• Pologne: Dis, c'est quand?

    DIS, C'EST QUAND ?

     


     « Pfffttt ! - cet hiver est interminable... Je me mangerai quelque chose de vert... - dit, en semi bantou, la cigogne noire en fixant un point d'eau.

    - Eh ben, mon croco, t'es foutu... - coasse la... »

    (à exercer la bonne pronociation polonaise...)

    Andrzej Rosiewicz. 

    http://www.youtube.com/watch?v=pkKiuHm0IeE

    Confortablement installés aux pupitres de nos bancs de « pracownia biologiczna » - le laboratoire de biologie - et en tirant bien la langue en avant, nous disséquions nos grenouilles respectives

    dissection_grenouille2

    - et cette-fois là, en ce qui me concernait, c'était « un grenouil »...

    Le choix du sexe de mon anoure n'était pas du tout prémédité de ma part, et cela m'avait crée toutes les peines du monde lors de la fouille de ses entrailles pour faire apparaître ses organes de femelle reproductrice ...

    Avec un vieux scalpel rouillé,

    tranchant 2

    et une pince, - les deux couverts de matières, jadis visqueuses, et actuellement desséchées s'y accumulant au fil des années, - j'arrivais avec beaucoup de difficultés à « ouvrir » le ventre de ce batracien d'étude tout de même préalablement chloroformé.

    A l'aide de l'index et de mon pouce gauche, je le retenais fermement, alors que ma main droite guidait le bistouri aussi tranchant que les couteaux à lame plate servant à répandre les matières grasses sur la tartine, et surtout à ne pas trancher quoi que ce soit...

    Après une dizaine d'essais,

    zaba

    j'étais enfin parvenue à couper sa peau et à en extraire les organes de ses « trrréfonds prrrésumés prrrinciers » - les uns après les autres...

    Ensuite, je les avais épinglés sur une planchette en bois prévue à cet effet.

    Avec stupéfaction, je suis arrivée tout de même à retrouver ses minuscules testicules (en découvrant qu'il s'agissait d'un mâle...), bien enfuis et camouflés, - tout le contraire des ovaires omniprésents des femelles grenouilles de mes copines de classe.

    Et à ce moment précis...

    Une odeur exquise était subitement parvenue à mes narines.

    http://www.youtube.com/watch?v=SvfvX9Py5is

    Pani Otrząsek (pas de panique - à prononcer : o-tchon-sec), notre « miss du mess scolaire », entrait dans la phase terminale et triomphale du brunissement des lardons en vue de leur épandage copieux et imminent sur ses « ruskie pierogi » - les « ravioles russes » à la farce délicieuse, composée de fromage blanc (comme « feta ») mélangé à des pommes de terre écrasées et à des oignons roussis.

    C'était une veuve, une Silésienne d'une cinquantaine d'années - ronde et souriante - qui en s'agitant à ses taches cuisinières, chantait à tue tête des airs d'opéras connus...

    http://www.youtube.com/watch?v=q4sONjSaHWA

    Une sono ambulante et ambiante en quelque sorte...

    La devise des vraies Silésiennes dans le domaine culinaire était que « personne ne quittera la table tant qu'une dernière miette de repas se trouvait encore dans les environs proches de l'assiette », et « lorsqu'il y en avait pour deux, il y en avait pour quatre, et lorsqu'il n'y avait pas pour cinq, il n'y avait pas pour huit! »

    « Une modeste famille nombreuse silésienne se tient à table.

    Les huit gosses chahutent en se canardant de cuillérées de purée, en lançant des flocons de chou rouge et des déchets de leur viande...

    Leur père, sans rien dire, ramasse et mange inlassablement, miette par miette, les projectiles tombés sur la surface plane de la table...

    A la fin du repas, lorsque leur géniteur s'était enfuit afin de piquer une sieste, l'aîné fait cette remarque à sa mère :

    - Tu vois maman, avec toute cette nourriture dispersée sur la table, si on n'avait pas notre père, on pourrait facilement élever un cochon ! ».

    Ne faisant rien à moitié, elle en confectionnait même beaucoup plus que pour les 150 estomacs prévus - estomacs réduits aux dimensions d'un raisin sec - des ses « abonnés » habituels, qui s'en « empiffraient » régulièrement, en en prévoyant également pour tous les occasionnels comme moi - ceux qui « par l'odeur alléchés »...

    Chaque assiette comptait en moyenne huit pièces de « pierogi »,

    pierogi 2

    de la taille d'un coussinet à épingles et aiguilles, nappés de saindoux bien chaud et de cinq « dés » de lardons cramés...

    Une merveille...

    Et bien sûr, pour pouvoir satisfaire tout le monde, elle faisait ces quelques 600 « ravioles » et plus... entièrement "à la main" en commençant ainsi sa journée vers 4 heures du matin déjà, et cela sans jamais être pour autant rémunérée ...

    En oubliant momentanément nos « plats » en cours... et de biologie, nous nous ruions au mess parfumé où chacun y engloutissait, avec le plus grand appétit, une dizaine de « pierogi ».

    Bien sûr, sans un "rond" en poche...

    Ensuite, rassasiés et calmés, nous retournions dans notre labo afin de continuer à disséquer des ténias de cheval,

    (pas de photo ! C'est laid...)

    ce qui était prévu lors de cet « atelier biologique » de 6 heures...

     

    La petite posture ronde et à la démarche dynamique, coiffée d'un chapeau farfelu « à la femme fatale » tirée d'un vaudeville d'avant guerre (au moins les deux...),

    kapelusz 2

    toujours agrippée à sa « parasolka » fidèle et follement multicolore (version féminine de « parasol » - parapluie mâle) faisait incontestablement  partie de notre paysage...

     Tous les après midi, Madame Otrząsek partait en « croisade »...

    Croisade qui consistait au repérage des divers coins « en vogue » groupant les jeunes...

    Comme notre « Santos », ce bistro immonde (actuellement remplacé par un restaurant « Chata Wiejska ») du genre « honky tonk » de quartier  « Koszutka ».

    Elle s'y faufilait sans aucune gêne et en slalomant adroitement entre les troupeaux de jeunes « bovidés » y glandant lascivement,  elle brandissait sa « parasolka » (jouant le rôle de l'extension de son index) en la pointant

    PALEC-BOZY 2-

    sur l'un ou l'autre « redevable d'un repas de jadis », et en vociférant par « tous les noms »... de famille, et en dialecte silésien : - Poć no tukej ! Kiedy mi dosz 10 złotych za obiod !

    „Viens ici immédiatement ! Dis, c'est quand que tu me paieras les 10 zlotys pour le repas ?"

    skarbonka 2

     


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