vous chamailler ! - intervient maman criant sévèrement.

    - Cholera jasna ! Saperlipopette ! Un peu du calme ! Et puis zut ! Puisque c'est comme ça, TOUT LE MONDE DESCEND de la bagnole !! - tonne rageusement le père. »

     Ainsi tous les revenus provenant des leçons privées d'anglais de maman (et elle en donnait énormément), ainsi que les nombreuses primes octroyées en guise de reconnaissance pour les innovations technologiques de mon père

    aux bons travailleurs2

    http://www.youtube.com/watch?v=eWNykOk2ckE

    se regroupaient sur un compte portant le nom « Autko » - toto.

    Le compte spécialement ouvert à « P.K.O » (Polska Kasa Oszczędności - Caisse Polonaise d'Epargne) - le seul et unique organisme du pays disposant aisément de l'argent y déposé en toute confiance... et, avant tout, vigilance !   

     Je prenais quotidiennement le bus « 45 » reliant Katowice - en Silésie, considérée comme germanisée - avec Sosnowiec, situé à Czerwone Zagłębie, et représentant une ville « transfrontalière » entre la « vraie » Pologne et « laide dite » Allemagne.

    Afin de tirer mon plan, je disposais d'une tune journalière de 20 zl. - juste assez pour me permettre de boire quatre misérables « herbatka z cytryną » - du thé au citron, et encore, dans le cercle des étudiants « Tam » - « Là bas » de notre université...

    J'étais très « peu-tunée »

    Ou, en « rasant » ces breuvages, je pouvais également siroter (le plus longtemps possible) un Coca-Cola qui en coûtait l'équivalent de cinq...

    Certes, j'étais toutefois équipée d'un « casse croûte » sous la forme d'une tartine du genre « étouffe chrétiens » au saindoux,

    chleb ze smalcem2

    ou, au fromage blanc de maman, ayant la consistance de la feta grecque et au goût de plâtre médical.

    Se trimballant avec moi à longueur de journée, aux alentours de 16 heures ce fromage me lâchait et prenait une forme de « ser topiony » - le fromage fondu, - en incrustant osmotiquement toute « sa structure moléculaire » dans celle de ma tartine sèche et épaisse... et, celle de mon matos d'étudiante...

    elimine les mouches2

    Heureusement, j'avais un copain, Mirek (Mirosław - celui qui, selon le calendrier païen « glorifie la paix »), devenu plus tard un haut gradé à la police.

    Un garçon à l'aspect physique oscillant entre le bûcheron sibérien et le chef Apache, issu du milieu rural

    les jeunes2

    et possédant, outre ses deux bourses de gamin, une autre : celle des études - « stypendium ».

    Il était toujours nanti en bonne bouffe campagnarde !

    Que des grosses tartines aux divers et délicieux dérivés à l'ail et provenant du « świniobicie » local, soit de l'abattage fréquent d'un cochon ou d'autres bovidés ou volatiles...

    salceson2

    Ayant eu un surplus alimentaire considérable ainsi qu'un cœur immensément généreux, il le partageait volontiers avec son autrui « proche », à savoir : nous.

    Les menues tunes m'attribuées au « goutte à goutte » étaient largement insuffisantes.

    Ayant connaissance d'un dicton que « l'argent se trouvait dans la rue » et « qu'il n'avait pas d'odeur » je me suis mise à l'œuvre.

    L'argent...

    Nooooon, je ne me suis pas pour autant précipitée à « en faire dans la rue »...

    Rien qu'à voir déjà la concurrence plus que soutenue émanant de la part d'une trentaine de « filles malheureuses » qui étaient toujours en train « d'en chercher »... sur notre célèbre rue - ulica Mariacka... cela ne m'était jamais venu à l'esprit.

    ul  mariacka2

    Et, dans mon cas bien précis, j'ai commençé par scruter attentivement nos « crottoirs » - trottoirs à crottes canines - au lieu de suivre d'un regard désespéré (quoi que menaçant !) les pigeons se soulageant librement en plein ciel.

    Et, parfois, ma foi, j'en trouvais l'une ou l'autre tune.

    Cependant, la plus spectaculaire de mes trouvailles pécuniaires a été la somme de 600 zlotys - l'équivalent d'une trentaine de leçons d'anglais (de 70 minutes...) de maman.

     En marchant dans la rue - ulica 3-go Maja, près de Dworzec Główny - Gare Centrale de Katowice, je suis tombée sur une première pièce de 5 zl. (à gauche) - Personne ! Ramassage - puis une tune de 2 zl. (à droite) - idem - 20 zlotys - cool - un billet de 50 zlotys (à gauche) - par ici « twé » - et encore et encore...

    Un zloty par un mètre parcouru (quoi qu'en zigzaguant) !

    Au bout de quelques immeubles et après six cents mètres, à ulica Stawowa... subitement : terminus !

    Un poivrot, dans un état lamentable car « ethyliquement » arrangé, gisait, en position couchée contre une lanterne et dans ses urines, tout en évacuant bruyamment le surplus de la boisson se tâtant partout et en éventrant ses poches afin d'y trouver une clope...

    pijaczek2

    http://www.youtube.com/watch?v=ijnfdLFhn2o

    Ses gigotements piteux étaient ponctués par des séquences difficilement audibles : « Woooo-k... Woooo-k... Urwa » -autrement : « Woooo-p... Woooo-p... Utain... » - comme s'il voulait appeler toutes, celles de la rue Mariacka, située à l'opposé de la rue Stawowa.

    ulica

    Toute discussion éventuelle avec lui et la moindre explication en vue de lui rendre ses sous s'avérait totalement inutile.

    Il me semblait...

    Et encore étaient-ils à lui ?

    J'avoue que j'en n'étais pas trop fière de moi...

    Toutefois, pour ma première expérience en « ramassage de pognon dans la rue » ce n'était pas trop mal.

    monety2

    De plus, je l'ai récupéré juste à temps !

    Avant qu'il ne prenne l'odeur de son porteur...

    Après tout, ce n'étaient que quelques petites tunes qui faisaient ma fortune et l'infortune de « drobny pijaczek » - menu poivrot !

    faire d'eux les hommes2


    votre commentaire
  • COLONS NUISANTS


     Au travers des nombreux cours de Pédagogie, la Philologie Russe nous préparait également à la profession d'enseignant.

     Ainsi, chaque année, pendant les vacances académiques, il fallait que nous effectuions un mois de « stage pratique de pédagogie » en tant qu'éducateur dans une colonie de vacances ou un camp de jeunesse...

    pingwinki2

     

     Ce travail, pareillement à celui presté dans une usine, était aussi piètrement rémunéré, alors que, comme dans tous les cas semblables, les « professionnels » se reposaient royalement en se prélassant impunément par devant notre présence afférée.

    belle vie 2

    http://www.youtube.com/watch?v=p7a62QEVdCA&feature=related

     Je suis partie dans le Jura Krakowsko-Częstochowska pour accompagner un groupe de 87 enfants issus de familles démunies travaillant dans une entreprise alimentaire (mon cher Watson...) polonaise connue, appelée... Hmm... Disons - « Tous Ensemble » - si on veut, - et employant plusieurs milliers de personnes...

    Dès notre installation dans l'autobus

    ikarus

    car difficilement appelable un « autocar », je pressentais que la « transmission de l'éducation » s'avérerait plus que douloureuse...

     Hormis un Grand Intendant Ravitailleur Mobile, une Infirmière Dispensaire et deux Cuisinières Sachant Cuisiner - la troisième, en fonte et munie de cinq becs de gaz, faisait déjà partie de l'équipement mobilier de la cuisine

    kuchenka gazowa2

    - il y avait également un « Sprytny » (futé) Directeur Colonisateur de Ces Lieux suivi de près de son Epouse Moyennement Fidèle Cependant Dévouée et deux... ses deux ? A lui ? ... filles Frêles et Boudant exerçant la fonction « d'éducatristes ».

    Remarque : La deuxième « aide cuisinière » y vivait les rares occasions journalières de se laver (enfin !) les mains « ensemble avec la vaisselle »... (Je sais : c'est « pagnolesque »...) 

    zmywanie_naczyn

     Il n'a pas fallu longtemps pour que nous, les « autres », les « hors la famille », les « chats de gouttières », remarquions le but essentiel des agissements collectifs et toutefois clairement frauduleux de ces complices issus de la même cellule familiale...

    Leur devise, pourtant vieille comme le monde, était :

    « En deux mois de vacances - vivre dans l'opulence... »

    Et, surtout :

    « En absence de contrôle - se faire un pactole... »

    http://www.youtube.com/watch?v=3jVc8coAUhc&feature=related

    Ainsi, au lieu de 30 litres de  crème fraîche destinés à napper les « truskawki », les fraises du dessert de ces gosses, le Grand Chef n'en achetait réellement (et auprès « son » agriculteur local) que quinze, et afin de la rendre onctueuse et surtout bien épaisse, il y rajoutait, « en personne », un ou deux kilos de farine bien blanche et quelques litres d'eau...

    Parfois cela marchait - les estomacs des enfants ne se rebellaient trop...

    D'autres fois... Eh oui... il a tout de même fallu en transporter quelques uns aux urgences d'un hôpital situé, heureusement, près de l'établissement scolaire abritant la colonie...

     Alors que « tout le monde » - nous - se gavait de la quotidienne « potée maison » dont la composition restait aussi discrète et mystérieuse qu'austère, et de tartines à l'éternelle confiture et/ou marmelade, ravagées par des troupeaux de guêpes en folie, - cette « famille dominante » s'empiffrait avec des plats fins et fortement différents, cependant communément prévus dans le même menu du jour et... surtout soigneusement recensés dans les registres de la caisse mise à cet effet, par le service social de l'entreprise « Tous Ensemble ». 

    ksiegowosc2

    (« "Przyszła żaba do fotografa" - une grenouille rentre chez un photographe...

    - Aaanjoouuur ! Jeee vouudrâââî une photo mais cooomme j'aaai « baaardzo szerokieee ustaaa » - la bouche trèèèès lââârge, je voudrai y paraaaaître aaavec une bouche trèèès fine !

    zaba szerokoustna2

    - C'est tout simple, chère madame : à mon signal, vous prononcerez le mot « confiture » (-cnfitiur-), d'accord ? Vous êtes prête ? Allez-yyyy !!! - crie le photographe

    - Maaarmeeeelâââde... »

    Visiblement, la plupart des enfants participants menaient une vie dure pendant l'année scolaire en ne côtoyant sous leur toit que des nombreux « tontons » changeant fréquemment et, en course permanente après les « rosettes avenantes et disponibles à tout venant » de leurs mères.

    Il y avaient, entre autres, deux fillettes, deux sœurs de 8 ans qui, pendant une semaine entière n'osaient pas se mettre en pyjama parce que leur petite valise commune ne contenait que des déshabillés « nausées-osés-olé-laids » de leur mère,  - soit de la lingerie féminine, en tulle et dentelles, aux couleurs paralysant instantanément toute rétine d'un humain normalement constitué... 

    déshabillé2

    Ou un petit garçon, qui ne voulait ni se laver, ni nous adresser la parole...

    Etant régulièrement « corrigé » par un « tonton testostéroneux » à l'aide d'une fiche de fer à repasser, son dos maigrichon ressemblait à une large plaie infectée...

    **** 

    Petit à petit, les enfants apprenaient à se prendre en charge et avoir confiance en eux...

    (La famille aussi...)

    Ils se lavaient gaiement et aux éclats de rires.

    (La famille présentait le rire jaune...)

    Ils ne faisaient plus pipi au lit...

    (La famille, si...)

    Ils n'avaient plus peur du « noir »...

    Ils étaient simplement épanouis...

    (Contrairement à la famille...)

    Grâce au petit jeu au « szop-pracz »

    szop pracz2

    - au raton laveur (inventé sur place) - le soir, ils faisaient quotidiennement leur petite lessive.

    Ils avaient même l'air d'oublier qu'après l'école, ils devaient se disperser dans les terrils silésiens tout proches, à la recherche de bouteilles vides, en vue de les vendre à un marchand « spécialisé »... et apporter le pognon, - « co do grosza » - jusqu'à dernier sou,  obtenu, à l'un ou l'autre « tonton spongieux » à la soif excessive et difficilement « désaltérable »...

    Avec le Grand Intendant Ravitailleur Mobile, Janek et l'Infirmière Dispensaire, Danusia, à trois et face aux sévices de cette famille, nous ne pouvions tout de même pas intervenir que verbalement...

    Pas de téléphone sur place (ni ailleurs...) - pas de « Sanepid » - Stacja Sanitarno-Epidemiologiczna (AFSCA) !

    Pas de rémunérations pour mes deux complices rebelles !

    Ni mes « cacahuètes »

    orzeszki2

    pour ma poche estudiantine toujours vide et dégonflée comme une vieille chambre à air...

    Et, avant tout, le rapport du Directeur relatif à mon stage pédagogique s'avérerait plus que minable...

    Cependant, il y avait un menu détail que cette meute de  « colonisateurs » ignoraient profondément...

    C'est que le fils unique du directeur principal de la firme « Tous Ensemble » (et par la même occasion le premier secrétaire du parti - aïe, aïe, aïe !) en faisait également partie...

    Modestement.

    Et, ce fut grâce à ce petit bonhomme que nous pûmes alors obtenir (enfin !) un entretien avec son Illustre Père « Nettoyeur », suivi de :

    • a. notre pognon prévu pour la prestation et augmenté d'une « prime circonstancielle »;
    • b. un excellant rapport de stage;
    • c. une référence pour trouver au futur le même travail cependant « payé à 100% » ;
    • d. et enfin, l'écartement de la famille de toute fonction pédagogique, suivi d'une amende « à valeur lourdement ajoutée »...

    votre commentaire
  • RUSSELAND de LUDMILA


    Le choix de mes études n'avait rien de prémédité : je voulais simplement continuer l'apprentissage de cette langue chantante et si agréable...

    J'aimais bien l'italien aussi, mais alors le coût de mes études aurait été catastrophique pour mes poches béant d'un vide.

    Je voulais connaître la culture au travers de la littérature russe.

    Je rêvais de devenir plus tard traductrice afin de « traduire fidèlement les discours à transmettre entre ceux qui parlaient des langages différents »...

    traducteur

    La Philologie Russe nous donnait également le droit d'exercer la profession d'enseignant de la langue russe...

    Juste avant, je voulais devenir vétérinaire-zoologue pour travailler un jour dans un zoo-parc, « noyée » entre mes « protégés »...

    A l'annonce de ce projet à mes parents, c'est tout juste si « Tygrys » ne s'était pas étouffé avec un banal morceau de  pastèque...

    - " Quoi !? Tu vas finir ta vie en inséminant artificiellement et massivement notre cheptel bovin national ?! Tu vas rouler en  mobylette comme pas possible  dans les coins les plus éloignés? En plus, en ne suscitant que des problèmes auprès des taureaux..."

    (Il l'avait dit !)

    « Un vétérinaire, chargé de la mission d'inséminer artificiellement une vache, arrive sur une mobylette de marque « Komar » - moustique - dans un tout petit bled...

    A son arrivée, la vieille « baba » locale - bobonne - lui propose un seau d'eau propre, un essuie-mains et... un crochet dans le fond de l'étable afin qu'il puisse y pendre son pantalon... »

    ***

    « Dans un milieu rural, un gamin arrive à  l'école très en retard :

    - C'est parce que j'ai dû conduire le taureau auprès d'une vache pour la "couvrir"... - explique-t-il timidement.

    - Et ton père, alors ? Il ne pouvait pas le faire ? - demande l'institutrice

    - Si, bien sûr ! Mais il m'a dit que le taureau le ferait encore mieux ... »

     

    De toute façon, je me voyais très mal en mobylette « Komar »

    motorower komar2

    ou autre, et en grosse doudoune  - « waciak »,

    waciak 2

    chaussée de bottes en caoutchouc à longueur de journée et en piquant « la vedette » aux pauvres reproducteurs couillus bovins ...

    couple2

    J'ai donc décidé de continuer mon russe, déjà bien avancé... et cela, certainement pas dans le dessein de me déplacer en « Wołga »,

    wolga

    ou, mieux encore, en « Tchaïka » - mouette - noire aux vitres teintées...

    tchaïka2

    Remarque : Quoi que... Quelques années plus tard, c'était exactement dans une « Tchaïka » appartenant au Président de la République Géorgienne, immatriculée n° « 1 », que je sillonnais ce beau Caucase graniteux... où, avec une certaine amertume, j'ai pu mirer de près le monument de Staline, érigé juste devant son domicile,


    maison staline

    jadis fixe et toujours d'origine, à Gori... 

    http://www.youtube.com/watch?v=9Q-OzsOmi00&feature=related

    Après tout, les vrais « apparatchiks » (à vos souhaits !) polonais ne devaient même pas suivre de quelconques études !

    Il suffisait de vouloir en devenir « un ».   

    Au début de ma deuxième année d'études, j'ai été, hélas,  « contrainte » de suivre la fameuse « littérature productive » post révolutionnaire - cette pure merveille - établie par l'« Aciéreux », au poste, tant incongru que jurant, de ministre de la Culture...

    Par ailleurs, tous les tyrans politiques des régimes communistes est-européens excellaient dans l' « auto-attribution » de « spécialités » les plus farfelues.

    Comme la famille de Nicolae Ceauşescu Sr, son épouse, Elena - cette « grande spécialiste » en chimie et biologie, ou son fils, Nicolae, Jr - le Grand « Coach » du sport national...

    Chacun se gavait d'un « droit de connaissance divine en la matière... Ès... pèce de... ».

    Dans les années 30-40., Staline avait décidé que, dorénavant, toute personne sachant écrire,  ou pas, s'attellerait à la conception de « romans productifs » - des ces « chefs d'œuvres », qui parleraient avec tact et emphase de la magnifique réussite communiste.

    http://www.youtube.com/watch?v=nAh5mfkuAXk

     

    staline rédige...

     

    Cette « branchette » de la littérature russe était jalousement et hermétiquement couverte, ainsi qu'adroitement « cathédrée », par le corps des enseignants « vicelards » et sévissant en couple, et avant tout, comme deux sadiques.

    Monsieur Rouslan ****ba (plutôt homme) et madame Ludmila (« aimée par le peuple - selon le calendrier païen) ****bina (plutôt femme...).

    http://www.youtube.com/watch?v=jMvOLepoBO8&feature=related

    « Leurs examens » étaient considérés comme absolument « impassables ». Comme une plaie douloureuse et suintante la plus totale - à cause de leur « modus operandi examinatoire exécutoire », digne de crapules agissant en bande organisée.

    A force de produire des « fleuves romanisants » à la queue leu leu, du genre « Collection Stalinienne de Poche », aucun étudiant ne parvenait plus à mémoriser non seulement le moindre détail, mais encore moins la trame.

    Et puis, pourquoi faire ?

    Les noms des héros « restaient » les mêmes partout.

    La phraséologie et le vocabulaire y appliqués demeuraient  laconiquement basiques ou « basiquement » laconiques.

    Visiblement les auteurs de ces ouvrages à la chaîne ne se cassaient pas la tête.

    Pour nous, l'essentiel de la réussite éventuelle de cet examen se posait dans la lecture...

    Il fallait lire, lire et encore lire...

    Afin de pouvoir suivre tout de même les autres matières imposées par le programme, nous nous partagions donc la besogne, en constituant des « groupes de lecteurs », de ceux qui avaient pour seul et unique but d'en faire des résumés, les plus serrés possible, et donc complets, avec du papier carbone pour multiplier les exemplaires.

    L'examen se déroulait également à la chaîne, et la connaissance de la « Littérature Productive » consistait en des réponses claires et éclairs à des questions du genre : « Que tenait le camarade Vorobiev (il y en avait au moins quarante du même nom...) dans sa main gauche ? Indiquer le titre et l'auteur de cette « position bibliothécaire ».

    "Vot, dourak ! C'est raté ! Il ne s'agissait pas d'un calicot rouge !

    C'était un seau rempli de colle destiné à coller les affiches de propagande... Zéro - Veuillez dégager - Suivant !"  

    Et si j'ai réussi cet exam, c'était encore parce qu'un miracle s'était produit.

    Pour des raisons obscures, le fameux couple « sévissard » : monsieur ****ba et madame ****bina, avait quitté notre établissement... et par la même occasion, notre pays également.

    Le vide s'y installant avait cependant été très rapidement rempli et même garni ! - par un délicieux professeur (d'origine polonaise) de Littérature Contemporaine Russe - ce qui sonnait déjà mieux !

    A l'examen, il m'avait demandé de résumer toute la période de la « culture stalinienne ».

    Ne sachant pas par quoi commencer - et encore pire : comment  terminer - je balbutiais minablement : je ne sais pas... je ne connais pas... En fait, je...

    Je n'étais vraiment pas fière de moi...

    Mais alors, pas du tout !

     "- Ha !!! s'exclama-t-il. Vous avez absolument raison, mon enfant, car on ne peut pas parler de culture du régime stalinien. Elle n'a jamais existé !" 

    http://www.youtube.com/watch?v=xoRjh-pf5C0

    Mon « journal d'étudiant » avait connu encore une fois une excellente note, pourtant parmi les dernières, car la « corso rosso russo » ne dépandait ni de pigeons, ni de miracles...  

     

     http://www.youtube.com/watch?v=JcNhDstL4-k&feature=related     


    votre commentaire
  • T'RUSSIDEURS...


    http://www.youtube.com/watch?v=6TpY2R-mkng

    De l'endoctrinement insistant quoi que chaleureux, à tendance noir et blanc, vociféré par les ecclésiastiques « clandestins » de nos paroisses étroitement surveillées, je suis tombée tout droit sous une véritable douche rouge parsemée d'étoiles de la même couleur.

    Il était impensable que la philologie russe en Pologne ne soit pas contaminée par des éléments purement idéologiques mettant le reste au second plan.

    Le staff académique de nos enseignants était, hélas, constitué d'innombrables et d'inlassables « prêcheurs » venant, avec une joie non dissimulée, de l'Est à l'Ouest (le nôtre)... et profitant de la belle vie sous un régime un poil moins serré en communisme.

     fourmis rouges2

    Leurs noms de famille, à consonance russe, ne faisaient qu'augmenter notre stress général, car la majorité de ces enseignants était, avant tout, « visité » par l'application quotidienne de la philosophie léniniste.

    A choisir, et de loin, je préférais la grammaire de la langue russe - stable et « hors contexte » que d'autres matières « floues » et prêtant à tergiverser dans le vide.

    Plus tard, la commission d'homologation de mes diplômes, située dans un pays d'Europe de l'Ouest (autre Ouest), avait difficilement camouflé sa stupéfaction de découvrir que de telles matières soient considérées comme « prioritairement essentielles » au sein de nos universités...

    Comme, par exemple, la Philosophie de Marx (Frères ?) et Engels, transformée en Histoire du Léninisme... Histoire du Parti Communiste... Sciences Politiques et Economie d'Etat Communiste.

    Que la pure et incontournable vérité qui en écoulait !

    A côté de la puissance époustouflante de Vladimir Ilitch Oulianov (mieux connu sous le doux sobriquet de Lénine),

    one step2

    http://www.youtube.com/watch?v=N-uyWAe0NhQ&feature=related

    même notre Dieu commun, de moi connu, perdait de ses couleurs...

     

    Les examens à présenter devant ces « russophiles » trucidants, nostalgiquement dévoués à la cause communiste, et sévissant en couples (placés « népotiquement » aux postes à responsabilité despotique et maintenus hystériquement) étaient déjà considérés comme à risque... Politique.

    Non, il ne s'agissait pas simplement de rater un examen par une simple méconnaissance, ou une connaissance insuffisante de la matière.

    Non, il fallait surtout savoir ce qu'il ne « fallait » pas dire à quel moment ou, pire encore, ne pas écrire.

    A défaut de réussir les examens (pas évident...), nous pouvions également les rater, mais alors avec du « doigté », et à condition de ne pas « sortir», par inadvertance, une connerie tout à fait anodine mais pouvant cependant être jugée par cette « inquisition peu orthodoxe », comme non seulement incorrecte mais émanant surtout de « l'ennemisme » léniniste...

    Je me souviendrai toujours (c'en est d'ailleurs la preuve...) de mon exam' dans cette matière, tant visqueuse que gluante, qu'est  la Filozofia Marksistowsko Leninowska (je ne traduis même pas, car je sens une poussée violente d'adrénaline...)

    Pour l'examen oral, il fallait lire et aisément « compréhender - de comprendre et appréhender », et ce en vue d'en discuter agréablement avec le prof russe, les cinquante-cinq volumes

    grimoire

    contenant quelques neuf milles travaux et documents (Hercule n'en avait que douze... Amateur !) conçus à la période la plus délirante de l'ascension de Vladimir. Un Vladimir « Toujours vivant - Toujours parmi nous »

    lenin wiecznie zywy2

    - selon les slogans tapageurs vus partout, et menaçant de sa réapparition, même dans les conserves de pilchards ou autres sardines venant de son pays natal...

    sardiny2

    Remarque : J'ai toujours aimé ces surnoms « sloganeux » exaltant et excitant les divers peuples, attribués aux simples et crapuleux meneurs politiques comms, tels : « Le Danube de la Pensée » - Nicolae Ceauşescu, « Le Grand Tisonnier » (oups, pardon : Timonier), 毛澤東, « La Source Lumineuse du Caucase » (un luminaire, un lampion, « ampouleux », va...) cachant la personnalité métallurgique de Иосиф Виссарионович   Сталин...

    Et tant d'autres !

    Mais revenons-en à mon démoralisant oral philosophique qui se présentait plus que douteusement...

    Certes, je n'ai pas lu ces précieuses pensées léninistes en version intégrale et dans la langue d'origine de son auteur...

    Et pourtant, j'avais la connaissance de leur existence puisque ses œuvres traînaient un peu partout, et même dans divers cabinets ministériels et autres...

    Surtout dans les autres, à défaut de papier...

    Remarque : Lors de vacances d'été, j'ai travaillé dans une librairie.

    Un jour, un jeune couple m'a demandé « cinq mètres courants de livres » ... afin de pouvoir boucher esthétiquement, et tout de même avec un certain appui relevant du spirituel, un mur vide dans leur appartement sans mobilier...

    C'était la première fois dans sa longue existence que cette librairie avait vendu (enfin !) « l'oeuvre complète» (en stock depuis une trentaine d'années...) contenant les pensées de Lénine, enfermées dans de somptueuses reliures bien « étanches » (et tant mieux !) en cuir de couleur rouge avec les titres en relief et en lettres dorées...

    En guise de reconnaissance pour cette vente, j'avais même touché une prime... et un mot à mon chef qu'il faudrait peut-être en recommander (pour les longs siècles à venir...).

    Je n'avait même pas « tiqué » qu'ils soient aussi traduits dans une centaine de langues...

    (Woh, purée ! Mes « pauvres confrères pour l'avenir de jadis »...)

    J'ai donc passé une nuit totalement blanche (et pas à Saint Petersburg) à « étudier »...

    Misère !

    Rien ne rentrait plus dans mon cerveau saturé se liquéfiant progressivement à la vue de cette « crasse » émanant de la classe ouvrière "rrrusstre"...

    Le lendemain, en titubant de fatigue, je me suis rendue à Sosnowiec, à la rue Bando, 10 précisément - où se situait la Faculté de Philologie de l'Université de Katowice... et, à Katowice...

    Le soleil radieux du mois juin, déjà à 6 heures, me tapait - toc, toc ! - dans les yeux gonflés, aux globes de la taille du  terrestre...

    J'étais largement en avance...

    Tout à coup, sur les marches menant vers le grand huis de l'unif, et dans le but de m'enfoncer encore plus, un pigeon ramier aux dimensions d'une autruche,  s'était soulagé

    golab 2jpg

    en me survolant et cela sans pardon ni pitié, et sans doute à cause de mon état plutôt faiblard...

    La déjection, plus qu'abondante, s'est centralisée juste au sommet de mon crâne...

    Bien sûr, ni mon sac à main, et encore moins une poche de mes vêtements ne contenaient, hélas, le moindre mouchoir...

    « Świnskim truchtem » - au trot des porcins - je me suis dirigée vers les toilettes salvatrices où, comme d'hab', le papier WC avait été préalablement piqué, la veille, par un « student » désargenté...

    Cette « chiure » dense de pigeon, incrustée dans mes racines capillaires, m'avait cependant joliment gonflé les cheveux (gras pour inspirer pitié...), me donnant ainsi un look de personne  « bien coiffée ».

    L'examinateur de la Philosophie Marxiste et Léniniste était un Russe « z krwi i kości » - de « par son sang et ses os » - et... il était également arrivé en avance (sans cette expérience ornithologique semblable à la mienne, lui !).

    Et remarquant mon ombre triste traînant dans les couloirs, il m'avait aussitôt « invitée » à l'examen.

    http://www.youtube.com/watch?v=s4q-l4nwPEo&feature=related

    http://www.youtube.com/watch?v=aoyuG5R8cdg&feature=PlayList&p=D231733685ADD38D&playnext_from=PL&playnext=1&index=23

    http://www.youtube.com/watch?v=Hn3Y8iKNM4k&feature=related

    (J'aime beaucoup ce passage...)

    http://www.youtube.com/watch?v=hTZ_3ZnGv5g&feature=related

    Après une quinzaine de minutes de ce « cauchemar philosophant », il m'avait subitement demandé pour que je lui raconte une « bonne blague politique polonaise » résumant la totalité de cette matière, et cela... en une minute...

    Aïe !

    Il insista...

    Aïe, aïe, aïe !

    Et après la blague ? Une simple éjection de l'unif, ou les conséquences encore plus venimeuses dans un « goulag » ?

    J'ai craqué...

    « Sur un mur du Kremlin,

     

    kremlin2

     

    il y avait un immense calicot annonçant  la célébration du 60ème anniversaire de la Révolution d'Octobre (soit, de novembre - selon le calendrier russe...)

    Il y était écrit, bien en grand : « Soixante ans de Pouvoir Soviétique ! » - « Шестьдесят лет Советской Власти ! »

    Le lendemain, les Moscovites avaient trouvé en dessous du texte une remarque inscrite au goudron noir :

    « Ну, и хватит ! » - « Et, ça suffit ! »

    Silence...

    Alors que mon cerveau s'était mis à reconstituer fébrilement les images éparses, jadis visionnées sur les photos de Vorkuta,

     

    vorkuta3

     

    - cette localité sibérienne austère et destinée aux exilés politiques, - le « Décideur de Mes Deux » (1. Des mes résultats académiques 2. De mon futur proche) s'était mis à rire.

    Comme quoi... Dans cette matière - un rien suffisait...

    Je suis sortie de la salle d'examens, toujours « à pattes molles et en coton tiges », en serrant dans mes mains tremblantes mon « indeks » (rouge) - journal des cotations - avec une mention y figurant : « Très Bien »...

    Bizarrement, j'étais la seule à avoir une note si élevée...

    Je remerciais donc ce pigeon, « lâcheur » matinal, du choix de mon crâne en l'occurrence... 

    Gloire aux pigeons ! 

     

       


    votre commentaire
  • ROBOLE !


    http://www.youtube.com/watch?v=6BU9NbhO3yY

    Les fruits des sorbiers - « jarzębina » - se transformant en grosses grappes de billes bien rouges (eux aussi...), depuis toujours et pour longtemps encore, étaient le signe crapuleusement douloureux de la fin des vacances et de la rentrée scolaire...

    C'était aussi le moment où les autres, les non scolarisés, se plongeaient gaiement dans la fabrication « maison » de « Jarzębiak »

    jarzebiak2

    - une parmi les dizaines de variétés de vodka.

    Ou de « Jabol », ce vin de pommes remplies d'habitants à corps mou

    robak2

    - appelés populairement « robole » - de « robak » - un ver.

    « Un ver dodu sort d'une pomme et regarde autour de lui...

    A l'extrémité du même fruit il en aperçoit un autre...

    - Salut, belle inconnue... - dit il d'une voix suave, et visiblement ravi de cette rencontre.

    - Ta gueule, pauvre con, je suis ta queue et c'est à toi même que tu causes ! - lui répond "cet autre" ». 

    Ce n'était pas du tout agréable de quitter cet endroit si merveilleux alors que la température de l'eau de la Baltique (brassée et chauffée par les corps des touristes) devenait enfin « potable » pour s'y baigner sans risquer d'y attraper des engelures.

    Certes, celle de la Lagune était toujours plus douce et beaucoup plus « avenante », mais fortement « habitée » par toutes sortes d'espèces lacustres d'origine louche...

    « Une grenouille se prélasse sur le bord de la lagune. Afin de se rafraîchir, elle pose ses deux  pattes palmées dans l'eau...

    Une cigogne noire s'immobilise à côté d'elle :

    - Anzour vous... Elle est bonne ? - claquette-t-elle poliment.

    Silence. La grenouille ne répond pas...

    - Eh, ho ! Je te craque à toi, espèce de morue à longues pattes ! - glottore la cigogne.

    Silence...

    - Woh, putain ! Tu me coasseras ou quoi ? Je te craquette en demandant si l'eau est chaude ? - continue la cigogne...

    - Oh, fous-moi la paix ! Et puis, putain, peut-être, mais je ne suis pas un thermomètre, petite conne ! - rétorque la grenouille un poil irritée. »

     

    Cette année était cependant différente : en octobre, après avoir chanté « Gaudeamus Igitur », j'étais censée entamer mes études supérieures à l'Université de Silésie (créée en 1968), en philologie russe.

    J'allais enfin savoir, en version originale, et sans intermédiaires endoctrinés, ce qui se « tramait véritablement » dans ce pays de « Frustres »...

    lenin2 - et le dernier..

    Après les examens de sélection du mois de juin, et avant de commencer, il fallait cependant passer par un stage pratique en qualité de manœuvre ouvrier - « praktyka robotnicza ».

    Cela concernait obligatoirement tout étudiant de l'enseignement supérieur parce qu'une « future tête dirigeante » se devait de faire plus ample connaissance avec le monde des travailleurs.

    Ainsi, par la simple prise de conscience de telles conditions de travail, « elle » se mettait résolument et assidûment à étudier.

    Les études en Pologne étaient gratuites mais pas pour l'état...

    Il fallait donc les faire vite et bien !

    Dans mon cas, et celui heureusement pour moi de ma copine Celka, il s'agissait d'une usine de production, plus que crade, d'isolateurs et de fusibles électriques (youpie ! - je les adore... j'étais faite pour cela...), et secondairement, d'une tristounette vaisselle en porcelaine destinée à l'exportation...

    Et sans aucun doute à une lointaine même...

    Car étant si « immondément » laide, dépourvue du moindre design et, avant tout, si outrageusement difforme, cet « accoutrement de table » ne pouvait qu'aller ailleurs, et même au diable, parce que ni le sol polonais, et encore moins une table correcte n'aurait voulu l'héberger. 

    Toutes blondes, maquillées, habillées (en blanc, bien sûr !)

    http://www.youtube.com/watch?v=PbWULu5_nXI

    et parfumées, nous nous présentâmes, diaphanes, telles les deux papillons « Bielinek Kapustnik »

    bielinek2

    (J'ai dit : maquillées...)

    - papillon « à chou » - pour nous faire cuisiner dans cette usine...

    N'ayant aucune expérience dans ce domaine, le contremaître, frôlant l'explosion de joie comme à son habitude, nous avait projetées au « secteur cuisson ».

    La température de l'air à  l'extérieur : 28°C - à l'intérieur : 36°C.

    Par rapport à cet emploi, nous étions censées ranger, en les classant (quelle idée...), les divers objets en faïence qui sortaient du four, et qui maintenait longtemps une température de 70° C. environ.

    four2

    Conformément au règlement, l'usine nous avait attribué des vêtements de travail se résumant en un tablier blanc

    kitel2

    en tissu synthétique - « non-iron » - soit une sorte de capote très large, totalement transparente et collant à la peau (au même titre que les fréquentes mains calleuses de la classe ouvrière masculine y sévissant...) à la moindre goutte de transpiration...

    Or, nous respirions beaucoup.

    http://www.youtube.com/watch?v=V6YOhfHwpLQ

    Et dans ce mimétisme blanc d'aspect banal, en dessous de cette « merveille polymérique » facilement adhésive, nous ne portions hélas que notre lingerie féminine, limitée au strict nécessaire, et d'une couleur outrageusement visible...

    rentgen2

    Ainsi, les fusibles et autres débris de faïence ou de porcelaine s'écrasaient gaiement sur nous à longueur de journée, accompagnés des rires aux éclats des « manoeuvreux morveux » enragés, - « robotnicy », de « robić » - œuvrer...

    http://www.youtube.com/watch?v=yiNnDpIW918

    Appelés également « robole »...

    Tous les soirs, dans notre « akademik », un logement estudiantin collectif, en buvant de la bière (et autres boissons aussi...), nous échangions nos expériences quotidiennes douloureusement acquises auprès du peuple travailleur.

    Il s'agissait, en fait, d'une thérapie, car il suffisait de comparer avec les autres pour nous sentir mieux car il y avait pire : la plupart des autres travaillait dans une usine de transformation de fruits et légumes...

    Une merveille : en salopettes et en grosses bottes de caoutchouc épais,

    botte 2

    (Non, pas comme ça...)

    « genre pécheur à la mouche » (si la mouche est d'accord...), ils pataugeaient dans 20 cm. d'un vinaigre chaud - « aigre-doux » - répandu par terre, en essayant d'enfermer dans leurs pots - et à la main ! - des milliers de kilos de cornichons rebelles ...

     

    concombre 2

     

    Il y avait cependant aussi quelques véritables chançards qui travaillaient à la « section de transformation des pommes », et  donc à la fabrication du « Jabol », et eux, quoi qu'ils restaient toujours gais et enthousiastes n'ont plus jamais touché à ce breuvage...

     

     


    votre commentaire