• Pologne: Nie-ttoyage

    NIE - TTOYAGE

     

     

    Le samedi, tous les habitants de notre quartier se mettaient vigoureusement à curer, à nettoyer leurs petits « locum ».

    Les simples vitres à laver, occupaient déjà plus de surface, que nos appartements.

    Pour maman, qui était différente, la priorité absolue à ses yeux et qui la réjouissait tellement, c'était « son parquet en chêne » chéri et préféré, et tant admiré et apprécié, même à voix haute, lorsque les pieds de nos invités s'y posaient.

    Il n'y avait rien d'étonnant, car constamment poncé avec les « wióry », les sciures de fer, couvert de cirage, et patiné, patiné, patiné... Il ne pouvait qu'être beau.

    En tout les cas, c'est ce que maman lui demandait... 

    « - A l'école, tout le monde disait que j'avais des grandes dents pointues !

    - O, nie, nie, nie ! - (en français : oh, non, non, non) Quelle idiotie ! Mais tu veux bien arrêter de parler car tu griffes mon parquet ! »  

    Les diplômes obtenus auto didactiquement par maman, étaient subitement mis en valeur, car la ruée vers l'apprentissage des langues, autres que le russe, ou l'allemand, était visible et audible ailleurs que chez les « cingciarz » du coin.

    Même les polytechniciens, tels que mon père, ne faisaient que de l'ombre à côté d'elle...

    Maman donnait donc des cours d'anglais.

    « Expérimentaux » - initialement prévus pour des élèves de 6 ans.

    Petit à petit (trois fois  hélas), par les infos « de bouche à oreille », des autres se sont également mis à fréquenter, assidûment et sans pitié pour nous, notre domicile.

    Ainsi, des hordes de « morveux », méchamment enrhumées, pénétraient à tout bout de champs dans notre espace vital afin d'apprivoiser cette langue de Shakespeare et de James Bond et dans le but de devenir quelqu'un hors du commun et « mondainement » acceptable...

    Maman, soucieuse de son parquet, non stop pomponné, avait développé alors une stratégie brillamment astucieuse.

    A l'entrée, chacun de ses « clients » était tenu de se débarrasser de ses chaussures « illico presto » pour enfiler ces espèces de gros patins difformes

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    confectionnés par « him self » et en feutre - dont le modèle était largement répandu dans tous les musées du monde et surtout à « Zamek Wawelski », - Château de Wawel, - de Cracovie, que nous fréquentions souvent et avec passion, en semant ainsi la vilaine mamie moustachue et acariâtre...    

    A force de changer pour abriter continuellement de nouveaux pieds, - qui baguenaudaient un peu partout, - les patins frottaient constamment le parquet préalablement ciré en ressortissant toute sa splendeur en matière de brillance...

    Hélas, dans cette « scène de crime », mon frère et moi, nous commencions à manquer sévèrement aussi bien d'espace que d'oxygène...

    Parce que :

    Tygrys dans sa chambre.

    Les leçons dans l'autre.

    La salle de bain toujours occupée et aux abois pour cause de manque fréquent d'eau dans la chasse, et donc bouchée... 

    Et, de plus, comme maman était gentille et généreuse, hormis son rôle d'enseignante et de pédagogue, elle assumait également une fonction de psy aussi bien vis-à-vis de ses élèves, que de leurs parents, s'éternisant chez nous après les cours, et soucieux de connaître le degrés de progression en langue de leurs « cowboys » et autres « princesses ». Les Joufflus, après tous.

    Elle tenait aussi  la fonction de première secouriste de la Croix Rouge, ou celle, de St. Bernard, en servant des « herbatka z cytryną » à profusion, et parfois des solutions médicamenteuses pour les « agonisants » toute la journée et assoiffés de langues étrangères, voire même parfois, des gros morceaux de gâteau du week-end passé, que maman leur servait également ?! 

    L'entretien hebdomadaire de notre appartement était assez facile à effectuer.

    La prise au piège de la poussière se pavanant sur les surfaces lisses de notre mobilier en « fornir » n'était pas fatigante en soi, cependant le trimbalage des tapis, enroulés comme des crêpes, jusqu'à « trzepak »,

    trzepak 2
     

    un battoir public et local... situé à une cinquantaine de mètres de notre immeuble, exigeait beaucoup de forces. Tant physiques que de caractère...

    Il proposait ses deux barres parallèles sur lesquelles il fallait miraculeusement accrocher et dérouler le tapis, sans se faire assommer, pour, ensuite, pouvoir le taper, cogner...

    trzepaczka

    Soucieuses d'un débarras optimal de cette poussière siégeant dans leurs tapis, certaines mégères du voisinage commençaient leurs démarches en trouvant  d'abord un sujet « venimeux », facilitant une bonne bagarre verbale avec leurs maris sensés effectuer cette tache... 

    C'était aussi là, au « trzepak », qu'en temps de loisirs, nous jouions aux « chauve-souris » - nietoperz... 

    « Maman, maman ! 'Toperz' ! 'Toperz' !

    - Nie-toperz, ma chèrie !!! Nietoperz !

    - Nie ? C'est quoi alors ? »

    (On revient alors au titre de ce post...).

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    En saisissant fermement dans les mains la barre inférieure (et fortement rouillée), et en se penchant en avant, d'un coup, on se propulsait en position recroquevillée pour effectuer un tour complet autour de son axe. Cool !

    Parfois, on se « figeait » expressément la tête en bas (les fesses en l'air...) afin de mieux savourer cette figure de haute voltige et attendre l'arrivée imminente de la couleur rouge nous envahissant la bouille...

    http://www.youtube.com/watch?v=sHF5LP53LZY

    Le premier « en rouge » étant, bien sûr, perdant... 

    «  Oh, regardez, il est tombé dans les pommes ! - criaient des chauves-souris en position « têtes en bas », à la vue de leur congénère se tenant sur ses pattes et la tête en haut... »

     


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