• Pologne: Vacances-Yeuh

    VACANCES - YEUH


     Un dimanche d'avril, accompagnés des « swirlilirli » radieux des petits oiseaux, et suivis par la fumée bleue s'échappant de la Trabant 600, nous nous rendîmes à Ustroń, une petite ville pittoresque de Beskid Śląski, en vue d'y trouver un logement pour notre canicule de juillet.

    En Pologne, à cette époque, il était de coutume que  les touristes se choisissent leur « locum » pour y passer les vacances d'été.

    Voyant une maison de campagne qui pouvait nous convenir, à Ustroń - Polana, à Skalica (à ¾ de Równica, un sommet de 800 m.) précisément, et après une visite des lieux, nous choisîmes une chambre d'une quarantaine de mètres carrés.

    Il était également convenu que nous ayons accès à la cuisine et à la « source d'eau » - c'est-à-dire au puits se trouvant dans le verger, à 20 m..

    Les ablutions restantes se faisant localement dans une bassine.

    La location comprenait également les trois « wychodek » - les toilettes bien austères et alignées en batterie (?) et « à la queue leu-leu », à 15 m. de notre futur lieu de résidence estivale.

    Le prix de celle-ci était honnête et raisonnable quoique un peu louche...

     Maj - mai

    Czerwiec - juin

    Lipiec - juillet :

    Trois mois plus tard, nous prîmes joyeusement possession de la chambre et la belle vie pouvait commencer...

    Tygrys n'ayant pas beaucoup de congés restait à Katowice et nous rendait visite toutes les semaines à partir du vendredi soir (snifff...) jusqu'à dimanche soir (youpi !).

    Franchement, les quatre jours de la semaine ne nous suggéraient que la réussite.

    Installés depuis la veille, nous restions encore au lit, lorsque vers 5h du mat' de ce lundi, une sirène « audiblement » proche de nous et visiblement invisible, s'était mise à « vomir » ses sons, aigus et modulés

    syrena druhna 2

    nous annonçant une suite imminente et peu plaisante...

    Après un instant de répit :

    Bam, bam ! et Bada boum, bam, bam ! - aussi.

    Maman, les cheveux de son chignon couchés (normalement redressés tous les jours) comme Bob Marley, courait dans tous les sens en se cognant contre les valises et autres sacoches éparpillées sur toute la surface de notre chambre...

    Evidement cela avait réveillé en elle les tristes souvenirs de la seconde guerre vécue à Cracovie, la ville de la Grande Vistule - notre fleuve national, Wisła.

    Avec désolation, nous avons appris que de l'autre côté de Skalica (à 150 m. à vol d'oiseau) - une petite « bosse » parsemée de  pierre calcaire, - se trouvait une carrière, véritablement pullulante de cette matière minérale blanchâtre et fortement salissante...

    Et, que cinq, parfois sept fois par jour, des explosions y avaient lieu...

    Bon, il ne nous restait qu'à suivre les consignes de papa - artilleur : après la sirène - silence - les doigts dans les oreilles - bouche grande ouverte.

    Bof... Alors qu'un simple walkman aurait amplement suffi...

    Evidement, dans le cas de maman, si ça avait été pour écouter Doris Day ou Marilyn...

    Finalement nous nous y sommes habitués, et les vacances on pu continuer pleinement.

    Maman s'occupait un peu plus de nos menus gastronomiques puisque la cuisine était située dans le fin fond d'un « boyau » de maison, presque dans la cave. Elle combattait également cette poussière blanche omniprésente...

    Le centre de la ville était proche et, en même temps, très éloigné.

    Du haut de notre colline nous apercevions « les témoignages d'une civilisation alléchante » : la gare vicinale,

    Ustron_Polana_pkp 2

    le clocher de l'église, évidemment (hélas...), quelques restaurants, les débits de boissons alcoolisées et moins...

    Le « lac pour les kayacs »,

    staw kajakowy 2

    la piscine municipale, et des magasins...

    Malheureusement, ce monde si merveilleux et riche en sensations fortes, se trouvait de l'autre côté de la Vistule (toujours Wisła), dont la source se trouvait à 10 km. de Ustroń, et « les deux » ponts (seuls et uniques) se trouvaient à quelques sept kilomètres l'un de l'autre...

    Oué, oué - en attendant. Il y avait un gué...

    Mais...

    Depuis que :

    « Un touriste, sous l'influence de quelques bières « żywiec » - « piwo żywieckie » (brasserie du même nom)- pique-niquait sur la rive droite de la Vistule. Debout, en se balançant sous le souffle d'une brise légère, il entendit...

    - Halo, monsieur, vous croyez qu'aujourd'hui je pourrai passer ici, par la rivière ? Ce n'est pas trop profond, hein ?? -  demanda un petit paysan au chapeau noir et conduisant un attelage.

    - Mais, noooon... Vous pouvez y paaasser ! Sans proooblèèème... - répondit l'usager de houblon...

    En avançant, l'attelage, y son conducteur compris, disparaissent dans les flots plus profonds que prévus...

    Ne reste que le petit chapeau noir flottant à  la surface.

    -    Wô, purée ! Ca alooors ? - balbutia le touriste - Il y avait encore dix minutes de ça, un canard y marchait et il n'avait d'eau que jusqu'à la moitié de son corps... »  

    kaczka 2

     

    Il fallait donc marcher beaucoup pour accéder à ce centre stratégiquement éloigné car visiblement, c'était encore « un coup monté » de Tygrys pour nous « réserver » et nous « savoir » cloués au sol calcaire de Skalica...  

    Cependant, mon frère, maître nageur depuis peu, et moi en période de « formation » similaire, nous ressentions que le contact agréable avec l'eau chlorée de la piscine nous était vital. Nous nous y rendions donc fréquemment.

    Jusqu'au jour où il fit pluvieux et où il n'y avait personne à la piscine.

    Plouf dans l'eau ! A la « ni vus ni connus » et la compet' complète « en trompette » commença.

    Plongeon du « pont de capitaine » - mostek kapitanski, suivi du - « dauphin » - « papillon » - « etçatusaisfaire ? », un peu de crawl couvert...

    « Z wody ! »

    ????!

    ("hors de l'eau" - comme ces « ziemniaki z wody » au menu - « patates à l'eau »...) - siffla une voix imprégnée d'autorité et appartenant à une silhouette franchement disgracieuse, à la masse musculaire atrophiée, adroitement remplacée par des couches abondantes de graisse à l'odeur rance...

    oui, maître

    Aïe ! Leur bulldog de maître nageur !

    Alors que nous étions déjà « mondialement » connus dans un classement de nageurs plus que provinciaux, cette baignade, hélas, nous avait coûté une amende carabinée de 300 zl. - soit l'équivalent d'une trentaine de bières « Żywiec »

    zywiec piwo 2

    à consommer (avec modération) sous un parasol multicolore les orteils en éventail...

    Et comme il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un foin, nous l'avons payée de notre argent de poche.

    Parce que, suite à quelques mésaventures similaires comprenant, entre autres, le renversement de kayac au plein milieu du « lac pour les kayacs » (ce n'était que pour mesurer le profondeur de ce point d'eau... 30 cm. à tout casser - Nul !), hormis de nombreux trekkings montagnards, nous nous adonnions à des tâches typiquement campagnardes et surtout rémunérées !

    Nous nous faisions finalement « du blé » comme surveillants « nocturnes » des meules de foin

    snopki

    des indigènes intéressés, par son « retournage » et « aérage » entre deux orages, son stockage pénible dans le fenil, au dernier moment précédant une pluie diluvienne...

    Et la reconnaissance de nos employeurs grandissait sans cesse...

    Avec « ce blé » obtenu de notre "traitement" du foin, toutes les sources d'eau et autres débits de boissons de Ustroń nous appartenaient durant quelques années.  


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