• Pologne: Un père: OK

    UN PÈRE : OK

     

     J'ai  toujours voulu un ami (animal) de compagnie.

    Alors, ce n'était qu'en vacances, à la campagne, que je pouvais enfin « marrainner » quelques animaux de mon entourage proche.

    Ainsi je caressais des petits poulains, les veaux qui me léchaient les doigts, je tâtais les ovins et même des « porcinets » tous roses...

    J'admirais les poules en leur accordant une amitié toute particulière. Elles étaient hiérarchiquement organisées et surtout astucieuses. Malgré leur regard parfois stupide, elles savaient ce qu'elles faisaient à chaque instant de la journée.

    Les jeunes poulets, visiblement, vouaient le plus grand respect aux « matrones expérimentées » en leur laissant les cloportes et les vers de terres le plus dodus...

    Même ces braves « piqueux de pouilles », les coqs, gravitaient respectueusement autour d'elles tout en restant perplexe et en se demandant à longueur de journée, laquelle parmi elles n'aurait pas la migraine afin de l'honorer à l'aise...

    Les gallinacés arrivées à l'âge mur,  vivaient donc heureuses et sexuellement (et autrement) convoitées.

    Lors d'une éclosion en direct, sous mes yeux, un poussin s'était mis dans la tête que j'étais sa mère. Il me suivait partout et ses piaillements chip, chip, chiiiiip -  également.

    Je jouais très bien mon rôle de mère poule. Je lui indiquais les endroits grouillant de bouffe (le tas de compost) où il pouvait facilement se rassasier. Il se piquait des siestes extraordinaires sur mes genoux ankylosés.

    A la fin des vacances il avait pris les formes d'un magnifique jeune poulet, quoi que un peu grassouillet car, physiquement, il se dépensait trop peu.

    Mon entourage tolérait ce « marrainnage », mais pragmatique et constamment affamé, avait tout de même regardé ma filleule d'un œil concupiscant.

    Et le dernier jour de nos vacances, un dimanche noir, on m'en avait crapuleusement servi lors d'un dîner d'adieu, et en rouspétant que le bouillon était trop gras.

    Et moi, la gorge serrée et les yeux brouillés de larmes lorsque je me penchais sur ceux, gras du bouillon, je ne voyais que les yeux de ma « Rudzeńka » (la rousse).

    En allant à l'entraînement de natation à « Pałac Młodzieży » j'aimais traîner au magasin zoologique faisant le coin de la rue Mariacka et Wieczorka.

    Là, tous mes amis potentiels m'attendaient n'étant pas avisés de ce fait. Mon choix était tombé (flop !) sur la « section » des perroquets.

    Personne n'en voulait, et ces chouettes volatiles (non comestibles) restaient déprimées, le bec encastré dans les fils de leurs cages.

    Je voulais un perroquet mais mon père était réticent car (et il avait raison) les oiseaux devaient voler en déployant leurs ailes...

     Et pour me tirer cette idée de la tête, il me racontait :

    « Un soir d'hiver, juste à la fermeture de ce magasin, un type miséreux et en haillons, crasseux et sans abri, y rentra.

     - Bonjour, monsieur. Je vois que vous avez des perroquets dont personne ne veut à cause de leur longue vie... Moi, j'ai toujours rêvé d'avoir un ami, un pote... Un animal de compagnie, quoi... Un pote à moi tout seul... Un, que je puisse chérir... selon mes moyens , certes modestes, mais pour un Ami, vous savez, je suis prêt à n'importe quel sacrifice !

    - Effectivement ! Nous aurons certainement quelques chose pour vous : oh, celui-ci coûte 3000 zl, il est cher, mais il parle cinq longues...

    - Non, non, c'est trop et puis je n'ai pas besoin d'un polyglotte...

    - Ou celui-ci, à 150 zl. Il chante merveilleusement « La veuve joyeuse » de Franz Lehár ...

    - Oh, non. Et celui-ci ? Son regard se posa sur une vieille, vieille cage rouillée contenant un très vieux perroquet bavant, aux yeux larmoyants, le cou nu complètement privé de plumes...

    - Ah, ça ? Je ne sais pas d'où il vient. J'en ai « hérité » en quelque sorte avec ce magasin. Il s'exprime rarement... Parfois il chiale à longueur de journée... De ce que j'ai pu comprendre il parlerait russe mais assez vieillot... Je ne pige rien... Aussi bizarre que cela puisse paraître, tous les autres perroquets l'appellent « CHEF »... Allez, je vous l'offre puisque vous êtes sans argent mais prêt à accueillir un véritable ami !

     Le pauvre et sans abri sort du magasin (râ-vi), en brandissant victorieusement la cage rouillée enfermant le pssitacidé déprimé... et quelques mètres plus loin le perroquet se secoue vigoureusement pour s'exclamer dans la nuit froide, en langue russe :

    - Calèche ! Champagne !! Caviar !!! Et que ça saute, mon brave ! Davaï, davaï, dourak ! »   

     http://www.youtube.com/watch?v=7Gc_P5Bt2zk

    (... Alors qu'un autre oiseau, - son ami, - déprimait dans le fond d'un jardin zoologique de Chorzów, en chantant parfois nostalgiquement... :)

     marabut

     http://www.youtube.com/watch?v=8WD0WVL-HjE

     - Tu vois maintenant ? disait mon père - le choix d'un ami est une chose difficile et, surtout, retiens bien : on ne les achète jamais !

    Quelques semaines plus tard j'étais devenue l'heureuse maîtresse d'un hérisson trouvé dans le bac à légumes... pour lequel, finalement, mon père avait marque son accord !


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