• Pologne : Gastronomie basique

    Gastronomie basique

     __________________________________________________________________________________________________________________________________________________________         

       Le goût particulier pour la couleur rouge avait fait que, depuis le plus jeune âge, je m'obstinais à me confectionner mes « kanapki dziewczynki » (tartines de fillette), - des immenses tartines en forme de plateau à bière Tyskie, emprisonnant quelques tomates* maladroitement rondellisées et parsemées d'oignon « finement » haché.

       En remettant une tartine sur l'autre en plus de ce fourrage, la bête était encore plus grosse, plus épaisse, ce qui ne facilitait nullement une morsure convenable de la petite bouche contenant une dizaine de dents, à tout casser,  dont quatre, pivotaient et pendouillaient dangereusement, accrochées à la gencive comme des morpions. Blancs. 

       Au moins, cette tartine était correctement juteuse et le contenu et le pain ramolli glissaient adroitement entre les dents sans les arracher. Elle remplaçait aisément les quotidiens « étouffes chrétiens » me présentés par ma mère, née et élevée dans l'amour débordant et dans un foyer modeste. Elle appliquait ses repas « light » à chaque fois quand elle était contrariée par un ou une silésienne.  Elle se vengeait, alors, de leur cuisine grasse et gluante en la baptisant « coronarienne ». Ses tartines étaient remplies d'un vilain fromage blanc de vache (les vaches doivent se mordre les sabots et croiser les pis), twarozek : sec par sa volonté, rêche par son manque d'humour et virginalement blanc par sa nature insipide. Parfois, l'association de ce fromage blanc (fuj !) avec les tomates donnait de résultats assez satisfaisants.

    - Et alors, avale ! C'est du calcium. Les enfants ont besoin de ça pour grandir. Qu'est-ce qu'il y a ? Arrête de faire la difficile !

    - Fa gonfle affreuvement, me plaignais-je, les yeux exorbités, évitant à tout prix qu'un frottement quelconque puisse traîtreusement orienter un morceau rebelle sur une dent prête à quitter mon moi. 

       Un jour, pour me distraire et pour ajouter une valeur esthétique à cette denrée quelconque et hélas, quasi quotidienne, j'ai découvert le monde merveilleux de drapeaux nationaux. Rouge, tomate - blanc, twarozek...Ou blanc, twarozek - rouge, tomate : Monaco...

    - C'est quoi ça ? C'est aussi un pays à transition communiste ?

    - Noooon ! C'est le pays d'adoption de Grace Kelly...

      

       C'est en disposant d'un petit marteau de mon frère, une étoile et un fragment d'oignon arrondi pour faire encore plus joli... je suis tombée sur le drapeau russe...

    Pur hasard.

    Puis le chinois.

    Et puis une centaine d'autres, mais avec de la ciboulette. Ca devenait compliqué. Les nations étaient nombreuses dans ce monde...

       J'ai constaté avant tout, que dans tous ces drapeaux, l'usage des tomates était prédominant ! Il en fallait vraiment beaucoup. Et attention, ma conclusion : ce fruit pouvait aussi se retourner aisément contre certains... Tak, tak !

       Quant à twarozek... il n'y figurait que sporadiquement : on dirait que le blanc n'était pas à la mode ou trop salissant ? (plus je jouais, son blanc virait au gris).

    Autant qu'un dérivé de produit laitier il avait de fortes chances de rentrer dans la composition de tartes... et par alliance ou abstraction, de celles à la crème.

    * à l'époque, disponible uniquement en guise de consolation lors de mes fréquentes  angines blanches. J'aimais aussi le jambon, mais il n'était destiné à garnir la table qu'à Noël et à Pâques. Parfois j'essayais d'avoir une angine entre ces périodes pour goûter les deux...

    ... à suivre attentivement la chanson proposée et lire son résumé.

    http://www.youtube.com/watch?v=82bBMxNF9AE


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :