• Pologne: Colons nuisants

    COLONS NUISANTS


     Au travers des nombreux cours de Pédagogie, la Philologie Russe nous préparait également à la profession d'enseignant.

     Ainsi, chaque année, pendant les vacances académiques, il fallait que nous effectuions un mois de « stage pratique de pédagogie » en tant qu'éducateur dans une colonie de vacances ou un camp de jeunesse...

    pingwinki2

     

     Ce travail, pareillement à celui presté dans une usine, était aussi piètrement rémunéré, alors que, comme dans tous les cas semblables, les « professionnels » se reposaient royalement en se prélassant impunément par devant notre présence afférée.

    belle vie 2

    http://www.youtube.com/watch?v=p7a62QEVdCA&feature=related

     Je suis partie dans le Jura Krakowsko-Częstochowska pour accompagner un groupe de 87 enfants issus de familles démunies travaillant dans une entreprise alimentaire (mon cher Watson...) polonaise connue, appelée... Hmm... Disons - « Tous Ensemble » - si on veut, - et employant plusieurs milliers de personnes...

    Dès notre installation dans l'autobus

    ikarus

    car difficilement appelable un « autocar », je pressentais que la « transmission de l'éducation » s'avérerait plus que douloureuse...

     Hormis un Grand Intendant Ravitailleur Mobile, une Infirmière Dispensaire et deux Cuisinières Sachant Cuisiner - la troisième, en fonte et munie de cinq becs de gaz, faisait déjà partie de l'équipement mobilier de la cuisine

    kuchenka gazowa2

    - il y avait également un « Sprytny » (futé) Directeur Colonisateur de Ces Lieux suivi de près de son Epouse Moyennement Fidèle Cependant Dévouée et deux... ses deux ? A lui ? ... filles Frêles et Boudant exerçant la fonction « d'éducatristes ».

    Remarque : La deuxième « aide cuisinière » y vivait les rares occasions journalières de se laver (enfin !) les mains « ensemble avec la vaisselle »... (Je sais : c'est « pagnolesque »...) 

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     Il n'a pas fallu longtemps pour que nous, les « autres », les « hors la famille », les « chats de gouttières », remarquions le but essentiel des agissements collectifs et toutefois clairement frauduleux de ces complices issus de la même cellule familiale...

    Leur devise, pourtant vieille comme le monde, était :

    « En deux mois de vacances - vivre dans l'opulence... »

    Et, surtout :

    « En absence de contrôle - se faire un pactole... »

    http://www.youtube.com/watch?v=3jVc8coAUhc&feature=related

    Ainsi, au lieu de 30 litres de  crème fraîche destinés à napper les « truskawki », les fraises du dessert de ces gosses, le Grand Chef n'en achetait réellement (et auprès « son » agriculteur local) que quinze, et afin de la rendre onctueuse et surtout bien épaisse, il y rajoutait, « en personne », un ou deux kilos de farine bien blanche et quelques litres d'eau...

    Parfois cela marchait - les estomacs des enfants ne se rebellaient trop...

    D'autres fois... Eh oui... il a tout de même fallu en transporter quelques uns aux urgences d'un hôpital situé, heureusement, près de l'établissement scolaire abritant la colonie...

     Alors que « tout le monde » - nous - se gavait de la quotidienne « potée maison » dont la composition restait aussi discrète et mystérieuse qu'austère, et de tartines à l'éternelle confiture et/ou marmelade, ravagées par des troupeaux de guêpes en folie, - cette « famille dominante » s'empiffrait avec des plats fins et fortement différents, cependant communément prévus dans le même menu du jour et... surtout soigneusement recensés dans les registres de la caisse mise à cet effet, par le service social de l'entreprise « Tous Ensemble ». 

    ksiegowosc2

    (« "Przyszła żaba do fotografa" - une grenouille rentre chez un photographe...

    - Aaanjoouuur ! Jeee vouudrâââî une photo mais cooomme j'aaai « baaardzo szerokieee ustaaa » - la bouche trèèèès lââârge, je voudrai y paraaaaître aaavec une bouche trèèès fine !

    zaba szerokoustna2

    - C'est tout simple, chère madame : à mon signal, vous prononcerez le mot « confiture » (-cnfitiur-), d'accord ? Vous êtes prête ? Allez-yyyy !!! - crie le photographe

    - Maaarmeeeelâââde... »

    Visiblement, la plupart des enfants participants menaient une vie dure pendant l'année scolaire en ne côtoyant sous leur toit que des nombreux « tontons » changeant fréquemment et, en course permanente après les « rosettes avenantes et disponibles à tout venant » de leurs mères.

    Il y avaient, entre autres, deux fillettes, deux sœurs de 8 ans qui, pendant une semaine entière n'osaient pas se mettre en pyjama parce que leur petite valise commune ne contenait que des déshabillés « nausées-osés-olé-laids » de leur mère,  - soit de la lingerie féminine, en tulle et dentelles, aux couleurs paralysant instantanément toute rétine d'un humain normalement constitué... 

    déshabillé2

    Ou un petit garçon, qui ne voulait ni se laver, ni nous adresser la parole...

    Etant régulièrement « corrigé » par un « tonton testostéroneux » à l'aide d'une fiche de fer à repasser, son dos maigrichon ressemblait à une large plaie infectée...

    **** 

    Petit à petit, les enfants apprenaient à se prendre en charge et avoir confiance en eux...

    (La famille aussi...)

    Ils se lavaient gaiement et aux éclats de rires.

    (La famille présentait le rire jaune...)

    Ils ne faisaient plus pipi au lit...

    (La famille, si...)

    Ils n'avaient plus peur du « noir »...

    Ils étaient simplement épanouis...

    (Contrairement à la famille...)

    Grâce au petit jeu au « szop-pracz »

    szop pracz2

    - au raton laveur (inventé sur place) - le soir, ils faisaient quotidiennement leur petite lessive.

    Ils avaient même l'air d'oublier qu'après l'école, ils devaient se disperser dans les terrils silésiens tout proches, à la recherche de bouteilles vides, en vue de les vendre à un marchand « spécialisé »... et apporter le pognon, - « co do grosza » - jusqu'à dernier sou,  obtenu, à l'un ou l'autre « tonton spongieux » à la soif excessive et difficilement « désaltérable »...

    Avec le Grand Intendant Ravitailleur Mobile, Janek et l'Infirmière Dispensaire, Danusia, à trois et face aux sévices de cette famille, nous ne pouvions tout de même pas intervenir que verbalement...

    Pas de téléphone sur place (ni ailleurs...) - pas de « Sanepid » - Stacja Sanitarno-Epidemiologiczna (AFSCA) !

    Pas de rémunérations pour mes deux complices rebelles !

    Ni mes « cacahuètes »

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    pour ma poche estudiantine toujours vide et dégonflée comme une vieille chambre à air...

    Et, avant tout, le rapport du Directeur relatif à mon stage pédagogique s'avérerait plus que minable...

    Cependant, il y avait un menu détail que cette meute de  « colonisateurs » ignoraient profondément...

    C'est que le fils unique du directeur principal de la firme « Tous Ensemble » (et par la même occasion le premier secrétaire du parti - aïe, aïe, aïe !) en faisait également partie...

    Modestement.

    Et, ce fut grâce à ce petit bonhomme que nous pûmes alors obtenir (enfin !) un entretien avec son Illustre Père « Nettoyeur », suivi de :

    • a. notre pognon prévu pour la prestation et augmenté d'une « prime circonstancielle »;
    • b. un excellant rapport de stage;
    • c. une référence pour trouver au futur le même travail cependant « payé à 100% » ;
    • d. et enfin, l'écartement de la famille de toute fonction pédagogique, suivi d'une amende « à valeur lourdement ajoutée »...

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