• Pologne: Pas-Tristerie

    PAS-TRISTERIE

     


    Des vapeurs hautement saturées en graisse de porc, le saindoux, - mélangées avec des sucres rapides, - flottaient soudainement dans notre appartement !

    Maman entamait ("ta, ta - taaam !" - d'où le verbe « entamer »...) ses merveilleux « faworki » - ces petits gâteaux délicatement croustillants et cassants comme des brindilles de bois pour faire démarrer un feu, également appelés « chrust » (khrouste)...

    chrust 2

    J'adorais particulièrement cet « atelier cuisine », et je me mettais à la tâche avec plaisir ...

    Les « Faworki » étaient consommés essentiellement en période de carnaval, qui commençait en Pologne le 31 décembre, et ils  garnissaient gracieusement et esthétiquement nos "plats de grand'mères en cristal" les derniers jours précédant le Mercredi des Cendres.

    faworki finis 2

     « Ostatki » - les restes, la fin - c'était aussi le nom d'une série de fêtes organisées la soirée même du Mardi Gras, lesquelles devaient absolument prendre fin à minuit...

    http://www.youtube.com/watch?v=w8OmEAYwulo

    Voici une suggestion :

    FAWORKI

    Ingrédients :

    - 2 verres de farine fine à pâtisserie

    - 4 jaunes d'œufs
    - 1 cuillère à soupe de « spirytus » (ou autre alcool fort et aromatisé, comme du rhum)
    - 1 pincée de sel
    - ¾ de verre de  crème fraîche épaisse - onctueuse

    - huile pour friture
    - sucre impalpable pour saupoudrer
    Et beaucoup, beaucoup de feuilles d'essuie-tout pour « dégraisser » les vilains...


    Préparation

    Travailler la farine (tamisée), les jaunes d'œufs, la crème fraîche, l'alcool et le sel afin d'obtenir une pâte homogène.

    Travailler vigoureusement la pâte jusqu'à l'apparition de poches d'air (pft, pftft, pfffft).

    Etendre la pâte le plus finement possible à l'aide d'un rouleau à pâtisserie (les hommes : gentils, doux, gentils... - on bouge pas) puis la couper en bandelettes de 2 cm. de large et 10 de long.

    Tailler longitudinalement une fente au milieu (1 cm.).

    Faire un nœud en glissant une extrémité de la pâte de l'autre côté.

    faworki 2

    Faire frire à l'huile bien chaude (à la friteuse).

    Dès qu'ils réapparaissent à la surface, attendre 1 à 2 min. et les retourner.

    Lorsqu'ils deviennent dorés, les prélever sur une couche épaisse d'essuie tout.

    Couvrir de sucre impalpable.

    Parallèlement au « chrust », qui est d'une forme plutôt allongée, les pâtissières expérimentées confectionnaient, avec la même pâte, les « róże karnawałowe », les roses du carnaval, mais ça...

    roses 2

    Je ne les ai jamais réussies... en roses, par contre dans le genre « cactus » tordus... Tout plein. Souvent...

    « Une bobonne, estimant être harcelée sexuellement par son époux, lui avait offert une grenouille « qui pourrait subvenir à tous ses fantasmes masculins les plus obscurs »...

    Faisant chambre à part depuis quelques semaines, la dame s'était réveillée en pleine nuit, interpellée par des bruits suspects provenant de la cuisine...

    Au milieu d'un tas de livres de cuisines et de casseroles, se tenait son mari, avec la grenouille sur les genoux.

    - Bigre ! C'est quoi ce vacarme ? - demanda l'épouse intriguée.

    - Ce n'est rien... J'apprends à cuisiner à cette grenouille ... C'est la seule chose qu'elle ne savait pas encore faire. Maintenant il ne nous reste que quelques conseils sur les soufflés, les terrines et « faworki », et voilà... - répond le Grand Chasseur.

    - Oh, mais c'est très bien ! Et puis...

    - Et puis ? Tu dégages ! Tu rentres chez ta mère ! »

     

    Il y avait également les « pączki »,

    paczki 2

    ces boules de pâte à base de levure, frites dans la graisse, après quoi il fallait injecter à l'intérieur de la confiture de rose (le mieux) ou de la crème fraîche battue...

    Une merveille...

    Appelés en silésien « krepel » parce que :

    http://www.youtube.com/watch?v=qBP5Qyxowug

      En 1529, lorsque l'armée turque (sous le règne du sultan Soliman I - "Aïe la Trouille") avait assiégé la ville de Vienne, une certaine et gentille Frau Krapf (ja, ja, ja...) avait distribué gratuitement ses propres « viennoiseries », sous cette forme, aux soldats autrichiens affamés.

    http://www.youtube.com/watch?v=JR0InF7LK1o

    Et puisque chacun de ce « pączek » possédait au moins 150-190 calories, les soldats « caloriquement » repus avaient mis fin au siège ottoman en quelques semaines, à peine...

    Remarque : Moi, en nageant intensivement le « papillon » pendant 30 minutes, j'en « éliminais facilement » deux petits "krepel"...

    nage-papillon2

     (même pas peur...)

    La difficulté pour confectionner ces derniers résidait dans leur caractère tant farfelu, que versatile et infiniment précieux.

    Parce que EUX, ils devaient « se reposer », bien au chaud sur nos radiateurs douillets en fonte, pour gonfler harmonieusement.

    Or, dans notre appartement il y avait toujours l'un ou l'autre « typhon » qui rentrait de l'extérieur (forcément de l'extérieur...) en trombe et dans une auréole de courant d'air... froid et sec... (climat continental - sibérien), en criant joyeusement "bonjour" et en se ruant directement dans la cuisine.

    L'accueil de maman à ce moment là était alors surprenant, mais cependant compréhensible.

    Et surtout impoli...

    - « Et zuuuuut ! (O, Jezu ! - Oh, Jésus !) Regarde ? Encooore ! Mes « pączki » se sont dégonflés... »

    Effectivement à voir « la gueule de ces pavaneurs privilégiés »... Ils n'avaient plus rien de « vaillants »...

    Mais oui, rien d'étonnant, car, - après le passage de trois voisines à la « recherche d'un dépannage en farine ou en saindoux », de Ciocia Lola (la copine « germanisante » de maman), de nous, d'un facteur, d'un plombier et d'autres allochtones sollicitant maman, - les pâtisseries à base de  levure étaient proscrites chez nous.

    Maman était la reine des « faworki ».

    http://www.youtube.com/watch?v=_7ZmhEGFHj8

    Comme de toutes les autres pâtisserie, mais « non levureuses »...

    Avec ces ingrédients (dont on doublait parfois les proportions) si modestes, tant en qualité qu'en quantité, nous parvenions à former quelques 150 pièces, ou 300, lesquelles disparaissaient ensuite en quelques heures dans nos gosiers.

    Eh, oui... Parce que le Mercredi des Cendres, nous jeûnions toute la journée, et il fallait faire de fameuses réserves pour affronter héroïquement les messes et autres confesses, ainsi que toutes les autres prestations paroissiales, hélas, obligatoires...

     


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