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Pologne: Ambrophiles
Par pouleastucieuse dans Une jeunesse, dorée et assez paisible, en Pologne terriblement troublée et plutôt rouge... Elle... le 3 Janvier 2011 à 21:11AMBROPHILES
Le minuscule hameau de sept maisons, à Siekierki, était notre nouvel endroit choisi en vue d'y passer nos deux mois de vacances d'été.
http://www.youtube.com/watch?v=mzNEgcqWDG4
Il était situé près de Krynica Morska, à 60 km. de Gdańsk, sur la fine lamelle de terre (quatre kilomètres de large) de la Presqu'île de la Vistule au-delà de la Lagune de la Vistule (également appelée Lagune de Kaliningrad) - une baie d'eau douce remplie... d'eau douce et d'anguilles de la taille de boas constrictors...
Le micro climat doux y était propice à la surpopulation des moustiques, redoutablement audacieux et crapuleusement voraces, ainsi que de toute vermine rampante, cavalant et glandant, comme les perce-oreilles, -« szczypawki » (chtchipavki)...
http://www.youtube.com/watch?v=-GiD6XBsc2M
Après avoir péniblement traversé, en diagonale, toute la Pologne, du Sud-Ouest vers l'autre extrémité du Nord-Est, nous y arrivâmes.
Le crépuscule était déjà bien avancé...
A une période de la journée où tout peut se passer...
Dans une pénombre « de plus en plus complète », nous nous aperçûmes que la maison-ferme accueillante notre séjour estival était plutôt curieusement placée au centre de trois gigantesques terrains de cultures agricoles (cercle externe : les pommes de terre, au milieu : quelques arbres fruitiers, près de la maison - sous l'oeil vigilent : un potager) - le tout robustement clôturé par trois palissades d'une hauteur de 3 mètres environ...
Quasi identiques à celles du village où la population locale et affolée craignait un dénommé King Kong.
?!
(Aucune explication...)
Lors de notre droppage tardif (l'arrivée prévue pour cette date par le courrier) au sein de cette famille « d'accueil », l'ambiance s'y avérait manifestement glauque et ombrageuse : tout en harmonie avec les diverses bestioles s'en donnant à coeur joie et l'estomac vide pour nous becter...
Illico.
Et presto, aussi...
Il s'agissait d'une famille d'Ukrainiens polonais ou Polonais ukrainiens (si on préfère - même eux, ils n'en savaient pas plus, non plus...), installée sur place un peu à l'insu de leur « demi gré », depuis la fin de la seconde guerre.
Ils avaient l'air d'être un peu rustres et avant tout très « rustrophones » car ils ne s'exprimaient (si on peut dire !) que dans un patois semi piteux, basé sur la répétition syllabique (à la prononciation gutturale et grognant), composé de mots d'origine « russo-polono-cachoubo-prussiano-et-Dieu-sait-quoi-encore », - conjugués et déclinés spontanément et par rapport à leur engagement personnel lors de l'entretien en cours.
Ils étaient certainement si peu loquaces parce que, visiblement, toutes les bestioles volantes et affamées se forçaient pour les mater et les rendre insectivores...
Quant à la « chambre d'ambre » qui nous avait été attribuée...
Cinquante-cinq mètres carrés pour quatre personnes...
(Lilusia était avec nous.)
Certes, notre appart', après tout, ne comptait que 48 m2, mais cependant il était décemment cloi-son-né !
Dans celle-ci, il ne nous manquait qu'un trône... de WC pour un confort idéalement correct.
Mais en cette période délicieuse de vacances, nous ne nous apitoyions surtout pas pour autant.
Le lendemain...
Un rugissement long et sonore : « âââââ-ouuuuuu-haaaa » terminé par un bref « wouaaafff' », suivi d'un jet de liquide se déversant dans un récipient métallique (suggérant de l'urine dans un seau...), nous avait fait découvrir qu'un « lion » logeait probablement tout près de nous.
Pan Leszek, un mâle d'une quarantaine d'années.
« L'homme bronzé et ombrageux » - au bronzage soutenu d'au moins deux semaines avait fait une irruption sur notre petite terrasse commune...
A notre vue commune, les deux « fi-filles à l'âge batifolable », pan Leszek s'était empressé pour nous expliquer en « deux mots », le « néant » (connu récemment) de son état civil : d'un homme libre et disponible, largement ouvert, comme la Baltique, vers le monde extérieur...
Après une rapide organisation logistiquement nécessaire, du genre « qui faisait quoi, avec qui, où et à quel moment » - cependant tous ensemble, nous nous sommes précipités vers la plage située à trois kilomètres environ de notre logement.
Non, ce n'était pas une graaande distance, mais il eut encore fallut y parvenir...
Vivant et entier !
Les consignes de nos hôtes étaient strictes : faites ce que bon vous semble, mais...
Mais, à chaque passage dans un « enclos », il fallait soigneusement fermer la porte...
En quittant cette maison, il y avait donc quatre grilles « à ouverture - fermeture ».
Huit manipulations musclées en tout... et tout en s'arrachant les doigts...
Ensuite, il fallait traverser, par un minuscule sentier, un bois feuillu, humide et plein de vieilles racines d'arbres et « wykroty » - des fosses immenses.
C'était là que j'ai aperçu ma première "vipère" !
« Miedzianka » - Anguis fragilis - cette espèce d'orvet roux, un lézard apode (apode satanas !) souvent confondu avec un serpent ou un câble de haute tension.
Inoffensif, paraît-il, mais encore fallait-il qu'il le sache, lui !
Autant le contourner sans lui poser la question, mais quelle sensation !
Pan Leszek s'était même courageusement interposé entre le « câble » roux en reptation et nous, les femmes au trot et en hurlements aigus.
Et nous voilà, arrivées sur une route asphaltée - La Gdańska - longue de 60 kilomètres, reliant la ville de Gdańsk à la frontière « russtre ».
Cette « route stratégique » - construite avant guerre par les Allemands et adaptée au passage de chars, - sinuant expressément entre les vieux chênes afin d'éviter le repérage et le bombardement lors de raids aériens.
A sept kilomètres de là, vers l'ouest, en direction de Gdańsk, en 1940-1941, se trouvait un camp allemand destiné à y emprisonner et exécuter l'intelligentsia polonaise, peu commode à l'époque : Sztutowo - Stutthof.
De l'autre côté de la chaussée, « szosa », le sable jaune et la présence accrue d'immenses pins parasols laissaient pressentir la proximité de la mer de Baltique.
http://www.youtube.com/watch?v=NYiMyoFtzRw
Tout en contemplant ce beau paysage, je me suis rendue compte que j'était « visitée ».
Certes, j'étais envahie par la beauté de tout ce qui m'entourait, mais surtout, par mille et une fourmis rousses au venin à fort dosage d'acide formique et aux abdomens ronds comme le planétarium de Moscou, - fourmis, qui, en un seul instant s'étaient absolument toutes retrouvées sur mon corps dénudé et arborant avec peine un accoutrement vestimentaire plutôt minimaliste - leur facilitant ainsi la tache pour me « goûter » de près.
Ainsi, avait-il fallu faire les derniers 400 mètres, dans le sable, au grand galop.
Hâte, hâte, hâte !
Mais le pire... pour aujourd'hui...
C'est qu'en revenant, vers 19 heures, d'autres êtres vivants prenaient possession de ces forêts tout en servant d'accélérateur pour nos pas.
Les sangliers.
Une véritable meute de sangliers prêts à tout pour nous dissuader de nous y promener, vivant cette période redoutablement dangereuse de leur vie... et de la nôtre : le sevrage de leurs petits - déjà grands.
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