• Pologne: Ouvertures

    Ouverture vers le monde et la paix

    Le minuscule appartement de Katowice, que nous occupions à quatre, et encore plus petit comparé à l'autre, comprenait une cuisine, un couloir, la salle de bain ainsi que deux chambres communiquant.

    La cuisine spacieuse (fierté de maman) était incontestablement l'endroit le plus chaleureux vu le nombre de petits et grands plats qui quittaient les becs de gaz ou le four, de repassages furtifs de linge sur le large appuie de fenêtre, le surchauffement d'un frigo-bazooka-russe ronronnant et sifflotant l'air célèbre du « Docteur Jivago » : un jour Laraaaaaaaaa...tu-lu-lu-luuu, - tu-lu-lu,lu,lu,luu...

    http://www.youtube.com/watch?v=4Yd2PzoF1y8

    et la lessive (ah, cet anthracite et sa poussière ! - se plaignait maman ...), en compagnie de sa fidèle complice, Frania, une machine à lessiver d'une marque polonaise mondialement  connue dans notre quartier et fabriquée par une entreprise polonaise spécialisée également dans la production de brouettes et de cuvettes septiques en métal, et tout ça le lundi...

     Grâce (Kelly ?) à ces éléments, la température y ambiante oscillait en permanence entre 26° et 28°. Et  le taux d'humidité était propice pour y conserver des cigares de Havane et déclancher des typhons (dont ni les uns ni les autres, nous n'avons jamais connus)...  

     Pour se rendre de la cuisine ou de la salle de bain dans ma chambre (celle avec balcon), il fallait passer par le couloir en limitant les dégâts de promiscuité (attaque de parapluies, bulgares, de bottes en caoutchouc et autres godasses éparpillées partout), et là... par la chambre de mes parents, servant tant de chambre à coucher (clique claque - position couchée), que de salle de télévision - position assise ou couchée (à partir du 21 juillet 1969, depuis que l'Homme marcha sur la Lune), de salle de réceptions (assise) et de salle de bridge (assise ou debout pour « survoler » les cartes des adversaires en « vol d'oiseau »).

    Vu la diversité des objets à haut risque et à caractère précieux, c'était le royaume, la tanière,  de mon père, populairement appelé Tygrys...

    Avant d'y pénétrer pour se faufiler, toujours d'un pas décidé, pour montrer qu'on « sait ce qu'on veut » dans ma chambre, il fallait lourdement réfléchir en faisant une check-list complète du genre : pipi : c'est fait. Les mains : lavées. Le cartable : sur le dos. Ok. Un paquet de chewing-gum : je les ai.

    On passe ?

    On paaaasse !

    Aspiration - la tête en avant.

    Jusqu'au làààà ça vaaaaaa.......Yahoooo-oups, et, zutttt !!!

    Et mon plumier !?

    Retour par la salle de gisement habituel de Tygrys, subitement remplie par le grognement de son siestant :

     - Mais tu vas arrêter tes passages intempestifs ! Ne me dis pas que ta vessie est encore gonflée comme le planétarium de Moscou ! Tu peux tout de même réfléchir avant de passer 17 fois (il adorait le nombre 17) comme une bourrasque ! Tu fais des courants d'air !

     - Et si on faisait un trou dans le mur de la cuisine ? proposions-nous à l'unanimité, avec le plus grand respect.

    - Hors de question ! Ce serait parfait pour multiplier d'avantage les courants d'air !

    Cette situation incommode a duré jusqu'à son départ au sanatorium.

    Il y allait pour soigner ses calculs rénaux et le traitement qui lui avait été infligé se résumait en l'ingurgitation massive d'eau minérale de la source « Zuber », et en multiples soirées dansantes sur place...

    NB. Il ne s'agissait en aucun cas de soins destinés à améliorer l'état de ses voies respiratoires.

    Lors de son absence, et pour une fois, maman qui était également victime de ce boyau cellulaire communiquant avait pris tout son courage en main et elle avait commis l'i-rré-pa-raaa-ble.

    Dès le lendemain, dans la matinée, la présence de mon père était momentanément remplacée par celle d'un prénommé  Waldek - un ouvrier, un homme à tout faire et à glander, dont les femmes de mon quartier raffolaient...

    Maman n'était cependant intéressée que par ses valeurs de Monsieur Muscle.

    Il savait tout faire, mais alors, vraiment TOUT (j'entendais mes voisines).

    Un fé, en quelque sorte, - avec une braguette magique (?!).

    Effectivement, en un rien de temps, il avait surgi, couvert de poussière, sain et sauf, dans la chambre qui nous servait, à mon frérot et à moi, à la fois : de chambre à coucher (lits superposés - position couchée), mais également d'abri pour eine koloßale machine à coudre (de marque « Neumann » - ja, ja, ja !), de garde-robe, de salle d'études et de salle de jeu.

    Il est apparu par un trou, creusé par ses soins dans un des trois murs extensifs de la cuisine et s'est arrêté juste devant le balcon - en hiver, rempli de diverses victuailles, - en été, de linge sachant sécher.

    Ensuite, relativement vite, il avait installé une vraie porte en bois (préalablement piquée sur un chantier d'à côté...)

    Enfin nous avions une porte à nous, à nous tout seuls !

    Un peu comme ce type du « Violon sur le Toit » qui rêvait d'être si riche pour avoir deux escaliers - un pour monter, l'autre pour descendre...

    Tout trois - on appréciait ! Voilà, au lieu de se faufiler comme des sujets féodaux devant un seigneur, nous vaquions, baguenaudions, errions...

    Enfin.

    Nos nombreux allers et venues duraient toute la nuit...

    Etait-ce dû à la joie d'avoir une nouvelle porte ou bien aux émotions de la nouvelle vie qui commençait pour nous ?

    Difficile à dire...

    N'empêche que les deux sources se sont avérées hautement diurétiques et, même, laxatives.

    souris.from1


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