• Pologne: Temps d'un Tonton

    TEMPS D'UN TONTON

     En lisant le journal « Polityka »,

    polityka 2_logo

     

    maman, avec la plus grande stupéfaction, était tombée sur un article intitulé « Pułkownik sieje pszenicę » - « Le colonel sème le blé », consacré à notre « tonton » d'adoption, Adolf K., dont nous n'avions plus de nouvelles depuis des années.

    A sa demande, on l'appelait Adam, car à partir de 1933, en Pologne, le prénom Adolf, si tristement gravé dans l'histoire mondiale, était considéré comme « honteux ».   

    Il ressortait de cet écrit, qu'un régiment de soldats de l'armée polonaise avait été stationné sur la frontière polono biélorusse, afin d'y maintenir l'ordre auprès de la population locale transfrontalière, ainsi que pour préserver le patrimoine culturel (nombreuses propriétés de la noblesse polonaise) contre les pillages massifs connus après la seconde guerre.

    Par ailleurs, dans le même coin, près de Kętrzyn - voïévodie Varmie-Mazurie (ancienne Prusse Orientale) se trouvait le fameux bunker, Wolfsschanze (tanière de loup), de l'état-major d'Adolf Hitler où, en juillet 1944, avait lieu un attentat à la bombe. 

    (Kurdemol et zut ! - Encore raté ?!)

    bombe 2

    A la tête de cette troupe et depuis des années,  - relatait la gazette, - se trouvait donc tonton Adam, dont la présence était toujours indésirable auprès des indigènes y établis depuis peu, c'est-à-dire depuis 1945.

    Homme au cœur d'or et véritable crème, en général, le colonel était cependant très apprécié par ses subalternes... et adoré par son chien « Cezar », - un boxer, mâle, à la taille plus qu'impressionnante.

    Ce quadrupède, fauve,  au plastron blanc, avait été « saisi » lors d'une descente musclée de militaires sur le lieu où la bête était maltraitée par une famille d'abrutis pour la rendre bien « hargneuse ».  

    L'article racontait aussi, qu'une nuit, un individu fortement imbibé de « samogon », cet alcool frelaté et obtenu par la fermentation de pommes de terre, avait fait irruption dans le bureau de tonton, en le menaçant d'un couteau à cran d'arrêt.

    Cezar, qui était devenu un pépé pénard -

    cezar olsztyn

    « au caleçon en soie et à la sortie de bain en astrakan » car ayant déjà vécu quelques mois de bonheur intense auprès de son nouveau maître - se jeta alors comme un éclair sur l'agresseur et le projeta sur le dos, par terre, ses quatre crocs dénudés prêts à mordre et trente-huit autres quenottes désamorcées pour la bonne « confirmation » de l'usage de ces premiers...

    Il l'avait maintenu dans cette position plus de trois heures... jusqu'à l'arrivée des secours.

    Après la lecture, maman avait immédiatement prit contact avec « wujek » Adam (pensionné) et nous nous rencontrions chez lui, à Olsztyn, en Mazurie - aux Pays des Grands Lacs... et au retour de nos vacances à Krynica Morska.

    Sans nous connaître, Cezar, pesant quelques 65 kg.,  se précipita sur nous, en nous envoyant joyeusement « des pelles » avec sa langue... (oué, oué ! Jouer, jouer ! Flop, flop, flop et re-flop bavant et accentuant son dévouement infini...)

    Depuis son exploit, ce chien vivait comme un véritable compagnon, un pote humain de tonton.

    Un privilégié de première classe !

    Il prenait tous ses repas (d'humains), à table, assis sur une chaise, en face de son maître !!!

    A 6 heures du matin : fricassée, pain blanc, viennoiseries...

    A 10 heures : une pomme, une tartine au saucisson...

    A midi : deux « Rodenbach » chacun (si, si « Rodenbach » !)

    A 13 heures : repas complet, un peu plus copieux pour Cezar...

    A 16 heures : goûter sucré.

    Et ainsi de suite...

    Et absolument à minuit : encore deux « Rodenbach » pour un bon sommeil (les boxers ont également un penchant pour la bière).

    Constamment à la recherche de nourriture, ce « piesek » (chien-chien), boulimique et astucieux, « rackettait » (avec tact et savoir-faire) même les petits enfants mangeant leurs tartines dans la rue.

    A la vue d'un « client » potentiel, il sautait comme une bombe par la fenêtre du rez-de-chaussée (ce qui est, sans doute, à l'origine de sa bouille plate), et aussitôt il s'asseyait sagement devant sa victime, en n'aboyant qu'UNE fois : WAF !

    Le gosse affolé jetait sa tartine par terre tout en se sauvant en sanglots, et là...

    Miaaam et faaastoooche ! Suivant !

    Un poil déformé par la violence connue à son jeune âge canin, il  réagissait immédiatement aux cris de détresse des humains, ce qui était parfois grandement salvateur ou simplement gênant.

    Tonton allait souvent à la pêche avec Cezar (...j'aime pas l'eau, j'aime pas l'eau, j'aime pas l'eau - se disait le canidus fidelus...).

    Il y avait six lacs autour de Olsztyn.

    http://www.youtube.com/watch?v=7WzUZ7aXWOU

    La verdure y était luxuriante et les endroits pour la pêche étaient plutôt sauvages...

    http://www.youtube.com/watch?v=oq7lm-GnWsA

    Demeurant dans ce havre de paix lacustre, - tonton pêchant, Cezar couchant, - de temps en temps, des cris stridents féminins perçaient au travers du feuillage touffu des joncs y présents.

    Cezar, brutalement extirpé de sa sieste, se jetait alors en avant et en premier... et le silence se refermait juste derrière lui, après son « quignon » de queue...

    Laaargement après lui...

    Apparaissait tonton.

    Essoufflé et inquiet (de crainte de ne pas se perdre dans les marécages...).

    Et devant ses yeux : un couple à poil, visiblement venu de son plein gré pour « tirer un coup » loin des yeux, avec Cezar assis devant, les poils du dos dressés comme un stégosaure et les quatre crocs dénudés... etc. etc. etc. 

    Il faut tout de même admettre qu'il avait également sauvé quelques « rondelles » imprudentes, qui s'y étaient aventurées en « galante » compagnie, tout en croyant naïvement qu'il s'agissait d'études approfondies sur les insectes hyménoptères, ou diptères si on préfère ...

     

    trzmiel 2

    http://www.youtube.com/watch?v=l5igWxSPDaI

     A la fin de sa carrière militaire, lorsque les autorités politiques polonaises de Varsovie avaient octroyé à tonton la plus haute distinction pour « l'ensemble de son œuvre et sa précieuse contribution à la construction de l'état polonais » - une médaille de Polonia Restituta,

     

    polonia restituta

    il s'y était rendu (après de longues négociations) à condition, qu'il y soit accompagné de son chien tant dans le train (en première classe et avec un titre de voyage comme les autres passagers), qu'à l'hôtel, à la grande cérémonie ainsi qu'au dîner somptueux de gala...


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