• Pologne: Grèves et Chuintemenrt

    GREVES ET CHUINTEMENT...


    Les mois d'études passèrent...

    Accompagnés du chuintement ronronnant du Don, - le paisible,

    tikhiï Don Cholokhov2

    - des chants des valeureux Cosaques et des malheureux « moujiks », des bruits des verres de vodka... cassés par les décadents loubards noceurs, les frères Karamazov, des tergiversations larmoyantes émanant de la torture mentale de certains - châtiés pour leurs crimes ignobles

    crime et chatiment 2- Dosto

    - des poèmes pathétiques et patriotiquement délirants ...

    majakovskii visité

    (Tout de même "visité", l'homme...)

    Noyée sous les parfums de verger de cerisiers fleurissant...

    la cerisaie

    Emue par la tristesse existentielle, car sans issue, des trois sœurs, - toutes vieilles filles (à 17 ans environ)... - des trois boudins désespérés...

    tri sestry

    (les trois "moustachues" quoi...)

    Interpellée par la connerie quotidienne de l'administration russe "à gogo-ls" et autres...

    gogol... Nicolaï Vassilievitchl

    (que voici, le vrai...)

    revizor - Gogol2

     (et son oeuvre...)

    Bercée par les mots d'amour déchirants d'Anna Karenina dans ses billets doux destinés à Vronski, le fanfaron...

    je t'aime mon trésor 2

    ("Je t'aime, mon Trésor...")

    Je me posais toujours une question : mais QUI était ce Trotski Lev (comme Tolstoï...) Davidovitch, et encore ce Soljenitsyne Alexandre Issaïevitch, dont j'avais vaguement entendu les noms (améliorés par leur patronymes) ?

    Je n'en ai pas trouvé la réponse, tant à la Philo russe et encore moins auprès mon proche entourage... parce que à chaque aperture articulant : Aâââ, dis-moi, qui c'est ce Trooots...kiï - j'entendais un : Khhh ! Tais-toi ! - prononcé d'une voix étouffée et saturée de crainte d'être audible, suivie d'un rapide et nerveux balayage du regard cherchant des personnes potentiellement dangereuses, pouvant se trouver à proximité, de près ou de loin...

    Et lorsqu'on savait que « ściany mają uszy »

    sciany maja uszy 2

    (et une gauche... de l'autre côté...)

    - que les murs ont des oreilles - on arrêtait de s'interroger, ou alors  silencieusement, et avant tout, sans laisser la moindre trace d'une telle pensée...  

    Je continuais mes études à Kiev, à l'Institut de Pédagogie et de  Psychologie, au nom, peu banal, de Maxime Gorki - L'Amère...

    Entre temps, je traduisais et interprétais pour tout le monde.

    J'enseignais la langue russe, obligatoire dans les écoles primaires, contre le gré de mes élèves (peu assidus et très insubordonnés),

     

    osiol2
     

    (Image juste après le cours de russe...)

    de leurs parents ... et surtout le mien.

    Je comprenais de plus en plus qu'une « Actualité à coloration politique », quelconque et parfois banalement anodine, - plus elle se transformait au fil des années en « Histoire », plus sa « coloration interprétative » évoluait et changeait à volonté... de ceux qui y trouvaient de l'intérêt.

    Il fallait traduire selon ce que l'employeur voulait bien entendre pour en faire son usage à lui...

    Notre « monde » changeait comme dans ce jeu de gosses - « głuchy telefon » - où ils s'installaient à plusieurs, les uns près des autres et, où chacun devait transmettre au suivant, et à voix basse, une simple phrase.

    Le dernier annonçait à voix haute ce qu'il avait entendu et compris...

    Un peu plus tard, dans le souffle décoiffant à l'haleine fraîche de la « Perestroïka »,

    perestroika2

    j'ai fait la connaissance d'une jeune et brillante étudiante en quatrième année d'« Histoire » d'une université moscovite, Ina, laquelle, à force de découvrir sans cesse et « d'une heure à l'autre » des « vérités diverses »

    prawda2

     

    (Vot chto ! Pravilno !)

    surgissant de partout et annulant les précédentes - profondément dégoûtée - avait interrompu « aussi sec » ses études pour devenir une simple manœuvre dans une grosse usine au caractère « top secret », spécialisée dans la confection de gants pour militaires de l'Armée (toujours) Rouge (et plus pour longtemps...).

    http://www.youtube.com/watch?v=KairmsARpyo&feature=related

    Ma dernière année d'études rentrait déjà dans le contexte historiquement connu, celui de la « première grogne nationale ».

    Les grèves et manifestations de plus en plus menaçantes et musclées commencèrent...

    Les manifestations de plus en plus dispersées par les gardiens de l'ordre,

    manif pol 2

    moyennant de copieux arrosage à l'eau teinte en rouge afin qu'ils puissent plus tard aisément « repérer et poursuivre » les manifestant « tachés »...

    Certains, parmi les futurs diplômés, s'acharnaient à souder clandestinement les rails sous les trains craquant de denrées alimentaires de tout genre, et partant vers l'URSS.

    D'autres préparaient leurs brillantes carrières... lucratives et de moins en moins « étoilées »...

    Certains enseignants d'origine russe ont été remerciés de leurs services.

    Les magasins devenaient désespérément vides.

    Nos tables, jadis croulant sous le poids de délicieux mets, n'accueillaient plus que le strict minimum... Et, pas de bol... que du riz au menu quotidien. Sec, incolore et insipide...

    Par contre, ce fut la période où l'alcool, sous différents conditionnements « ad hoc » s'était mis à couler à profusion dans les gosiers à « ras-le-bol » généralisé, copieusement servi sur le marché, comme si les autorités s'étaient forcées de confirmer les paroles du poète russe, Nikolaï Nekrassov, qui, s'engageant dans l'amélioration de la vie des serfs paysans russes, avait constaté : « un peuple pauvre et malheureux ne se révoltera, hélas, jamais, s'il reste maintenu dans un état d'ébriété permanent »...

    moujik2

    (« A minuit le téléphone fixe d'un gérant de magasin spiritueux se met à sonner...

    - Allô ? (hikh - « czkawka » - un hoquet juteux signalant un trop plein...) Je vouuudrais saaavoir à quelle heure vous ouuuvrez le maaagasin (hikh) ? - demande une voix à la sobriété inexistante.

    - Mais enfin ! Vous avez vu l'heure ?! Il est minuit ! Foutez moi la paix ! (Suivi d'un :) - Quel toupet !

    A trois heures de la nuit, la nouvelle sonnerie du téléphone extirpe le gérant de son profond sommeil...

    - Allô, (hikh) je vous prééésente touuuutes « mescuses »... Mais à quelle heure vous ouvrez le magasin (hikh) ? - dit l'interlocuteur de plus en plus éméché...

    - Mais quel culot ! - offusqué, le gérant raccroche violement.

    Les coups de téléphones se poursuivirent ainsi toute la nuit.

    A six heures de matin - le téléphone sonne.

    - Allô ! Mais dites mooooi enfin, à quelle heeeure (hikh) vous allez ouuuuvriiir ccc'maaagasin, hikhlvousplaît ?!

    - Eh, bien, espèce de « soiffard spongieux » ! A 7 heures ! Mais il ne faut pas rêver ! « Osobom w stanie nietrzeźwym alkoholu nie sprzedaje się » (« Nous ne vendons pas d'alcool à des personnes en état de d'ébriété »

    ne vendons pas 2

    - disaient les affichettes dans tous les magasins polonais). Et tout à l'heure, dans l'état ou vous êtes, je ne vous laisserai même pas  entrer !

    - Maaaais, qui dit (hikh) que je veux y entreeer (hikh) ? JE VEUX EN SORTIR !!! »)

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :