• Pologne: T'Russideurs

    T'RUSSIDEURS...


    http://www.youtube.com/watch?v=6TpY2R-mkng

    De l'endoctrinement insistant quoi que chaleureux, à tendance noir et blanc, vociféré par les ecclésiastiques « clandestins » de nos paroisses étroitement surveillées, je suis tombée tout droit sous une véritable douche rouge parsemée d'étoiles de la même couleur.

    Il était impensable que la philologie russe en Pologne ne soit pas contaminée par des éléments purement idéologiques mettant le reste au second plan.

    Le staff académique de nos enseignants était, hélas, constitué d'innombrables et d'inlassables « prêcheurs » venant, avec une joie non dissimulée, de l'Est à l'Ouest (le nôtre)... et profitant de la belle vie sous un régime un poil moins serré en communisme.

     fourmis rouges2

    Leurs noms de famille, à consonance russe, ne faisaient qu'augmenter notre stress général, car la majorité de ces enseignants était, avant tout, « visité » par l'application quotidienne de la philosophie léniniste.

    A choisir, et de loin, je préférais la grammaire de la langue russe - stable et « hors contexte » que d'autres matières « floues » et prêtant à tergiverser dans le vide.

    Plus tard, la commission d'homologation de mes diplômes, située dans un pays d'Europe de l'Ouest (autre Ouest), avait difficilement camouflé sa stupéfaction de découvrir que de telles matières soient considérées comme « prioritairement essentielles » au sein de nos universités...

    Comme, par exemple, la Philosophie de Marx (Frères ?) et Engels, transformée en Histoire du Léninisme... Histoire du Parti Communiste... Sciences Politiques et Economie d'Etat Communiste.

    Que la pure et incontournable vérité qui en écoulait !

    A côté de la puissance époustouflante de Vladimir Ilitch Oulianov (mieux connu sous le doux sobriquet de Lénine),

    one step2

    http://www.youtube.com/watch?v=N-uyWAe0NhQ&feature=related

    même notre Dieu commun, de moi connu, perdait de ses couleurs...

     

    Les examens à présenter devant ces « russophiles » trucidants, nostalgiquement dévoués à la cause communiste, et sévissant en couples (placés « népotiquement » aux postes à responsabilité despotique et maintenus hystériquement) étaient déjà considérés comme à risque... Politique.

    Non, il ne s'agissait pas simplement de rater un examen par une simple méconnaissance, ou une connaissance insuffisante de la matière.

    Non, il fallait surtout savoir ce qu'il ne « fallait » pas dire à quel moment ou, pire encore, ne pas écrire.

    A défaut de réussir les examens (pas évident...), nous pouvions également les rater, mais alors avec du « doigté », et à condition de ne pas « sortir», par inadvertance, une connerie tout à fait anodine mais pouvant cependant être jugée par cette « inquisition peu orthodoxe », comme non seulement incorrecte mais émanant surtout de « l'ennemisme » léniniste...

    Je me souviendrai toujours (c'en est d'ailleurs la preuve...) de mon exam' dans cette matière, tant visqueuse que gluante, qu'est  la Filozofia Marksistowsko Leninowska (je ne traduis même pas, car je sens une poussée violente d'adrénaline...)

    Pour l'examen oral, il fallait lire et aisément « compréhender - de comprendre et appréhender », et ce en vue d'en discuter agréablement avec le prof russe, les cinquante-cinq volumes

    grimoire

    contenant quelques neuf milles travaux et documents (Hercule n'en avait que douze... Amateur !) conçus à la période la plus délirante de l'ascension de Vladimir. Un Vladimir « Toujours vivant - Toujours parmi nous »

    lenin wiecznie zywy2

    - selon les slogans tapageurs vus partout, et menaçant de sa réapparition, même dans les conserves de pilchards ou autres sardines venant de son pays natal...

    sardiny2

    Remarque : J'ai toujours aimé ces surnoms « sloganeux » exaltant et excitant les divers peuples, attribués aux simples et crapuleux meneurs politiques comms, tels : « Le Danube de la Pensée » - Nicolae Ceauşescu, « Le Grand Tisonnier » (oups, pardon : Timonier), 毛澤東, « La Source Lumineuse du Caucase » (un luminaire, un lampion, « ampouleux », va...) cachant la personnalité métallurgique de Иосиф Виссарионович   Сталин...

    Et tant d'autres !

    Mais revenons-en à mon démoralisant oral philosophique qui se présentait plus que douteusement...

    Certes, je n'ai pas lu ces précieuses pensées léninistes en version intégrale et dans la langue d'origine de son auteur...

    Et pourtant, j'avais la connaissance de leur existence puisque ses œuvres traînaient un peu partout, et même dans divers cabinets ministériels et autres...

    Surtout dans les autres, à défaut de papier...

    Remarque : Lors de vacances d'été, j'ai travaillé dans une librairie.

    Un jour, un jeune couple m'a demandé « cinq mètres courants de livres » ... afin de pouvoir boucher esthétiquement, et tout de même avec un certain appui relevant du spirituel, un mur vide dans leur appartement sans mobilier...

    C'était la première fois dans sa longue existence que cette librairie avait vendu (enfin !) « l'oeuvre complète» (en stock depuis une trentaine d'années...) contenant les pensées de Lénine, enfermées dans de somptueuses reliures bien « étanches » (et tant mieux !) en cuir de couleur rouge avec les titres en relief et en lettres dorées...

    En guise de reconnaissance pour cette vente, j'avais même touché une prime... et un mot à mon chef qu'il faudrait peut-être en recommander (pour les longs siècles à venir...).

    Je n'avait même pas « tiqué » qu'ils soient aussi traduits dans une centaine de langues...

    (Woh, purée ! Mes « pauvres confrères pour l'avenir de jadis »...)

    J'ai donc passé une nuit totalement blanche (et pas à Saint Petersburg) à « étudier »...

    Misère !

    Rien ne rentrait plus dans mon cerveau saturé se liquéfiant progressivement à la vue de cette « crasse » émanant de la classe ouvrière "rrrusstre"...

    Le lendemain, en titubant de fatigue, je me suis rendue à Sosnowiec, à la rue Bando, 10 précisément - où se situait la Faculté de Philologie de l'Université de Katowice... et, à Katowice...

    Le soleil radieux du mois juin, déjà à 6 heures, me tapait - toc, toc ! - dans les yeux gonflés, aux globes de la taille du  terrestre...

    J'étais largement en avance...

    Tout à coup, sur les marches menant vers le grand huis de l'unif, et dans le but de m'enfoncer encore plus, un pigeon ramier aux dimensions d'une autruche,  s'était soulagé

    golab 2jpg

    en me survolant et cela sans pardon ni pitié, et sans doute à cause de mon état plutôt faiblard...

    La déjection, plus qu'abondante, s'est centralisée juste au sommet de mon crâne...

    Bien sûr, ni mon sac à main, et encore moins une poche de mes vêtements ne contenaient, hélas, le moindre mouchoir...

    « Świnskim truchtem » - au trot des porcins - je me suis dirigée vers les toilettes salvatrices où, comme d'hab', le papier WC avait été préalablement piqué, la veille, par un « student » désargenté...

    Cette « chiure » dense de pigeon, incrustée dans mes racines capillaires, m'avait cependant joliment gonflé les cheveux (gras pour inspirer pitié...), me donnant ainsi un look de personne  « bien coiffée ».

    L'examinateur de la Philosophie Marxiste et Léniniste était un Russe « z krwi i kości » - de « par son sang et ses os » - et... il était également arrivé en avance (sans cette expérience ornithologique semblable à la mienne, lui !).

    Et remarquant mon ombre triste traînant dans les couloirs, il m'avait aussitôt « invitée » à l'examen.

    http://www.youtube.com/watch?v=s4q-l4nwPEo&feature=related

    http://www.youtube.com/watch?v=aoyuG5R8cdg&feature=PlayList&p=D231733685ADD38D&playnext_from=PL&playnext=1&index=23

    http://www.youtube.com/watch?v=Hn3Y8iKNM4k&feature=related

    (J'aime beaucoup ce passage...)

    http://www.youtube.com/watch?v=hTZ_3ZnGv5g&feature=related

    Après une quinzaine de minutes de ce « cauchemar philosophant », il m'avait subitement demandé pour que je lui raconte une « bonne blague politique polonaise » résumant la totalité de cette matière, et cela... en une minute...

    Aïe !

    Il insista...

    Aïe, aïe, aïe !

    Et après la blague ? Une simple éjection de l'unif, ou les conséquences encore plus venimeuses dans un « goulag » ?

    J'ai craqué...

    « Sur un mur du Kremlin,

     

    kremlin2

     

    il y avait un immense calicot annonçant  la célébration du 60ème anniversaire de la Révolution d'Octobre (soit, de novembre - selon le calendrier russe...)

    Il y était écrit, bien en grand : « Soixante ans de Pouvoir Soviétique ! » - « Шестьдесят лет Советской Власти ! »

    Le lendemain, les Moscovites avaient trouvé en dessous du texte une remarque inscrite au goudron noir :

    « Ну, и хватит ! » - « Et, ça suffit ! »

    Silence...

    Alors que mon cerveau s'était mis à reconstituer fébrilement les images éparses, jadis visionnées sur les photos de Vorkuta,

     

    vorkuta3

     

    - cette localité sibérienne austère et destinée aux exilés politiques, - le « Décideur de Mes Deux » (1. Des mes résultats académiques 2. De mon futur proche) s'était mis à rire.

    Comme quoi... Dans cette matière - un rien suffisait...

    Je suis sortie de la salle d'examens, toujours « à pattes molles et en coton tiges », en serrant dans mes mains tremblantes mon « indeks » (rouge) - journal des cotations - avec une mention y figurant : « Très Bien »...

    Bizarrement, j'étais la seule à avoir une note si élevée...

    Je remerciais donc ce pigeon, « lâcheur » matinal, du choix de mon crâne en l'occurrence... 

    Gloire aux pigeons ! 

     

       


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